La fête, des vœux et des prières pour un Yennayer de fécondité agricole
Yennayer 2960, 1er jour de l’an berbère fêté chaque année le 12 janvier grégorien, est célébré cette année par de nombreuses associations culturelles activant à travers des villages et des villes de la wilaya de Tizi Ouzou, à l’instar des autres régions d’Algérie, voire de l’ensemble de l’Afrique du Nord.
Aux Aghribs, chef-lieu de commune relevant de la daïra d’Azeffoun, la baisse sensible de la température (5 à 6°) et une brise glaciale, vendredi matin, n’ont pas empêché les centaines de femmes et d’hommes de tous âges à venir prendre part, à la salle des sports et à la mythique mosquée (en reconstruction) Sidi Jaffer, à un savoureux dîner (couscous au poulet) de Yennayer, préparé par les familles de la localité.
Organisée par le comité du village, dont le bureau a été récemment renouvelé, présidé par Ali Aider, dit “Dda Ali”, Mohamed Belkacem, trésorier, et Amar Tamani, en collaboration avec l’ensemble des villageois, la grandiose fête a été rehaussée par la présence des autorités locales, du sénateur Mohand Ikherbane, récemment élu, ainsi que des députés et des membres de l’APW de Tizi Ouzou.
À l’issue de la prière du vendredi, qui eut lieu dans la vaste salle de réunion du village, une ambiance de retrouvailles et de convivialité, rarement égalée, a agréablement marqué cette fête considérée comme une première au compte du comité du village pour cette année 2010 dont les paysans attendent et prient, comme de coutume, pour, Incha Allah, une fécondité exceptionnelle en produits agricoles.
Devant la mosquée de Sidi Jaffar et son chêne séculaire, il a été exposé au public la maquette de ce futur lieu de culte, conçu par un bureau d’études de référence internationale, comportant une sorte de coupole (mini-minaret) charpentée par cinq piliers symbolisant les cinq devoirs quotidiens (prières) et cinq conditions (piliers) de la foi en Islam pour tout musulman. Sa réalisation est assurée sur les fonds et les dons de villageois d’Aghribs, ainsi que des donateurs d’autres villages voisins, précisera le président du comité, Dda Ali Aider.
À Adrar, le village voisin du chef-lieu de la commune d’Aghribs, l’association culturelle locale Ath Koudia a élaboré un riche programme de festivités qui auront lieu au village même. Outre un concours du meilleur plat traditionnel, prévu pour la journée du vendredi 15 janvier, il y est prévu aussi un cross sportif, puis un déjeuner pour les athlètes et les invités, de la chorale et la déclamation de poésie, des contesA d’histoires anciennes en soirée, du théâtre, la tombola, avant la dégustation du dîner (imensi) de Yennayer, comme la tradition le veut.
Pour sa part l’association culturelle Assirem du village Ilmajene, dans la commune de Fréha, a entamé elle aussi, depuis vendredi, les festivités célébrant Yennayer, avec une exposition de bijoux et d’habits traditionnels, des photos du patrimoine de l’association, puis l’animation d’une conférence-débat, des témoignages sur Yennayer, un hommage à la karatéka Chikhi Dyhia, une vice-championne du monde dans la discipline, des exhibitions de taekwondo, de volley-ball… Des festivités similaires ont eu lieu vendredi et samedi, respectivement au village Ikherbane, dans la commune de Fréha, organisées par l’association culturelle Asekfel, et à Souk El-Had, chef-lieu de la commune de Timizart.
Toujours dans la même commune, ce mardi, au centre culturel Youcef-Oukaci, il sera commémoré le 10e anniversaire de la mort de Saïd Iamrache, un ancien militant de la démocratie et auteur en tamazight. La section communale du RCD, organisatrice de l’activité et des festivités de Yennayer, exposera les œuvres de Saïd Iamrache, en recueillant des témoignages sur ce militant, avant de tenir une collation en l’honneur de Mohand Ikherbane, après son élection la semaine dernière comme sénateur du Rassemblement pour la culture et la démocratie.
De son côté, et toujours dans le cadre des fêtes de Yennayer, le collectif de Tala Bouzrou, dans la commune de Makouda, a organisé samedi, au stade de la maison de jeunes de la localité, un gala artistique en célébration du nouvel an berbère marquant le début de l’année agricole que les paysans des régions du nord de l’Afrique, notamment au Maghreb, marquent avec faste.
À Tirmitine, l’association El Fardja de Draâ Ben Khedda, a élaboré un riche programme de festivités célébrant Yennayer 2960, pour les journées de lundi et mardi et auxquelles participera une association invitée de Ghardaïa par l’exposition de ses arts traditionnels. Outre du sport, des projections vidéo sur Yennayer, une conférence sur tamazight, il y est prévu aussi la présentation d’une “expérience scientifique” réalisée par la Ligue des activités scientifiques et technologiques de la wilaya, des animations “scientifiques” pour enfants menées par un mathématicien, avant le déjeuner spécial de Yennayer (couscous au poulet).
De leur côté, la direction de wilaya de la culture en partenariat avec le comité des activités culturelles et artistiques et la maison Couscous El-Gherbal, organisent, du 11 au 13 janvier, dans le cadre de la célébration de Yennayer 2960, la 3e édition du Salon Djurdjura Couscous à la maison de la culture Mouloud-Mammeri.
Cette festivité sera marquée par de la musique folklorique avec des idebalene (tambourins) et la ghaïta, des expositions et dégustation de plats traditionnels, une conférence animée par le sociologue et enseignant au département de tamazight à l’université, Mohand-Akli Haddadou avec comme thème “Les traditions culinaires en Yennayer”, puis une waâda (offrande), une conférence animée par Mme Abdenebi Houaria, enseignante également au département de tamazight à l’université Mouloud-Mammeri, sous le thème “Le repas de Yennayer dans une économie de subsistance”, avant la cérémonie de clôture du salon, dans l’après-midi du 13 janvier, et la remise des diplômes aux participants. Comme le veut la tradition, Yennayer est aussi, pour la paysannerie, une occasion de fête, de prières et d’émission de vœux pour l’avènement d’une année féconde en produits agricoles.
S.Y.