CENTRAFRIQUE, Un pont aérien face au manque de nourriture

CENTRAFRIQUE, Un pont aérien face au manque de nourriture

La Centrafrique s’est enfoncée dans une spirale de violences intercommunautaires.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) de l’ONU vient d’annoncer qu’il va établir un pont aérien depuis Douala au Cameroun jusqu’à Bangui en Centrafrique alors que l’organisation est à court de nourriture à distribuer aux déplacés dans le pays. «La date du pont aérien n’a pas été fixée, mais c’est imminent», a expliqué à Genève une porte-parole du PAM, Elisabeth Byrs. «Un Boeing 747 va faire une rotation journalière avec une capacité de transport de 100 tonnes à chaque rotation. L’idée est d’avoir 2000 tonnes de nourritures qui utilisent ce mode de transport et qui soient transportées à Bangui au cours du mois de février», a indiqué la porte-parole, lors d’un point presse. Les réserves alimentaires du PAM à Bangui sont actuellement à un niveau «très très bas», a-t-elle ajouté, expliquant que le 30 janvier il ne restait plus que 120 tonnes de céréales dans les stocks de la capitale centrafricaine.

Cette pénurie de réserves alimentaires tient au fait que depuis le 6 janvier les camions transportant la nourriture du PAM s’arrêtent à la frontière de la RCA avec le Cameroun, les conducteurs de camions commerciaux refusant de traverser la frontière sans escorte en raison de l’insécurité. Fin janvier, une première escorte de la force africaine en Centrafrique (Misca) s’était rendue à cette frontière permettant à 10 camions de voyager vers Bangui. Hier encore, une nouvelle escorte de la Misca était attendue sur place, alors que 43 camions transportant de la nourriture du PAM demeurent bloqués à la frontière. Le PAM est d’autant plus inquiet qu’une «crise de la sécurité alimentaire est en train de se préciser», a expliqué Mme Byrs, citant une combinaison de facteurs, notamment «le manque d’assainissement dans les camps de déplacés, le manque de nourriture prépositionnée, l’augmentation du prix de la nourriture, et l’arrivée de la saison des pluies».

La Centrafrique s’est enfoncée dans une spirale de violences intercommunautaires depuis la prise du pouvoir par l’ex-rébellion Séléka à dominante musulmane en mars 2013, qui a commis de nombreuses exactions sur une population composée à 80% de chrétiens, alimentant la haine envers les civils musulmans. Le porte-parole du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha) a lancé un nouvel appel à la générosité des donateurs, déplorant que les Nations unies n’aient reçu pour l’instant que 11% des 551 millions de dollars (408 millions d’euros) demandés pour ce pays.