Sur le plan politique et social, il est incontestable que la femme algérienne a connu des acquis, mais d’un autre côté, la violence faite aux femmes est un phénomène qui prend des proportions dramatiques qui interpellent la société.
L’Algérie célèbre aujourd’hui la Journée internationale de la femme. Cette date vient nous rappeler que le 8 Mars est une journée qui a été est reconnue par l’ONU, en 1977, journée de lutte contre le déni du droit des femmes et de leur statut d’êtres humains égaux. Cette année, le 8 Mars arrive dans un contexte tout particulier, au lendemain de la clôture des candidatures à l’élection présidentielle, prévue pour le 17 avril prochain. Étrangement, la date du 8 Mars, jusque-là entrant dans l’exclusivité du président de la République, est commémorée, cette fois, par la plupart des partis politiques. Doit-on interpréter cela comme un signe d’évolution des mœurs ou une tactique envers l’électorat féminin ?
Comme de coutume, la Journée internationale de la femme sera célébrée diversement en Algérie, notamment par des rencontres, par la remise de prix, des tournois sportifs et des festivités. Pour les militantes des droits de la femme et de l’enfant, ainsi que pour les défenseurs des droits de l’homme, la journée du 8 Mars sera “un moment privilégié” pour revisiter le chemin parcouru par les femmes dans le monde, mais aussi en Algérie, et réfléchir sur la meilleure manière de vaincre les chaînes du patriarcat, de renouer avec le sens des responsabilités, quel que soit le sexe, et d’aller à la rencontre de la citoyenneté. C’est également l’occasion pour faire le bilan sur la situation concernant la condition féminine dans notre pays.
À ce sujet, il serait malhonnête de faire abstraction des acquis arrachés par les Algériennes depuis l’Indépendance du pays, comme il serait difficile de taire toutes ces violences, physiques et morales faites aux femmes, quels que soient leur âge, leur statut social ou leur niveau d’instruction. Ces agressions peuvent aller de l’insulte au meurtre, en passant par les coups et le viol. À ce propos, les statistiques les plus récentes de la Gendarmerie nationale signalent 5 797 coups et blessures, 261 femmes tuées, 297 viols et 329 atteintes à la pudeur. Le plus effrayant dans l’affaire, c’est que 46% des violences ont lieu à la maison. Mais, il ne s’agit là que des cas déclarés ou identifiés ; la réalité est encore plus pénible.

Sur le registre des “avancées”, rappelons qu’en 2005, des amendements ont été introduits dans le code de la famille, reconnaissant l’apport économique de la femme et effaçant l’obéissance au mari. Mais ces petits progrès ne pèsent pas très lourd devant l’imposante architecture inégalitaire de ce code. Trois années plus tard, soit en novembre 2008, un amendement constitutionnel est introduit, enjoignant la présence des femmes dans les assemblées élues. Pourtant, même si les femmes sont à présent visibles dans la rue et les marchés, dans les universités, les administrations et les entreprises, même si elles sont présentes dans l’espace public, il n’en demeure pas moins que les pratiques sociales cumulent beaucoup de retard. Le moment est venu pour que la loi conforte ce consensus mis en place en faveur du respect de la dignité de la femme et de la protection de son intégrité physique. À moins que toutes ces mesures soient destinées à la consommation extérieure…
H. A