Centre opérationnel du ministère de l’Interieur: «Aucune concession» en matière de sécurité

Centre opérationnel du ministère de l’Interieur: «Aucune concession» en matière de sécurité

Yazid Alilat

Centre opérationnel du ministère de l’Interieur: «Aucune concession» en matière de sécurité
Le phénomène de la migration «a pris de l’ampleur, et il y a une évolution très importante», a estimé, hier, lundi le responsable de la question migratoire au ministère de l’Intérieur. M. Hassen Kacimi, directeur coordonateur du Centre opérationnel au ministère de l’Intérieur a expliqué, dans une intervention à la Radio nationale que «par rapport à l’année dernière, la pression migratoire est moins importante, mais elle existe toujours.» Il fait état de pressions des Européens sur cette question migratoire sur les pays de transit, comme l’Algérie. Il a souligné que «les Européens ont des préoccupations, notre pays aussi et nous essayons de le prendre en charge ce phénomène que l’on peut réguler». A la dernière conférence sur la migration de Marrakech, notre ministre a mis l’accent sur le pacte migratoire mondial, qui développe une approche humanitaire très importante.
On a mis l’accent sur l’approche humaine, et l’Algérie a inscrit son action dans le respect des conventions internationales, du respect des droits des migrants, mais malheureusement sur ce dossier, il n’y a pas un consensus international», estime M. Kacimi, selon qui «le phénomène migratoire est en train d’évoluer de manière différente de celui que nous avons vécu par le passé.» Il a relevé que «les flux migratoires sont en train d’évoluer de manière interne en Afrique, c’est-à-dire en direction de l’Algérie, et les enjeux sont que l’Algérie est en face de pays émetteurs de migrants (Mali, Tchad, Niger, …), alors que faut-il faire?» «Le pacte de Marrakech met en place des mécanismes pour faire face à ces enjeux. C’est une problématique humanitaire et sécuritaire, aussi. On doit mettre en place un équilibre qui ne puisse pas rendre ces deux aspects contradictoires, c’est-à-dire les enjeux sécuritaires et humanitaires», affirme le représentant du ministère de l’Intérieur, qui prévient que «la migration ne doit, absolument pas, entrer en contradiction avec la sécurité.

Ce sont des enjeux auxquels on doit faire face.» Il rappelle qu’ «il y a des gens qui nous reprochent d’adopter une approche sécuritaire, mais la première des choses est que l’Etat doit assurer l’intégrité du territoire, et c’est une mission à laquelle veillent tous les Etats.» Sur les attaques contre l’Algérie sur ce dossier de la migration, il a expliqué qu’à Marrakech, «le ministre a mis en évidence l’instrumentalisation de la question migratoire: l’Algérie refuse que la question migratoire soit sous-traitée, on refuse certaines propositions comme la délocalisation des plates-formes migratoires dans notre pays, et on a proposé des solutions au niveau régional et international dans le cadre de la coopération.»

Prié de s’expliquer sur la sous-traitance de la migration, M. Kacimi a indiqué que : «les plates-formes migratoires, c’est comme le marché des esclaves, ils prennent les meilleurs et nous refilent le reste. Cela ne permet pas de régler le problème au Sahel où on assiste à des défis très importants. On n’a pas cessé de tirer la sonnette d’alarme auprès des Organisations sur ces défis.»

Par ailleurs, sur le dossier des migrants arabes qui arrivent en Algérie, le représentant du ministère de l’Intérieur a expliqué que «la migration arabe est un phénomène nouveau, et il y a beaucoup d’instrumentalisation» sur ce dossier des migrants arabes». M. Kacimi a reconnu qu’ «il y a une arrivée importante de migrants arabes de zones de conflits, de zones de combat (Syrie, Yémen, Palestine).» «Ce qui nous inquiète, c’est qu’ils prennent des routes migratoires des terroristes, avec les risques d’infiltration de réseaux djihadistes.» «Nos services de l’ANP, de la gendarmerie nationale interceptent, sur le réseau routier particulièrement, des migrants venant du Sahel, d’anciens soldats qui remontent sur le territoire national. Le redéploiement de ces soldats de zones de conflits et de zones de guerre sur le territoire national est une préoccupation, elle est une menace, on doit y faire face.»

Harraga: Un départ de plus, une mort de plus

«Sur cette question, nous n’accepterons pas que ce dossier soit instrumentalisé, celui qui veut entrer en Algérie de manière légale, il est le bienvenu, mais celui qui utilise des circuits informels et des circuits qui sont connus pour être le refuge de la subversion et du terrorisme, nous y ferons face par des moyens légaux», a-t-il averti. Il a ajouté que «sur cette question, je ne veux pas qu’on donne aux pouvoirs publics des leçons de patriotisme, on n’accepte pas que certaines parties servant certains intérêts viennent nous demander d’ouvrir nos frontières pour installer le désordre et le chaos dans le pays.»

En fait, il a rappelé qu’en matière de «sécurité du territoire, il n’y a pas de concession.» Il a d’autre part souligné que : «la convention de Marrakech ne met pas suffisamment de distinction entre migration régulière et irrégulière, il s’agit de deux concepts importants, il appartient à l’Etat de définir qui est régulier et qui ne l’est pas, nous avons dit qu’il appartient à l’Etat et non à une autre partie de définir la politique migratoire, et on a dit qu’il appartient à l’Etat de dire qui doit entrer sur le territoire national et y circuler en respect de la législation.» Sur ce processus, a t-il précisé, «les mécanismes d’évaluation mis sur place ne doivent pas évoluer vers une forme contraignante.» M. Kacimi a expliqué qu’ «on gère ce dossier entre notre sécurité nationale et l’aspect humanitaire.» Quant aux accusations de certaines parties, dont des ONG, de maltraitance de migrants en Algérie, il a souligné que «ceux qui nous ont reproché la maltraitance des migrants sont malintentionnés, ils ne sont jamais venus en Algérie, et ceux qui ont accompagné les migrants ont dit le contraire.»

Revenant, par ailleurs, sur le phénomène de la ‘harga’ des Algériens, M. Kacimi a estimé que «c’est un phénomène qui nous interpelle. Nous avons criminalisé l’acte, cela n’a pas donné de résultats, on doit ouvrir d’autres pistes pour traiter cette problématique, nous y travaillons.» «Les enjeux sont très importants, c’est un problème qui se pose aux frontières maritimes de l’est et de l’ouest du pays», souligne-t-il, avant de relever qu’ «on doit trouver des solutions pour une insertion de cette jeunesse. C’est un phénomène qu’on doit prendre en charge, un départ de plus, c’est une mort de plus, on ne doit pas l’accepter et on doit agir rapidement.»