La campagne de sensibilisation pour l’adoption des enfants abandonnés à Tamanrasset sera lancée très prochainement, et la direction de l’action sociale en charge de l’opération compte mettre le paquet pour garantir sa réussite.
La campagne de sensibilisation pour l’adoption des enfants abandonnés à Tamanrasset a pour objectif d’intégrer ces enfants au sein des familles et leur assurer une évolution dans un milieu sain. Le meilleur moyen, c’est la communication, et les initiateurs de cette action en sont conscients. Ils ont ainsi concocté un programme à même de leur permettre de vulgariser au maximum leur opération.
«Nous allons nous adresser aux habitants de la ville et ceux des autres contrées du pays à travers les mosquées, les chaînes de radio ainsi que les acteurs de la société civile», nous a indiqué Abdellah Darwich Chribet, directeur de l’action sociale à Tamanrasset. Il est aussi question d’accélérer le rythme de l’opération et lui donner une autre dimension puisque le nombre des adoptions reste jusque-là timide par rapport à celui des enfants abandonnés en constante croissance.
Ne dépassant les 9 en 2008, le nombre de ces enfants a atteint 83 ces quatre dernières années, selon Sofiane Lazhar, éducateur spécialisé. «12 enfants ont été récupérés par leurs mères biologiques et 34 ont été adoptés, dont un à l’étranger», a-t-il expliqué en indiquant que le centre abrite actuellement 34 enfants âgés entre 1 jour et 5 ans. Il a souligné que la structure accueille les enfants âgés entre 1 jour et 6 ans. Une fois passé cet âge,
l’enfant est transféré vers une pouponnière d’enfants entre 6 et 18 ans», a-t-il expliqué. Sur le plan de la faisabilité, le processus d’adoption passe par trois étapes. Le dépôt du dossier administratif à la direction de l’action sociale où sont précisés notamment le revenu global du demandeur et la disponibilité d’un logement.
Cette demande sera suivie par une enquête sociale approfondie sur le terrain pour la vérification des informations contenues dans le dossier. Enfin, avant la décision finale, des rencontres entre l’enfant et la famille adoptive sont organisées en présence d’un psychologue et d’une assistante sociale pour une meilleure prise de contact. Le suivi de l’enfant et de son environnement est également assuré par cette direction une
fois l’enfant intégré dans sa nouvelle famille. «Même lorsque la famille réside dans une autre wilaya, le suivi est assuré à travers la direction de la cette wilaya», a souligné M. Chribet. L’opération semble connaître un bon déroulement puisque la direction n’a enregistré aucun cas d’enfant retourné au centre après adoption.
Les enfants abandonnés atterrissent à Tamanrasset par diverses formes. Les mères célibataires, dont celles venant du nord du pays, accouchent à l’hôpital et font un procès- verbal d’abandon. «On lui donne trois mois au cas où elle change d’avis avant de le transférer vers le centre», dira Sofiane Lazhar. Certains enfants sont retrouvés par la police qui les remet au centre sur réquisition du procureur.
A quand l’ouverture du foyer ?
Le foyer pour enfants assistés réalisé pour abriter cette catégorie n’est toujours pas opérationnel en dépit de la publication du décret fixant son statut et ses missions.
«Nous attendons la dotation financière pour faire fonctionner le centre et pouvoir transférer les enfants», affirme notre interlocuteur, soulignant que la capacité d’accueil de cette nouvelle structure est de 60 enfants. En attendant l’ouverture de ce foyer, les enfants sont abrités dans le centre spécialisé de rééducation (CSR) de Tamanrasset où un pavillon leur a été réservé depuis 2008 suite à une opération de transfert qui leur a permis de quitter le service pédiatrie de l’hôpital
de crainte de contamination de maladies et autres risques qu’ils pouvaient courir dans cet établissement. Un sérieux problème d’encadrement est soulevé par les responsables de cette structure vu le manque terrible de spécialistes et l’insuffisance du personnel qualifié. Le staff d’encadrement est composé de 24 nourrices vacataires sans qualification professionnelle puisqu’elles font leur apprentissage sur le tas au centre,
d’un médecin généraliste affecté par la DAS «pour les volets santé et hygiène, un d’orthophoniste, d’un psychologue et d’un éducateur spécialisé. «Le personnel déploie des efforts énormes pour prendre en charge les besoins très délicats des enfants. Nous avons fait l’essentiel et réalisé un travail extraordinaire qui n’était pas du tout prévisible.
Mais le besoin d’une équipe spécialisée pour prendre en charge le volet pédagogique et social de l’enfant est plus qu’une nécessité», a ajouté Sofiane Lazhar. Abdellah Darwich Chribet, directeur de l’action sociale, assure de son côté que les recrutements vont se faire dès l’ouverture du foyer. Le centre est doté d’un espace de jeux et d’une crèche où opèrent l’orthophoniste et le psychomotricien. Des promenades et sorties en plein air sont organisées par le centre au profit des enfants.
«On adopte aussi la méthode consistant à faire accompagner un enfant par un encadreur pendant le week-end. Ça lui permet de sortir, de côtoyer les gens et de connaitre la vie de société», dira M. Lazhar.
N. B.