Le 19 Mai 1956 a été un moment de rupture dans l’évolution de la guerre de libération nationale. C’est une date mémorable qui signe l’entrée des étudiants algériens dans l’action révolutionnaire.
Aux premiers coups de Novembre 1954, cette frange, à vrai dire, n’était pas nombreuse dans un pays qui comptait une seule université à Alger. Les 400 étudiants d’origine algérienne étaient noyés dans la masse des Européens dont le nombre avoisinait les 4500.
L’appel du FLN à une grève des études est intervenu dans un contexte où, sous la houlette de Abane Ramdane, le mouvement insurrectionnel faisait appel à toutes les franges de la société. C’est en cette année 56 que les travailleurs vont mettre en place une structure syndicale dont le dirigeant, Aissat Idir, sera torturé à mort par les sbires du colonialisme.
L’engagement des étudiants était plus ancien car ils faisaient à l’instar de Belaid Abdeslam et Mohamed Harbi des instances dirigeantes du PPA- MTLD. L’appel à la grève du 19 Mai 1956 était d’ailleurs le couronnement d’un processus où rien n’aura été épargné à l’élite. La décision de la grève a été d’ailleurs précipitée par l’enlèvement et l’assassinat. L’organisation de l’UGEMA était déjà un cadre de mobilisation et d’engagement pour l’émancipation dans le cadre nord africain.
Le développement de la lutte armée, le besoin d’éléments instruits pour encadrer d’un point de vue politique et sanitaire les maquis a induit l’appel pour les jeunes. Ils ont rejoint d’abord à l’instar de Taleb Abderrahmane les cellules du FLN qui organisèrent les cellules lors de la bataille d’Alger.
Les connaissances de chimiste de Taleb serviront à la confection des bombes qui secoueront la capitale. D’autres auront un itinéraire tout aussi exaltant à l’image de Lamine Khene qui, de la faculté de médecine, passera au conseil de la wilaya 2 avant d’être membre du CNRA.
Le docteur Laliam abandonnera ses études d’ophtalmologie pour diriger les services sanitaires de la wilaya 3.
Aujourd’hui, on évoque la bleuté dont les principales victimes furent ces jeunes qui montèrent au maquis. On oublie ceux qui permirent aux wilayas de disposer de services de santé, de transmission.
C’est aussi grâce à des étudiants comme Keramane, Mouloud Kassim ou Lakhdar Ibrahimi que l’action diplomatique du FLN se déploya aux quatre coins du monde. L’appareil de l’information tant au niveau de la radio que des publications comme Résistance Algérienne puis El Moudjahid s’appuya également sur des compétences juvéniles comme Mohamed El Mili, Zahir Ihaddadene.
Il est nécessaire de souligner le rôle de jeunes dans l’accession du pays à l’indépendance. Redha Malek qui fut l’un des dirigeants de l’UGEMA avant de diriger El Moudjahid et de devenir le porte parole de la délégation du GPRA qui assura l’independnance du pays. L’élite algérienne a pris part à l’aventure émancipatrice du pays.
On lui doit en pleine guerre d’avoir été la boussole du combat. Ne lui doit on pas aussi la rédaction des principales plates-formes idéologiques à l’image de celle de Tripoli ?
H. Rachid.