Il est à peine sept heures du matin, elles sont pour la plupart déjà debout, mais quelques unes profiteront encore de la grasse matinée, jusqu’aux environs de huit heures.
C’est comme ça tous les jours dans cette maison de repos pour personnes âgées. Après la toilette, que les rares vieilles dames, encore autonomes, ont pu faire seules, alors que toutes les autres sont aidées par le personnel, c’est le petit déjeuner, composé de lait au chocolat et de pain beurré. C’est ainsi que débute la journée pour cette douzaine de vieilles pensionnaires du foyer des vieux de Béjaïa, dans lequel sont prises en charge 54 personnes des deux sexes.
Le foyer pour vieux comme seul refuge
Parmi cette douzaine, deux sont hémiplégiques. Leurs séances de rééducation, effectuées chez des privés, sont prises en charge par l’établissement. Une est aveugle et une autre est carrément grabataire. Une équipe médicale menée par un médecin, en astreinte permanente, leur assure les soins. De bonnes prestations de service et une bonne prise en charge sont assurées à cette frange de la société. Mais, il faut reconnaître que l’absence d’une véritable famille pèse. Un repas copieux leur est servi à midi et un autre plus allégé le soir avec un goûter entre les deux, mais cela ne peut remplacer un « chez-soi ». La plupart de ces vieilles femmes ont rejoint volontairement ce foyer, d’autres en revanche ont été récupérées dans la rue, dans le cadre du suivi des SDF, notamment en période hivernale. Elles passent leur journée à tricoter, préparer des gâteaux ou regarder la télévision, mise à leur disposition au niveau du foyer. Mais, l’espace est clos et les rares sorties qui leur sont organisées ne peuvent les combler suffisamment. D’ailleurs, lors de notre visite, deux jeunes étudiantes, membres d’une association de bienfaisance, étaient sur les lieux pour organiser une sortie, à l’occasion de la fête mondiale de la femme.
L’Etat n’octroie que 3000 DA par mois aux vieilles femmes démunies
Si ces dernières sont hébergées dans ce foyer, il y a également, à travers la wilaya de Béjaïa, 2 315 vieilles, sur les 3819 personnes âgées, à être démunies et pour lesquelles l’Etat verse une indemnité mensuelle de 3 000 dinars. Selon le directeur de l’action sociale, cette indemnité passera à un million de centimes très prochainement, mais serait-ce encore suffisant ? Vendredi prochain, on consacrera la journée internationale de la femme, et qu’on l’appelle Nana, Setsi ou Djida, la grand-mère a sa place dans la famille algérienne, en général, et la famille kabyle, en particulier. Une romancière américaine a dit : « les oncles, les tantes et les cousins, c’est bien ; les parents, c’est à ne pas négliger mais une grand-mère les vaut tous ». La famille a en effet toujours besoin d’une grand-mère d’autant plus que la société familiale est la base de la société en général et la grand-mère en est le liant. De la tendresse, la Mamie en a à revendre. Une tendresse qui est des plus indispensables aux petits enfants et qu’elle arrive naturellement à leur offrir. Une tendresse qui ne se limite pas aux bonbons et autres douceurs, mais déjà une présence, une écoute, un refuge.
A. Gana