Briser le silence sur le dossier des harraga disparus
Plusieurs familles ne peuvent encore faire le deuil de leurs enfants car ne sachant pas s’ils sont emprisonnés, morts ou gardés dans les morgues des hôpitaux de pays de la Méditerranée.
L’association des femmes pour le développement (AFAD) de Annaba, qui milite également depuis des années pour la défense des droits des migrants, demandeurs d’asile et réfugiés algériens, a voulu marquer la journée internationale des migrants, célébrée le 18 décembre, par un appel lancinant. Dans cet appel, elle s’adresse à toutes les organisations professionnelles, humanitaires et sociales ainsi qu’aux parlementaires de notre pays pour briser le silence sur le dossier des jeunes algériens disparus en mer, dont plusieurs familles ne peuvent encore faire le deuil car ne sachant pas s’ils sont emprisonnés, morts où dans les morgues de pays voisins de la Méditerranée.
« C’est un principe humanitaire fondamental que nous devons défendre et qui nous concerne tous », interpelle Mounira Haddad, la présidente d’AFAD. Aussi, cette association a rejoint plusieurs organisations internationales telles que ses deux partenaires la Cimade et Migreurop dans la campagne lancée ce vendredi de par le monde et ciblant en particulier la communauté européenne pour mettre au défi les Etats membres de mettre fin aux violations des droits des migrants. Des évènements, indique Mme Haddad, seront organisés à Bruxelles, le Caire, Genève, Kuala Lumpur, Nairobi, New York et Paris ; ils donneront le coup d’envoi d’activités sur tous les continents pour marquer le 20ème anniversaire de l’adoption de la Convention des Nations unies sur la Protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille en 1990.
Une convention ratifiée par 42 Etats, dont l’Algérie, depuis son adoption par l’Assemblée générale des Nations unies en 1990, 15 autres l’ont signée (la signature étant l’étape préliminaire à la ratification), précise notre interlocutrice. La campagne portera dans la rue et devant les parlements la demande adressée aux gouvernements de mettre fin immédiatement aux violations étendues des droits de l’homme, des migrants en l’occurrence, à travers le monde en ratifiant cet instrument central de protection des Nations unies. Les estimations de celles-ci montrent qu’en 2010, 214 millions de personnes résideront en dehors de leur pays de naissance ou de nationalité. Près de la moitié, 95 millions selon les calculs de l’Organisation internationale du travail (OIT), sont actifs économiquement en tant que travailleurs migrants. Avec leurs familles, ils forment la majeure partie des migrants internationaux, a-t-elle ajouté.
Par N. Benouaret