Comme en 2010, la célébration de l’anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures intervient dans une conjoncture particulière. L’événement sera, encore une fois, marqué par les scandales que la compagnie connaît depuis plus d’une année.
La célébration cette année du 24 Février, date de la nationalisation des hydrocarbures, un exploit réalisé neuf ans après l’indépendance, perdra, encore une fois, de son aura. Deux années auparavant, soit en 2009, l’événement a été célébré en grande pompe. C’était à Arzew, à deux mois de l’élection présidentielle d’avril 2009. Ce jour-là, Abdelaziz Bouteflika avait prononcé un discours dans lequel il avait appelé les entreprises nationales à mener la bataille de la compétitivité. Une bataille dans laquelle devait également s’impliquer la compagnie Sonatrach.
Après l’éclatement des scandales de la corruption au niveau de la compagnie nationale des hydrocarbures, de simples citoyens s’interrogent : pourquoi de hauts responsables d’une société qui symbolise la souveraineté d’un pays sont tombés dans le fléau de la corruption ? Pour rappel, l’ex-P-dg de Sonatrach, Mohamed Meziane, ou encore son successeur M. Mohamed Feghouli (sous mandat de dépôt) et les autres cadres de l’entreprise qui ont été mis sous contrôle judiciaire n’ont pas encore été jugés. Mais il est clair que ce scandale a un lien étroit avec la gestion.
C’est à ce niveau que Sonatrach a été durement frappée. Car, faut-il le rappeler, c’est pour la première fois depuis sa création que la compagnie nationale des hydrocarbures fait face à une telle affaire. Même si le ministre de l’Energie et des Mines, M. Youcef Yousfi, et le P-dg par intérim du groupe, le premier en Afrique et le 11e à l’échelle mondiale, n’ont cessé de rassurer, depuis l’éclatement de ce scandale, que le groupe fonctionne normalement, on ne peut ignorer que son image a pris un coup.

L’implication de ses deux P-dg et de ses vice-présidents dans l’attribution de contrats douteux, notamment à la société italienne Saipem, n’est pas une mince affaire. Pour l’heure, aucun contrat n’a été annulé avec les partenaires du groupe, puisque ses filiales à l’étranger fonctionnement normalement, selon les dernières déclarations des responsables de la compagnie. Cette année, la célébration intervient dans un contexte politique et économique assez particulier.
Les hydrocarbures, cette richesse nationalisée en 1971, neuf ans après l’indépendance du pays, alimentent aujourd’hui la chronique économique. Les Algériens, pour lesquels la nationalisation des hydrocarbures est rappelée chaque année avec une certaine solennité officielle, se détourneront, à coup sûr, des quelques cérémonies qui seront organisées pour célébrer l’acte en question.
Abder Bettache