Célébration du 33ème anniversaire du printemps berbère:Tizi Ouzou,Tamazight fait l’unanimité

Célébration du 33ème anniversaire du printemps berbère:Tizi Ouzou,Tamazight fait l’unanimité

Avril 1980 a été l’oeuvre d’une génération; l’avenir du combat sera l’oeuvre d’une autre

deux marches se sont déroulées dans le calme pour marquer cette date charnière dans l’histoire contemporaine de l’Algérie.



La ville de Tizi Ouzou a célébré, hier, le 33e anniversaire du Printemps berbère dans la sérénité et le recueillement. Dans la matinée, deux marches se sont déroulées dans le calme pour marquer cette date charnière dans l’histoire contemporaine de l’Algérie. Le RCD, Rassemblement pour la culture et la démocratie qui a réuni quelque 2000 marcheurs a pris comme point de départ le portail principal de l’Université de Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou. Arborant des drapeaux algériens, les marcheurs ont scandé des slogans rappelant la nécessité d’officialiser la langue amazighe dans la nouvelle Constitution. De son côté, le MAK, Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie, a réuni autant de marcheurs et choisi le même point de départ, une heure auparavant. Parallèlement à ces marches, la maison de la culture a abrité une série d’activités culturelles pour marquer l’événement. Comme annoncé, les festivités ont été réparties à travers un grand nombre de communes. Au niveau de la Maison de la culture, et pour aujourd’hui 21 avril, les organisateurs ont prévu une table ronde animée par Brahim Tazaghart, Editions Tira, Béjaïa, Youcef Merahi, secrétaire général du Haut Commissariat à l’amazighité, HCA, Saïd Chemakh, conseiller littéraire des Editions Tira. Ramdane Boukhrouf, enseignant au département de la langue et culture amazighes, Ummto. Les invités évoqueront l’état des lieux et les perspectives de l’édition en tamazight. Dans la même journée, des ateliers d’écriture et de lecture en tamazight seront abrités par l’école des Frères Haddad de Draâ Ben Khedda ainsi qu’une lecture de contes en tamazight à la bibliothèque de Bouzeguène. Notons également que les associations culturelles qui ont marqué un recul dans les précédentes années, commencent peu à peu à renaître un peu partout à travers les communes. En ce 33e anniversaire du Printemps berbère, la population donne des signes évidents de maturité politique. Pour l’observateur, il est aisé de constater que les citoyens ne sont plus faciles à mobiliser au sens restreint du politique. Mais au contraire, concernant la revendication de l’officialisation de tamazight, c’est l’unanimité. La cause fait le plein. Preuve en est, beaucoup de personne rencontrées lors des deux marches affirment partager la revendication, mais pas les idées politiques. «Je peux participer à 20 marches, mais c’est uniquement pour l’officialisation de tamazight. C’est pourquoi je ne participe à aucune marche», affirma un ancien militant de la cause amazighe. «Nous avons fait la prison avant même les événements du Printemps berbère. Pour avoir écrit en tifinagh, j’ai été embarqué par la gendarmerie en 1976. J’ai passé plusieurs jours dans une cellule. J’ai été battu et insulté et emprisonné plusieurs années avant avril 1980», racontait Mohamed qui regardait les marcheurs avec les larmes aux yeux. En fait, la célébration de ce 33e anniversaire du Printemps berbère rappelle plusieurs souvenirs pour beaucoup de citoyens. Aujourd’hui, cinquantenaires, voire plus, beaucoup se remémorent ces années de plomb. «Durant ces années, parler déjà en kabyle était un péché capital. Des gens ont fait la prison rien que pour avoir parlé la langue de leurs ancêtres», se rappelle Amar qui était garçon de café à Alger dans les années 1970. «Aujourd’hui, même si elle n’est pas encore officielle, la langue amazighe a fait un long chemin. Elle est à l’école, à la télévision et dans l’Internet. C’est déjà ça comparé à ces années de plomb», reconnaît un autre homme âgé.

Enfin, il est un point primordial que l’on a tendance à oublier. Avril 1980 a été l’oeuvre d’une génération; l’avenir du combat sera l’oeuvre d’une autre. Une autre différence est de taille: le combat durant les décennies précédentes différera certainement de celui qui attend les prochaines générations. Si sauver de l’extinction la langue amazigh est une oeuvre réussie de l’ancienne génération, il est attendu des prochaines générations de maintenir en vie cette langue dans un monde global sans merci.