L’Algérie abrite, depuis hier, la Conférence internationale de célébration du 50e anniversaire de la Déclaration 1514 sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux.
Une rencontre rehaussée par la présence de 200 personnalités étrangères, venues des quatre continents, africain, européen, asiatique et américain, qui s’achèvera aujourd’hui au Palais des nations.
“La Déclaration était marquée du sceau de l’audace, elle avait été la résultante d’une longue évolution de luttes des peuples pour recouvrer leur liberté”, a déclaré le président de la Commission de l’Union africaine (UA), Jean Ping. Dans son intervention, ce dernier a, en outre, relevé que la résolution, adoptée en décembre 1960 par l’Assemblée générale des Nations unies, “a permis de réaliser des progrès immenses”.
Pourtant, constatera-t-il, “le processus d’indépendance reste à parachever dans le monde, en Palestine et en Afrique, donc au Sahara occidental qui est un des 16 territoires non autonomes et membre de l’UA”. Pour M. Ping, le moment est venu pour “accélérer la seconde phase” du processus d’émancipation. De son côté, le représentant de la société civile, Pierre Galand, a profité de la tribune offerte pour dénoncer “les complicités des États du Maroc et d’Israël”.
Il a aussi lancé des appels pour la mobilisation à l’échelle internationale, pour la levée du “blocus contre Gaza” et l’“accès urgent à El-Ayoune”. Le militant belge a, en outre, interpellé l’ONU sur sa responsabilité par rapport à “l’achèvement du processus de décolonisation en Afrique”, en lui demandant d’“élargir le mandat de la Minurso” et d’envoyer “une mission d’enquête”, dans les territoires sahraouis sous occupation marocaine.
L’intervention de Nguyen Thi Binh, ancienne vice-présidente de la République du Vietnam, n’est pas passée inaperçue. Surtout que la responsable a interpellé l’assistance sur la période ayant suivi les indépendances, en se demandant “si les pays qui ont recouvré leur indépendance sont vraiment indépendants et maîtres de leur pays”.
Par ailleurs, Mme Thi Binh s’est interrogée sur “la leçon (que) les pays du Sud doivent retenir”. Faisant le constat à la fois des “faiblesses” et des “difficultés internes” de ces pays, l’intervenante a indiqué que les colonialistes, après leur départ, ont laissé “sciemment les germes de la division”.
Plus loin, elle a admis qu’aujourd’hui “la lutte pour le développement national n’est pas une œuvre facile”, lorsque “la clairvoyance politique, la connaissance de la réalité et la grande capacité intellectuelle” font défaut. “Une nouvelle lutte est plus que jamais nécessaire de nous tous”, a encore déclaré Nguyen Thi Binh, non sans rappeler que “la stabilité sociale est une des conditions pour surmonter les obstacles et continuer notre développement”.
Hier, en marge de la conférence, le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a déclaré que “la Déclaration 1514 s’applique au cas de la Palestine”. Il a également annoncé qu’“une résolution ferme” sera adoptée prochainement sur le conflit israélo-palestinien. Concernant le Sahara occidental, M. Moussa a révélé que la ligue n’a jamais “ignoré” ce problème, expliquant que la question sahraouie est prise en charge au niveau de l’ONU.
Ramtane Lamamra, président de la Commission sécurité et paix de l’UA a, pour sa part, déploré “la politique de deux poids deux mesures”, en remarquant “une mobilisation” pour le référendum au Sud du Soudan, alors que “les tenants du statu quo ne lâchent pas” concernant l’ancienne colonie espagnole. “À l’heure de la mondialisation, l’UA doit jouer son rôle”, a soutenu le diplomate. De son côté, l’ex-négociateur des accords d’Évian, Rédha Malek, a insisté sur “l’identité” de l’Algérie, assurant que “si on arrête de soutenir la lutte légitime des peuples, on perd notre identité”.