La «guerre», c’est ce qu’a promis, hier, la Présidente centrafricaine, Catherine Samba Panza, aux miliciens anti-balaka, qui multiplient les exactions contre les civils musulmans au risque de conduire le pays à une partition.
«Les anti-balaka (milices d’autodéfense à dominante chrétienne), on va aller en guerre contre eux. (Ils) pensent que parce que je suis une femme, je suis faible. Mais maintenant les anti-balaka qui voudront tuer seront traqués», a déclaré Mme Samba Panza devant les habitants de Mbaïki (80 km au sud-ouest de Bangui). «Les anti-balaka ont perdu le sens de leur mission. Ce sont eux qui tuent, qui pillent, qui volent», a martelé la présidente. Elle a ensuite récusé le terme de «nettoyage ethnique» utilisé par Amnesty International. «Je ne pense pas qu’il y ait épuration confessionnelle ou ethnique.
Il s’agit d’un problème d’insécurité», a-t-elle estimé. La Centrafrique a sombré dans le chaos depuis le coup d’Etat, en mars 2013, de Michel Djotodia, chef de la coalition rebelle Séléka à dominante musulmane. Devenu président, il a été contraint à la démission par la communauté internationale le 10 janvier pour son incapacité à empêcher les tueries entre ex-Séléka et milices anti-balaka, qui ont entraîné un exode massif de civils musulmans, essentiellement vers le Tchad et le Cameroun voisins. Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon s’est ému, mardi, de ce que «la brutalité sectaire est en train de changer la démographie du pays, la partition de facto de la RCA (République centrafricaine) est un risque avéré».
D’anciens responsables de la Séléka avaient déjà fait état publiquement de leur volonté sécessionniste depuis les confins nord-est du pays, majoritairement peuplés de musulman, qui échappent depuis des années au contrôle d’un Etat centrafricain en quasi-faillite permanente. De son côté, Mme Samba Panza a fait état de sa «ferme volonté de ne pas céder un seul pouce du territoire centrafricain, qui a toujours été uni et laïc».
Selon Amnesty International, les exactions des anti-balaka relèvent désormais du «nettoyage ethnique». «Les soldats de la force internationale de maintien de la paix ne parviennent pas à empêcher le nettoyage ethnique des civils musulmans dans l’ouest de la République centrafricaine», assène Amnesty, appelant la communauté internationale à «faire barrage au contrôle des milices anti-balaka et à déployer des troupes en nombre suffisant dans les villes où les musulmans sont menacés».
«Il y a une catastrophe humanitaire en Centrafrique, des risques de nettoyage ethno-religieux qui peuvent déchirer la structure sociale du pays», a pour sa part affirmé, mercredi, le Haut Commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Antonio Gutteres.