Célébration de la journée nationale de l’artiste au TNA: Hommage à Sonia, Farouk Belloufa et Nouara

Célébration de la journée nationale de l’artiste au TNA: Hommage à Sonia, Farouk Belloufa et Nouara

C’est sous le signe de l’émotion, l’espérance et la paix que s’est placée la journée du 8 juin dédiée à l’artiste, vendredi dernier au Théâtre national algérien.

En effet, plus que la fête, le goût de la soirée était beaucoup plus dédié au recueillement, suite à la disparition récente de deux grandes figures de la culture algérienne, à savoir la grande comédienne et metteur en scène Sonia, mais aussi le cinéaste Farouk Belloufa. A côté, un autre hommage a été dédié à la chanteuse Nouara qui était présente dans la salle du Théâtre national algérien Mahieddine Bachtarzi. Mais avant les bouquets de fleurs, c’était au ministre de la Culture Azzedine Mihoubi d’ ouvrir le bal de cette cérémonie avec un long discours embrassant la situation de l’artiste en Algérie et les évolutions enregistrées notamment auprès du Conseil national des arts et des lettres dirigé par Abdelkader Bendaâmache ou chez l’Onda (Office national des droits d’auteur et droits voisins). Dans son allocution d’ouverture, Mihoubi fera remarquer que cette soirée n’est pas comme les autres car elle est «une halte pour encourager les jeunes artistes dans l’esprit de la paix, la solidarité, la force et l’amour, des valeurs qui ont fait de l’Algérie une humanité indépendante et forte». Il révèlera la proposition de l’Algérie de faire du 16 mai de chaque année, une année placée sous le signe de la paix et du vivre ensemble. Proposition ayant eu l’accord de l’Uneco et adopté par le monde entier.

«L’Algérie a payé une lourde facture et elle connaît le sens de la paix, la sécurité, la stabilité, la réconciliation. Des valeurs de notre président…» et de souligner le quarantième anniversaire de la disparition de Ali Maâchi, ce grand militant et créateur algérien dont le nom est aujourd’hui inscrit dans l’histoire, et de saluer encore le courage des artistes tombés au champ d’honneur, assassinés durant la décennie noire et les autres qui continuent à travailler sans relâche jusqu’aujourd’hui. Il n’omettra pas de relever la disparition récente «d’un grand auteur et traducteur, Marcel Bois, ce Français qui a vécu pendant longtemps en Algérie et a insisté à mourir en Algérie et il y a été enterré. Je l’ai bien connu quand j’étais à l’Union des écrivains arabes. Il a traduit de grands noms de la littérature algérienne. Il fait partie de ces artistes auxquels on se doit de rendre hommage à l’occasion de cette journée».

Le ministre de la Culture déclarera que cette journée est dédiée à la vie et à l’existence, car ceux qui l’expriment de la meilleure façon dans leurs oeuvres créatives sont les artistes et ce, dans tous les domaines. Et d’annoncer enfin les noms de trois artistes algériens qui ont laissé des traces profondes dans l’art algérien. Et de citer l’icône du 4e art algérien qui a donné toute sa vie pour son métier. Nous l’avons vue à la télé, sur les planches bien sûr, mais au cinéma aussi. Elle a dirigé après, des théâtres dont celui de Skikda. C’était une femme d’une grande finesse, intellectuelle qui savait qu’elle était porteuse d’une mission qu’elle a su mener jusqu’à ses derniers jours avec dignité et abnégation.

Des traces profondes…

Une femme professionnelle qui a donné de sa vie aux planches, qui a su partir en douceur altière qu’elle était et fière. Et de faire remarquer aussi la disparition soudaine de Farouk Belloufa dont la nouvelle a créé la surprise générale. Et de citer son chef-d’oeuvre cinématographique Nahla et d’annoncer l’organisation de deux journées spéciales qui seront dédiées prochainement aux deux grands artistes disparus cités plus haut. Aussi, il citera la chanteuse kabyle Nouara qui a également donné beaucoup pour la musique algérienne avec bravoure et courage. Concernant le prix Ali Maâchi institué depuis 2015 par le président de la République année où Azzedine Mihoubi se fera ministre de la Culture, ce dernier estimera le nombre des artistes ayant reçu le prix Ali Maâchi à plus de 100 artistes toutes disciplines confondues. Et de relever que plus de 10.000 dossiers ont été étudiés en faveur de l’obtention de la carte d’artiste, tel que rapporté par Abdelkader Bendaâmache, responsable du Conseil national des arts et des lettres et de saluer également le travail consenti par l’Onda dans le soutien des artistes, que ce soit dans le recouvrement de leurs redevances, ou dans la prise en charge de leur hospitalisation et autres services auxquels s’est assigné son ministère pour venir en aide à l’artiste qui est dans le besoin. Se disant toujours à l’écoute des doléances des artistes, Mihoubi lancera néanmoins un appel aux gens pour leur signifier devenir en aide à tout artiste qui se trouverait dans une situation précaire ou difficile.

En vue de mettre en place «le droit de l’artiste», Mihoubi annoncera la tenue prochaine de tables rondes autour de la culture en vue de revoir les règlements législatifs qui régulent le statut de l’artiste et de l’activité culturelle en Algérie pour sortir «de tout état» concernant l’organisation de l’événement culturel.. Des tables rondes qui seraient ouvertes à tout le monde et entre autres aux spécialistes et gestionnaires de la culture. Prenant la parole lors de l’hommage rendu à sa mère, Samia Meziane, elle-même comédienne de théâtre et de cinéma, fera remarquer, émue aux larmes, que «toute sa vie (Sonia, Ndlr) s’était vouée au théâtre. Elle a commencé très tôt. Néanmoins, une chose est sûre, elle a vécu comme elle l’entendait…». Son mari et acteur, Khaled Benaïssa, saluera cette grande dame des planches qui n’avait pas fort heureusement la langue de bois et qui était aimée par tout le monde, y compris les gens qui l’ont côtoyée les 15 derniers jours de sa vie, et qui ne savait rien d’elle. Pour preuve que c’était une grande femme d’une grande valeur…» Pour le comédien Mustapha Ayad, «Sonia n’est pas morte. Je l’ai beaucoup fréquentée. Je suis celui qui a joué le plus avec elle. Elle était ma mère, mon amie, ma soeur, tout! Comme dirait l’adage pour connaître quelqu’un il faut le fréquenter, voyager avec lui et moi j’ai beaucoup voyagé avec elle. Elle était une femme entière, d’un professionnalisme tel que parfois ça énervait! C’était une femme délicieuse, pleine de vie…». Prenant la parole, à son tour, Slimane Benaïssa dira avoir rencontré Sonia en exil, sur la pièce Le fils de l’amertume. «Sur le plan professionnel, ça en était, raison pour laquelle j’avais pour elle une grande admiration. Si aujourd’hui, elle fait partie de ma famille biologique, ceci est un autre problème, elle est assurément de la même famille artistique que moi. Elle était d’une élégance extraordinaire. Une élégance mentale d’esprit. Elle était professionnelle et rigoureuse. Elle était dans l’émotion en permanence. C’est une belle âme et femme et nous la regrettons tous, mais elle a marqué un chemin qui restera longtemps dans la mémoire des Algériens.». Madame Nadia Cherabi cinéaste et ex-ministre de la Culture saluera le travail de Sonia et adressera toute son affection à Samia Meziane lui assurant que c’est aussi sa fille, en faisant remarquer qu’elle relève de sa défunte mère dans ce métier. S’agissant de l’hommage à Farouk Belloufa, son frère présent fera remarquer qu’il aurait souhaité que son frère soit ici avec eux. Il aimait l’Algérie et la nation arabe, c’est pourquoi il a fait le film Nahla. Je souhaite à juste titre que la Palestine sorte de cette crise. Youssef Sayeh qui avait endossé le rôle masculin principal dans Nahla, ému, dira avoir été «horrifié suite à annonce de la disparition de Farouk Belloufa. Aujourd’hui, ma douleur est muette. Je n’ai pas trouvé et je ne trouverai peut-être jamais les mots pour exprimer cette perte. Donc j’ai volé un grand poète que Farouk adorait par-dessus tout, Vladimir Maïakovski…» Et de rajouter: «Ce qui est triste aussi c’est de voir que Nahla ait été tourné en 1978 à Beyrouth en pleine guerre civile et notamment dans trois camps palestiniens qui ont énormément souffert. C’est terrible de voir que ce déni de justice, quant à ce peuple palestinien, 40 ans après non seulement la situation n’a pas changé mais elle s’est, non seulement, terriblement endeuillée mais aggravée.»

Chanteuse et militante

Enfin, rendant hommage à la grande chanteuse d’expression kabyle Nouara en présence de Samy Bencheikh El Hocine, directeur de l’Onda, le SG du ministère de la Culture, Smaïl Oulebsir dira tout l’amour qu’il voue à cette chanteuse dont la voix a bercé son enfance, mais il rendra hommage aussi «à la femme militante qui a défendu la cause de la femme». Enfin, la seconde partie de la soirée fut consacrée à la remise du prix Ali Maâchi destiné aux jeunes créateurs algériens dans les sections (roman, poésie, pièce théâtrale, musique, chorégraphie, art visuel et cinéma, arts plastiques. Des prix départagés par un jury composé d’une dizaine d’artistes dans les différentes disciplines d’artistiques. Des prix qui encouragent les nouveaux talents à se perfectionner et aller toujours de l’avant.