L’ancien gardien des Verts affirme que l’EN dispose de deux bons portiers pouvant mener l’équipe aux 1/8 de finale de la Coupe du monde.
Pour lui, que ce soit Gaouaoui ou Chaouchi, ils ne doivent pas être impressionnés par les stars de l’équipe d’Angleterre. Tout en reconnaissant qu’il n’y a pas d’adversaire faible en Coupe du monde, celui qu’on surnommait le «Chat» estime que la qualification pour le deuxième tour est jouable et cela malgré la présence des équipes des USA, d’Angleterre et à un degré moindre de Slovénie.
Il pense que le premier match est déterminant dans ce genre de compétition et c’est pour cela qu’il affirme que les équipiers de Ziani ne doivent pas rater le premier rendez-vous face aux Slovènes. Au sujet d’un éventuel exploit devant la bande de Capello, Cerbah avoue que l’Algérie peut réussir un bon résultat, comme l’avait fait l’équipe nationale en 1982 face à l’Allemagne. En coupe de la CAF, il estime que les joueurs ne seront pas concentrés à 100% en Angola, mais il ajoute qu’ils doivent défendre crânement leurs chances pour non seulement tenter de remporter le trophée africain, mais aussi pour avertir leurs futurs adversaires en Afrique du Sud. Cerbah revient aussi sur son départ de la JSK et sur sa non-convocation pour le Mondial de 86 au Mexique. Ecoutons-le.
Quelle appréciation avez-vous sur le groupe de l’équipe nationale en coupe du Monde ?
Il faut faire une bonne préparation, car en coupe du Monde, il n’y a pas d’équipes faciles. J’estime que la prochaine coupe d’Afrique sera une occasion pour bien préparer le Mondial. Il faut que l’EN fasse un bon parcours en Afrique du Sud et qu’elle confirme sa bonne santé. Elle aura affaire au football anglo-saxon qui, faut-il le dire, n’est pas notre rayon. On doit travailler le volet physique, vu qu’on sait maintenant à qui on a affaire.
Que pensez-vous de l’équipe d’Angleterre, le deuxième adversaire de l’EN en Afrique du Sud ?
L’Angleterre est connue sur la scène internationale. C’est une nation de football et elle revient en force cette année. Elle a réalisé un parcours plus qu’honorable lors des éliminatoires de la coupe du Monde, mais cela ne devra pas nous empêcher de faire jeu égal avec elle en Afrique du Sud.
Quel est votre jugement sur l’équipe des USA ?
L’équipe des USA est la plus dangereuse. C’est une équipe très physique et elle ne sera pas facile à manier. Elle a damé le pion à ses adversaires lors des éliminatoires de la Concacaf et il faut la prendre très au sérieux. Je pense que même la Slovénie est un adversaire coriace et le fait qu’elle a arraché son billet qualificatif pour le Mondial devant la Russie prouve, si besoin est, que cette équipe n’est pas là par hasard.
Le fait de débuter la coupe du Monde contre la Slovénie, est-ce que c’est une bonne chose pour les Verts ?
Détrompez-vous, il n’y a pas d’équipes faibles au Mondial. L’important est de bien débuter cette compétition. La Slovénie est redoutable et on ne doit pas la sous-estimer.
Ne croyez-vous pas que la victoire lors du premier match au Mondial est importante pour aspirer à une qualification pour le deuxième tour ?
Bien sûr, j’estime que c’est plus qu’indispensable de réussir le premier match dans ce genre de compétition. Il n’y a pas de match facile et il faut bien préparer ce rendez-vous.
En 82, vous aviez créé l’exploit en battant la grande équipe d’Allemagne, est-ce que l’équipe actuelle est en mesure de créer la même sensation en gagnant par exemple face à l’Angleterre ?
En 82, on avait affronté pas mal de bonnes équipes lors des éliminatoires de la coupe du Monde.
On connaissait nos adversaires et on s’était bien préparés pour le Mondial espagnol. L’équipe actuelle possède un bon groupe et elle a beaucoup de motivation et, à mon avis, elle est capable de réaliser un bon parcours en Afrique du Sud.
Certains joueurs de l’Allemagne, à l’époque, avaient fait des déclarations complaisantes sur l’équipe algérienne. L’un d’eux a affirmé, par exemple, qu’il dédiera son 6e but à sa femme, alors qu’un autre avait déclaré qu’il jouera en costume…
Ils faisaient dans la publicité, mais ils s’étaient vite rendu compte qu’ils s’étaient trompés sur la valeur de l’Algérie. On leur avait montré qu’un match de football se gagnait sur le terrain et non pas avec des déclarations minimisant la qualité de son vis-à-vis.
Sincèrement, est-ce que ces déclarations n’avaient pas joué sur le moral de vos équipiers ?
Vous savez, il n’y avait pas des medias comme maintenant et on n’était même pas au courant de ce que disaient les joueurs allemands. On s’était retirés dans un endroit inaccessible et on s’était concentrés uniquement sur notre préparation.
Vous n’aviez encaissé qu’un seul but devant des attaquants redoutables tels que Littbarski, Karl-Heinz Rummenigge, mais vous aviez pris deux buts face à l’Autriche et le Chili…
On avait fait un grand match devant l’Allemagne, mais il y avait une déconcentration de notre part par la suite. Ce genre de compétition se gère match par match et il ne faut pas oublier qu’il y avait des remous dans le groupe face au Chili. Chaque rencontre diffère d’une autre et ce qui compte c’est de penser à l’avenir et d’oublier ce qui s’est passé en 82.
On dit que dans le football moderne, un gardien de but doit posséder un bon gabarit, mais vous vous étiez de petite taille et malgré ça, vous étiez un excellent gardien, qu’avez-vous à dire ?
Le plus important pour un gardien de but, est d’avoir la classe. Les gens disent qu’un gardien doit avoir un bon gabarit, mais cela n’est pas vrai. Ce qui compte c’est qu’il doit être courageux et qu’il garde son sang-froid à toute épreuve.
Vous qui aviez déjà affronté les stars de la RFA, quels conseils donnez-vous aux gardiens de l’équipe nationale, lesquels joueront contre les stars de l’équipe anglaise lors de la deuxième rencontre de la coupe du Monde ?
Il faut qu’ils se préparent psychologiquement pour le prochain Mondial. Le visionnage des adversaires doit débuter dès maintenant, pour permettre non seulement aux gardiens, mais aussi aux autres joueurs, d’avoir une idée précise sur chacun de leurs adversaires. Ils doivent avoir un esprit de combattants et ne pas être impressionnés par les attaquants adverses.
Pouvez-vous nous dire le montant de la prime que vous aviez touché après votre éclatante victoire devant l’équipe d’Allemagne au Mondial 82 ?
La récompense est dans un coffre-fort et elle est précieusement gardée (rire). Je ne vous la divulguerai pas, sinon les gens vont rire sur nous. On n’avait pas fait de calcul et on se donnait à fond pour l’équipe nationale, car ce qui comptait pour nous, c’était les couleurs du pays. Si c’était à refaire, je me donnerai avec la même abnégation pour l’EN.
Si vous aviez les moyens que les joueurs actuels, vous auriez accompli des merveilles, n’est-ce pas ?
Il faut qu’on arrête de faire des comparaisons. Les joueurs actuels, ont de la chance et on leur souhaite pleins de succès. On avait défendu les couleurs de l’EN corps et âme et on est fiers de l’avoir fait. Je tiens à rendre hommage à l’ancien ministre de la Jeunesse et des Sports Yahia Guidoum, lequel avait intégré certains anciens au MJS. Son geste l’honore et il n’avait pas oublié ceux qui avaient servi l’équipe nationale, surtout ceux qui étaient dans le besoin.
L gardien Fawzi Chaouchi a réalisé une excellente prestation à Khartoum, que pensez-vous de lui ?
C’est un bon gardien et j’estime qu’il a tout l’avenir devant lui. Il a montré de belles choses lors du match d’appui de la coupe du Monde disputé au Soudan face à l’Egypte.
Chaouchi a été contacté par l’Olympique de Marseille, mais il veut terminer la saison avec l’ESS avant de décrocher un contrat professionnel…
Que voulez-vous que je vous dise, c’est à lui de gérer sa carrière et c’est lui qui sait ce qui lui convient.
Lounès Gaouaoui a disputé toutes les rencontres des éliminatoires jumelées de la CAN et de la coupe du Monde, à l’exception du match de Khartoum, que pensez-vous de lui ?
C’est un bon gardien. Il a du talent et il a acquis une grande expérience. Je dirai que c’est une belle chose que l’EN dispose de deux bons gardiens.
Mais ce sera difficile pour le sélectionneur national Rabah Saâdane de choisir entre Chaouchi et Gaouaoui…
Il fera jouer le plus en forme. C’est la forme du moment qui prime et cela lui permettra d’avoir l’embarras du choix.
L’EN a toujours disposé de bons gardiens, comment expliquez-vous cela ?
Même durant les années 70, il y avait de bons gardiens en équipe nationale et ils avaient réalisé de belles prestations en compétitions africaines. Je pense que les choses ont changé ces dernières années, car avant, il y avait des gardiens qui avaient du talent, mais maintenant, on doit faire appel à des entraîneurs de gardiens ayant fait leurs preuves sur le terrain et qui ont de l’expérience.
Actuellement, vous êtes l’entraîneur des gardiens de l’équipe El Sadd Al Qatari, êtes-vous prêt à rentrer au pays pour travailler en Algérie ?
Pourquoi pas, on espère bien travailler en Algérie, car il n’y a pas mieux que chez soi. Mais vous savez comment fonctionne notre football, c’est ceux qui vendent les navets et les carottes au marché qui le gèrent et je pense qu’il est temps qu’ils laissent les gens du métier s’occuper du football et eux doivent retourner au marché pour s’occuper de leurs navets et de leurs carottes.
J’entraîne l’équipe d’El Sadd Al Qatari et je forme des gardiens pour les différentes sélections du Qatar. Je n’ai jamais demandé l’aumône à qui que ce soit et je gagne ma vie avec la sueur de mon front.
Quel est votre meilleur souvenir avec l’EN ?
J’ai participé à pas mal de matches en coupe d’Afrique, mais je dirai que la coupe du Monde de 82, disputée en Espagne, reste pour moi le meilleur souvenir avec l’équipe nationale.
Et quel est votre plus mauvais souvenir avec les Verts ?
Sincèrement, je n’en garde que de bons souvenirs. Je n’ai aucun mauvais souvenir, car le football m’a permis de voyager et de connaître des gens.
Pourquoi vous n’aviez pas pris part au Mondial de 86 qui s’est déroulé au Mexique ?
Il y avait des gens qui m’avaient fait beaucoup de mal, mais je respecte leur choix. Je ne vois pas l’utilité à ce que je règle mes comptes via la presse 23 ans après. J’ai arrêté avec l’équipe nationale juste après la coupe d’Afrique jouée en Egypte. J’ai participé aux éliminatoires de la coupe du Monde, malheureusement, on ne m’avait pas sélectionné pour le Mondial.
Votre non-convocation pour la coupe du Monde vous avait fait mal n’est-ce pas ?
Bien sûr, il y avait un gardien avec moi, mais je dois vous dire que j’ai participé aux éliminatoires. Ça m’avait fait mal et je méritais mieux. Mais bon, je ne veux pas trop m’étaler sur cette histoire.
Votre ancien équipier en équipe nationale, Chaâbane Merzekane nous a déclaré dernièrement, qu’il faut faire confiance au même groupe et qu’il ne faut pas refaire les erreurs de 86, en convoquant certains éléments à la phase finale de la coupe du Monde, à la place de ceux qui ont participé aux éliminatoires…
Il a totalement raison. Il faut faire confiance au groupe actuel, car il y a des joueurs qui ont souffert lors des éliminatoires et ça serait injuste de les écarter au prochain Mondial. C’est vrai que l’être humain est vulnérable, mais il faut être responsable et je ne pense pas que les responsables de la fédération commettront les erreurs de 86.
On spécule depuis plusieurs jours sur l’éventuel renforcement de l’effectif national par Lacen ; que préconisez-vous en tant qu’ancien gardien de l’équipe nationale ?
Je l’ai vu jouer une fois et je pense que c’est au sélectionneur national et aux responsables de la FAF de trancher sur sa venue ou pas en EN. Si l’équipe a besoin de lui, je ne vois pas pourquoi, on ne le convoque pas.
Si on vous demande votre avis sur le groupe de l’Algérie en coupe du Monde, que diriez-vous sur cette compétition ?
La coupe d’Afrique est une compétition différente à celle de la coupe du Monde. Les joueurs ne seront pas concentrés à 100% et l’entraîneur va certainement saisir l’occasion pour faire tourner son effectif. Je pense qu’on doit faire une bonne CAN en Angola.
Certains pensent que l’EN a les moyens de remporter la CAN…
Pourquoi pas, il faut se battre et défendre crânement ses chances. L’EN a montré de belles choses jusqu’à maintenant et elle peut encore procurer beaucoup de joie au peuple algérien.
En cas de qualification aux ¼ de finale, l’EN tombera soit sur le Ghana ou la Côte d’Ivoire, ce ne sera pas une mince affaire…
La Côte d’Ivoire et le Ghana sont deux mondialistes et c’est une belle chose d’affronter l’une des deux équipes avant de se rendre en Afrique du Sud. La CAN sera en quelque sorte une préparation pour le Mondial.
Vous aviez porté le maillot de la JSK pendant plusieurs années avant de quitter ce club mythique ; vous auriez certainement aimé finir votre carrière à Tizi Ouzou…
J’ai rejoint la JSK en 1972 et je ne l’ai quittée qu’en 82. Je fais partie de ceux qui ont permis à ce club de prendre de l’ampleur. Je me suis battu pour que la JSK devienne ce qu’elle est. On a remporté plusieurs titres et je dois vous dire que c’est grâce à la formation kabyle que j’ai mis en relief mon talent. J’aurais aimé, bien sûr, terminer ma carrière avec ce club avec lequel j’ai disputé 474 rencontres.
Vous fûtes éloigné de l’équipe pour un écart disciplinaire, n’est-ce pas ?
Non, ce n’était pas pour un écart disciplinaire. Il y avait une sorte d’incompatibilité d’humeur avec les responsables et dans ce cas, il fallait trancher soit en claquant la porte ou bien rester tout en courbant l’échine. Moi, pour ne léser personne, j’avais préféré partir.
Vous aviez eu sûrement des regrets par la suite…
Dans la vie, il ne faut rien regretter. Tout est question de destinée, car par exemple si vous montez dans un train pour aller à une destination bien précise, vous pourrez descendre dans une autre gare que celle où vous vouliez vous rendre.
Quel était votre dernier match sous le maillot de la JSK ?
C’était à Mascara. On avait fait match nul et l’équipe jouait le titre.
Après votre départ de la JSK, vous aviez rejoint le RCK avant de terminer votre carrière au Canada…
Effectivement, après avoir été forcé de quitter la JSK, j’avais opté pour le RCK avec lequel j’avais joué pendant 4 ans. Ensuite, j’avais rejoint le Canada pour évoluer au Monic de Montréal.
Pourquoi aviez-vous choisi le Canada qui n’était pas une terre de football ?
C’était une opportunité et à l’époque, il faut reconnaître, c’était difficile pour un gardien de but de décrocher un contrat en Europe. J’avais 29 ans et je ne pouvais pas faire l’impasse sur l’occasion. J’ai joué pendant une saison et demie pour le Monic de Montréal avant de tirer ma révérence.
N. B.