L’anniversaire de Mohamed (QSSSL) n’a jamais été célébré de son époque, ni par ses compagnons, ni par les musulmans sunnites des premiers siècles. Aucune trace explicite de cette fête n’existe dans le Coran et la sunna. Le premier qui a innové la célébration de la naissance de Mohamed (QSSSL) est El Mou`iz Li Dîne Allah en l’an 362 de l’hégire, au Caire.
Puis, on continua de le fêter jusqu’à ce que le commandeur des armées El-Afdhal Abou El-Qâssim Ibn Badr El-Djamâli, le vizir du calife El-Mousta`li Bi Allah l’annula en l’an 972 (490 de l’hégire). D’après les historiens Ibn Kathîr et Ibn Khallikan, elle fut réinstaurée bien plus tard, vers 1207, par le roi d’Erbil.
Cependant, des traces de cette célébration existent dans la tradition chiite deux siècles plus tôt. La dynastie des Fatimides avait en effet pour habitude de célébrer 4 anniversaires : Celui de Mohamed (QSSSL), d’Ali, de Fatima, et, enfin, du calife au pouvoir. Les festivités se limitaient alors à des processions dans la cour du souverain, pendant la journée, ainsi qu’à trois sermons (khutbas) prononcés devant les fidèles et en présence du calife. La célébration de l’anniversaire de Mohamed (QSSSL) fut ensuite suspendue vers 1095. Selon l’historien Ali Ibn al-Athîr, cette abolition fut décrétée à l’accession au pouvoir du nouveau vizir Al Malik al-Afdhal, régent du calife fatimide Al-Musta’li, car non conforme au enseignements islamiques. L’historien du XIIe siècle Ibn al-Qalanisi le décrivait alors comme un « fervent croyant des doctrines de la sunna. » À sa mort, son successeur le vizir Al-Ma’mûn Al-Batâ’ihî, lui-même régent du calife fatimide Mansûr al-Amir Bi-Ahkamillah, émet alors en 1123 un décret officiel pour distribuer des aumônes le jour du 13 de Rabia al Awal. Donc on voit bien que la « polémique » sur le fait de fêter la naissance de notre Prophète ne date pas d’aujourd’hui… En Arabie saoudite, officiellement, il est interdit de fêter le Mawlid, mais, officieusement, de nombreuses familles saoudiennes célèbrent en privé le Mawlid, notamment dans la région de l’ouest et aussi les habitants de La Mecque et Jeddah qui commémorent ce jour par des chant religieux. Chez nous en Algérie, on a de tout temps célébré le Mawlid Ennabaoui Echarif. Même au temps de la colonisation quand les Français tentaient par tous les moyens d’effacer toute trace de notre culture et notre identité les Algériens continuaient à fêter l’anniversaire du Prophète à l’intérieur de leur foyers entre familles. Depuis quelques années, la polémique qui sévit dans certains pays arabes quant à la célébration ou non de la naissance du Prophète s’est infiltrée chez nous. On se retrouve alors devant la situation où chacun reformule sa foi et ses valeurs en fonction de la marche du temps et de ses contraintes et besoins propres. Les adeptes d’une religion rigoureuse et fermée prônent l’interdiction de cette célébration et vont même jusqu’à rejeter toute expression de joie car pour eux les anniversaires sont totalement bannis. Les moins extrémistes condamnent la commémoration telle qu’elle est faite aujourd’hui de manière ostentatoire et sans retenue.
Pour cheikh Abderrahman, imam dans l’une des mosquées de Bouzaréah, «l’essentiel est que ce jour, les gens donnent beaucoup, font beaucoup d’adoration, montrent beaucoup d’amour au Prophète et donnent beaucoup de remerciements à Allah Tout-Puissant pour l’envoi parmi eux de Son Messager, et pour préserver la sunna et la chariaâ, le Prophète a dit celui qui instaure dans l’islam une bonne innovation, il en aura la récompense et la récompense de ceux qui la pratiquent après lui, sans que rien, ne soit diminué de leurs récompenses »
Farida Larbi