Cela s’est déroulé l’an dernier à Oran: 7 ans de prison pour viol de mineure

Cela s’est déroulé l’an dernier à Oran: 7 ans de prison pour viol de mineure

Bouchra raconte par le menu son calvaire qui lui vaudra, quelques jours plus tard, d’être internée à l’hôpital psychiatrique de Sidi Chami.

Le 6 mars 2016, la jeune Bouchra, 15 ans, se présente à la brigade de gendarmerie de Sidi El-Bachir, vaste conglomérat de 100 000 habitants situé à l’entrée Est d’Oran, pour porter plainte contre deux jeunes de son quartier qui l’auraient kidnappée, séquestrée pendant une semaine et violée en groupe. Accompagnée de sa mère, Bouchra raconte par le menu son calvaire qui lui vaudra, quelques jours plus tard, d’être internée à l’hôpital psychiatrique de Sidi Chami. Elle affirme que son cauchemar a commencé dans la matinée du 25 février 2006 lorsqu’en rentrant chez sa mère, elle a été interceptée par K. Houari et B. Hadj qui, sous la menace d’une arme blanche, l’obligent à les suivre en direction d’une mansarde située à proximité du cimetière.

À l’intérieur de la pièce, recouverte d’une tôle, se trouve un puits où, dit-elle, Houari jette une pierre en la menaçant de l’y balancer si elle n’obéit pas. Les deux jeunes violent l’adolescente à tour de rôle avant de l’enfermer à clef et de revenir, un peu plus tard, accompagnés d’une quinzaine de complices qui abusent de l’adolescente à tour de rôle. S. Bouchra soutient avoir été retenue du 25 février au 5 mars lorsqu’elle parvient à s’échapper et à se réfugier chez sa mère. Le lendemain, elle se rend à la gendarmerie munie d’un certificat médical qui fait état de la présence de traces de viols avec violences.

Devant les gendarmes, K. Houari, 24 ans, vendeur ambulant de légumes, reconnaît avoir eu des rapports intimes avec Bouchra mais avec son consentement. Il revient sur ses déclarations lorsqu’il est interrogé par le juge d’instruction : “J’étais en compagnie de Hadj et de la fille à proximité du cimetière quand 13 personnes encagoulées nous ont attaqués. J’ai paniqué et me suis enfui en les laissant là. J’étais ivre.” À l’issue de l’instruction judiciaire, Houari sera écroué sous les chefs d’inculpation d’association de malfaiteurs (articles 176 et 177 du code pénal), d’enlèvement de mineur de moins de 18 ans (art. 293 alinéa 1) et viol sur mineur de moins de 18 ans (art. 336 alinéa 2).

Recherché, Hadj reste introuvable et un mandat d’arrêt est lancé contre lui en avril 2016. Il sera arrêté deux mois plus tard et écroué pour les mêmes charges que son présumé complice Houari.

Lors du procès, K. Houari clame son innocence et tentera de dépeindre une Bouchra aux mœurs légères qui a l’habitude de “se vendre”, ce que la présidente d’audience lui interdira fermement en le sommant de répondre aux questions qui lui sont adressées. “J’ai avoué au départ parce que j’ai été frappé mais je n’ai jamais violé cette fille. Je suis analphabète et j’ai signé les PV sans les lire”, dira-t-il en substance. De son côté, B. Hadj, 22 ans et employé dans une usine de plastique, rejette les accusations qui pèsent sur lui et affirmera que le viol et le kidnapping sont une invention de la victime présumée.

Dans un réquisitoire enflammé, le ministère public réclamera la peine maximale de 20 ans pour des faits “avérés, prouvés à l’enquête et lors des débats”. La défense, qui rappellera que Bouchra avait déjà été violée et que le coupable avait dû l’épouser pour éviter la prison, tentera de faire accréditer la thèse du complot. “Bouchra a voulu piéger nos jeunes accusés : soit ils payaient ou alors elle portait plainte pour viol et kidnapping”, a-t-elle affirmé que exhibant le certificat médical du médecin légiste qui “évoque d’anciennes cicatrices et déchirures”, stigmates d’anciens viols.

Elle réclamera l’acquittement des prévenus. Après délibérations, la cour déclarera les prévenus K. Houari et B. Hadj coupables et les condamnera à 7 ans de prison en accordant les circonstances atténuantes.