Ce qu’ils pensent de l’action du gouvernement..

Ce qu’ils pensent de l’action du gouvernement..

SI AFFIF ABDELHAMID (FLN) :

«La tâche de Sellal n’est pas facile»

«Ce qui est apparent et patent est que Abdelmalek Sellal de par son expérience et sa parfaite connaissance du terrain et des affaires du pays a immédiatement engagé des actions, et ce, en dépit de beaucoup de contraintes liées, d’une part, au retard enregistré dans plusieurs secteurs en relation directe avec les citoyens et, d’autre part, du fait de l’absence de coordination entre les différents secteurs.

Cette épreuve de coordination n’est pas facile, car je suppose qu’un Premier ministre souhaite choisir son équipe. Depuis sa désignation à la tête de l’exécutif, Sellal s’est attelé à redynamiser et à relancer les secteurs stratégiques pour redonner confiance aux citoyens qui commençaient à désespérer. J’avoue que c’est une tâche qui n’est pas facile. C’est pour cela qu’il a besoin de soutien pour impulser sa stratégie et surtout pour ne pas se discréditer.»

SALHI CHAWKI :

«La continuité d’une politique d’impuissance»

«Sellal, c’est la continuité d’une politique d’impuissance nationale marquée par une revue à la baisse du patriotisme économique de 2008, sous la pression du Printemps de l’OTAN que les diplomates occidentaux continuent de fructifier. La loi sur les hydrocarbures, si peu nationale, est amendée au bénéfice des compagnies étrangères. La règle du 49/51, édictée à l’origine pour tempérer le retour des multinationales, devient une méthode pour privatiser le secteur public. On offre des facilités au patronat qui contribue si peu aux caisses de l’Etat et qui reste centré sur l’importation. Mais on déloge les vendeurs de rue. L’informel n’est toléré, et exonéré d’impôts, qu’à l’échelle du container. On multiplie les emplois précaires qui boostent les statistiques mais qui accroissent la marginalisation, la désespérance et le chômage ressenti. On encourage l’esclavage salarié du privé. Pourquoi ne pas investir l’immense fortune de l’Etat dans des entreprises publiques productives qui procurent des emplois décents. A un an des présidentielles, alors que les lutte sociales sont toujours aussi importantes, un sentiment d’impuissance, un vide de perspectives s’est installé.»

SIDI SAÏD ABDELMADJID (SG DE L’UGTA)

«Sa démarche est pragmatique et consensuelle»

«En dehors de sa technicité, Abdelmalek Sellal a un avantage indéniable. Il a le sens de la communication. Il s’agit là d’une approche très importante. En communiquant sur un ensemble de questions d’actualité, il a réussi à agir en moment opportun et à prendre en charge les problèmes posés. Le Premier ministre est une personnalité humble. On peut lui faire confiance. Cela dit, en six mois d’exercice, on ne peut établir un bilan, mais on peut dire que sa démarche est à la fois pragmatique et consensuelle. Lorsqu’on possède ce capital, on avance bien.»

MEBTOUL ABDERRAHMANE (ANCIEN MINISTRE ET EXPERT ÉCONOMIQUE)

«On ne peut rien reprocher à Sellal»

Abdelmalek Sellal a hérité d’une situation donnée. On ne peut lui reprocher quoi que soit. C’est un homme de dialogue. Mais d’un autre côté, il ne peut rien faire, car nous sommes dans un régime présidentiel. La Constitution actuelle ne lui confère aucune autorité. Le dernier mot revient au président de la République. Le Premier ministre est un excellent gestionnaire mais il n’a pas les coudées franches pour élaborer sa stratégie. C’est un homme propre mais c’est un simple exécutant. On ne peut lui imputer la responsabilité d’un éventuel échec.»

MUSTAPHA BOUCHACHI (AVOCAT ET PARLEMENTAIRE DU FFS :

«Il n’a pas de prérogatives»

Abdelmalek Sellal est un Premier ministre qui n’a pas de prérogatives, donc il est difficile de le juger. Lui-même avait dit : je n’ai pas de programme et je suis là pour appliquer le programme du président de la République. C’est un simple exécutant de Bouteflika. C’est pour cela qu’il est difficile de se prononcer sur son travail ou sur ce qu’il a fait durant ses premiers six mois à la tête du gouvernement. C’est vraiment difficile de se prononcer. Sur le plan médiatique, il a tenu des propos mal placés. Je considère que la revendication des jeunes du Sud est légitime et ce que propose le gouvernement est insuffisant. D’une manière générale, c’est tout le pays qui est mal géré sur tous les plans. Avec cette situation, on risque d’aller droit vers une catastrophe. Mais je tiens à le dire : ce n’est pas le Premier ministre en tant que personne qui est responsable mais plutôt le système politique qui est défaillant.»

MUSTAPHA MEKIDECHE VICE-PRÉSIDENT DU CNES) :

«Son style de gouvernance est nouveau»

«Je crois qu’en six mois, il est difficile de procéder à une évaluation. Cependant, je me permets de dire que sur le plan du management et du style de gouvernance, Abdelmalek Sellal a imprimé une nouvelle démarche. C’est un style nouveau et intéressant. L’écoute de la proximité est quelque chose d’important. Mais est-ce suffisant pour réaliser le programme qu’il a présenté ? Son agenda est déstabilisé par les nouvelles donnes sociales et sécuritaires, ce qui risque de perturber son action gouvernementale. Il a certes pris des mesures pour faire face à ces situations, mais est-ce encore une fois suffisant ? C’est tout l’enjeu et la problématique de la période qui nous sépare des présidentielles de 2014.»

MAHMOUD RACHEDI (PORTE-PAROLE DU PST) :

«Son gouvernement garantit les intérêts du patronat»

«En septembre passé, soit quelques jours seulement après la nomination de Sellal à la tête du gouvernement, nous avons rendu publique une déclaration dans la quelle nous avons dit que la composante du gouvernement et les premiers projets présentés à l’Assemblée nationale (lois sur les hydrocarbures, loi de finances, code du travail, etc.), contredisent entièrement la nature du technocrate qu’est Abdelmalek Sellal. Le temps nous a donné raison. Sellal et son équipe ont aujourd’hui une mission : celle de subir toutes les pressions. Pour preuve, c’est sous Sellal que l’Algérie a donné 5 milliards de dollars au FMI et que la venue de Lagarde nous rappelle celle de Camdessus au milieu des années 90 avec une feuille de route bien précise. Sellal et son équipe représentent pour nous une démarche qui garantit les intérêts du patronat et des multinationales. Nous voulons une politique de développement du pays qui offre l’emploi pour l’intérêt national.»

ABDEREZAK MOKRI (MSP) :

«Il n’y a aucune différence avec ses prédécesseurs»

A mon sens, il n’y a pas de différence avec les autres gouvernements. Ils se ressemblent tous et se succèdent à euxmêmes. Pour moi, comme pour tous les Algériens, il n’y a aucune différence avant Sellal, pendant Sellal et après Sellal. Lorsque nous pourrons dire notre avis sur le gouvernement, lorsqu’on aura la possibilité d’engager des opérations de contrôle et de suivi de la gestion des affaires publiques, là on pourra alors réellement engager une évaluation de l’exécutif. Avec l’avènement de Sellal à la tête du gouvernement, il y a une aggravation de la situation tant sur le plan de la corruption, que sur le plan sécuritaire. Sur le plan économique, c’est le statu quo.»

KHALED BOURAYOU (AVOCAT) :

«Il a un style d’homme de dialogue»

Ce qu’a réalisé le gouvernement Sellal durant ses six premiers mois, c’est à la fois peu et beaucoup. Mais on peut dire que Sellal a un style d’homme de dialogue et de concertation en raison de la richesse de ses qualités humaines. Il est un peu tôt pour porter une appréciation sur la réalisation des objectifs économiques et sociaux que son équipe s’est assignés. Mais, je trouve que la conjoncture actuelle marquée par les scandales de corruption est une occasion pour le Premier ministre de marquer sa perception du rôle de la justice dans la prise en charge de cette pandémie qui doit être éradiquée. Le statut de l’avocat actuellement au niveau de l’APN est un autre test pour pouvoir juger de la perception de Sellal des droits de la défense comme fondement de la protection des droits des justiciables et comme base d’un procès équitable.»

DJELOUL DJOUDI (PT) :

«On ne peut faire une évaluation en six mois»

«Il y avait de bonnes intentions dans le programme qu’il a présenté à l’APN. Mais en six mois, on ne peut faire une évaluation. Il est prématuré de dire qu’il a atteint ou non ses objectifs. Certes, il a pris des mesures, mais ça reste insuffisant. Il faut qu’il prenne des décisions importantes à l’image de la mesure que nous qualifions de «discrimination positive» au profit des populations du sud du pays. Mais, il n’en demeure, qu’il est encore prématuré de faire une quelconque évaluation du bilan du Premier ministre. Par contre, on peut dire qu’il y a quelque chose qui est en train de se réaliser sur le terrain.»

Propos recueillis par Abder Bettache