La «fameuse» guillotine
Chaque année le héros Zabana est célébré avec faste alors qu’ils sont pas moins de 214 plus 4 fusillés à avoir subi le même sort.
En prévision de la célébration du 57e anniversaire de l’exécution de Zabana et Ferradj, l’Association nationale des anciens condamnés à mort 1954-1962 a rencontré les représentants de la presse locale. Le programme qui prévoit plusieurs activités en relation avec l’événement se déroulera d’abord à Bouira le 7 juin; à Constantine ensuite et à Oran nous annoncera le vice-président de l’association Aâmi Ali Drafli. En retenant Bouira, les organisateurs ont voulu rendre l’hommage mérité à une wilaya qui a sacrifié ses meilleurs enfants pour la liberté du pays et son Indépendance. Sur 218 condamnés à mort et les 214 exécutés à la guillotine, la wilaya de Bouira compte trois martyrs que sont les Ferradj Abdelkader et Makhlouf, Brahmi Lamnii.
A la question de savoir pourquoi avoir institué «la Journée nationale des 218 condamnés à mort guillotinés par la France coloniale» Aâmi Ali Drafli nous précisera que les objectifs de l’association restent la transmission de l’histoire à la jeune génération qui «saura que l’Indépendance n’est pas venue facilement». Nous voulons aussi à travers ces célébrations dénoncer les crimes de la France coloniale sous l’emprise de De Gaulle.
C’est dans cette optique qu’une lettre des martyrs guillotinés sera adressée à la jeunesse algérienne à l’occasion de cette célébration le 17 juin à la salle Ali-Zamoum. L’autre grande raison de cette célébration demeure le fait que chaque année le héros Zabana est célébré avec faste alors qu’ils sont pas moins de 214 plus 4 fusillés à avoir subi le même sort. «Nous voulons dans notre association réhabiliter les noms de ces martyrs.» En chiffres la wilaya III historique a plusieurs condamnés dont Hamouche Mohamed dit Mouh Touil, le premier; Ali Zaâmoum, Haddadi… et l’exécuté Babouche Mohamed.
Pour la wilaya de Bouira aussi ils sont nombreux à avoir subi le même sort: Ferradj Abdelkader; son frère Makhlouf, Lamnii Brahim ont été exécutés par les défenseurs de la liberté, des droits de l’homme du général De Gaulle. Ali Drafli et Hamraoui Arab de Raffour sont deux rescapés du couloir de la mort. Pour l’histoire aussi, précisons que le premier condamné et exécuté reste un natif de Ath Meddour qui a été guillotiné sur la place publique en 1945 à M’chedallah où avait été déplacée la machine des sinistres Meissonier père et fils. Pour rétablir la vérité historique, l’association créé en 2004 a décidé d’entreprendre des recherches contre un oubli inexplicable et injustifiable et impardonnable.
Dans un petit livret on retrouve plusieurs noms que ni les médias, ni les textes historiques n’ont jamais cité. Ferradj Abdelkader, mort pour la patrie aux côtés d’Ahmed Zabana est né à Oued Aïssa, douar Bourouta daïra de Kadiria. Sa famille compte plusieurs martyrs. Dans le petit livret on retrouve aussi les noms d’autres condamnés comme Lakhlifi Abderahmane que l’intervention de Khroutchev, Eisenhower, le pape n’ont pu sauver des griffes de De Gaulle qui clamait «la justice ira à son terme» en réponse à la demande de grâce. Les frères Bouguendoura, Taled Abderahmane, Louni Arezki, le communiste Fernand Iveton, Belmokhtar Slimane, Aouati Mustapha, Hamdani Adda, Bendjabbar Aoued dit Sabri, Frih Ahmed…. sont autant de noms d’une longue liste que bon nombre d’intentionnés limitaient à Zabana. Sans ôter un soupçon de valeur à la personne du premier guillotiné, le film qui retrace la vie du héros se devait d’aller vers plus de détails et permettre à la nouvelle génération de connaître l’histoire, toute l’histoire et rien que l’histoire d’un pays qui a payé chèrement face à une République assassine: celle de Badinter.