Il faut comprendre que malgré les apparences, l’enjeu actuel n’est pas la succession, c’est le maintien de l’exécution de la feuille de route avec, à la clef, la privatisation du secteur des hydrocarbures.
Qui sera le successeur de Bouteflika ?
L’objectif de la feuille de route est de maintenir la politique économique et sociale jusqu’au tarissement des exportations d’hydrocarbures (dans moins de dix ans) programmé par Chakib Khelil, ce qui va amplifier les besoins en endettement externe. Mettez-vous à la place de ceux qui ont investi pendant presque vingt ans pour amener l’Algérie là où elle est aujourd’hui. Ils sont prêts à mettre la main à la poche à condition qu’ils soient correctement rémunérés.
La population algérienne dans sa majorité, les affairistes importateurs, les islamistes, heureux de voir que rien ne va changer au niveau de leur vie quotidienne, vont applaudir des deux mains.
Certains analystes nous disent qu’il existe trois forces en présence qui s’affrontent pour la succession: l’alliance FLN/RND, l’armée autour de son chef d’Etat-major et les hommes d’affaires. En réalité, il n’y a qu’une seule force qui est à Zéralda (soutenue par ses parrains étrangers) et qui s’appuie effectivement sur ces milieux pour exécuter sa feuille de route. Le Président de l’immobilisme destructeur restera sur son trône jusqu’à la fin de son mandat si sa santé le permet.
Toutefois, il est impératif qu’il nomme Chakib Khelil en tant que Chef de gouvernement pour mettre en place la politique d’endettement et de privatisation. Il est possible que la dégradation de l’état de santé de Bouteflika soit à l’origine d’un plan d’intronisation précipité qui n’est pas approuvé par l’ensemble des clans.
Le clan présidentiel va s’atteler à supprimer les derniers obstacles (que l’argent n’a pas pu acheter) en muselant les médias et les partis hostiles afin de créer les conditions permettant de nommer cet illustre hors-la-loi international comme Chef de gouvernement. Une fois à ce poste, Chakib Khelil pourrait se prévaloir d’être le candidat à la succession en cas d’élection présidentielle anticipée. S’il y a du « grabuge » au niveau de la population, il y aura toujours la possibilité de recourir à la technique du conflit de basse intensité (avec l’aide des parrains) pour instaurer l’Etat d’urgence.
Il suffirait que Chakib Khelil, une fois nommé Chef de gouvernement, annonce une hausse des salaires pour les fonctionnaires et le maintien de toutes les formes de subventions. Tant qu’elle conservera ses acquis immédiats, la population algérienne ne bougera pas. On se rappelle que personne ne s’est opposé au vote de la loi scélérate sur les hydrocarbures en 2005. Le peuple a pris l’argent et a fermé les yeux.
Les démocrates n’ont rien compris à l’alliance tacite qui existe entre le régime, les affairistes et les islamistes. Les affairistes, sans attaches nationales, ont neutralisé par la force les investisseurs créateurs d’emplois au niveau du FCE. Les islamistes qui ont une vision à long terme, continueront à observer une trêve tout en constituant un trésor de guerre à partir de la grosse part du gâteau de l’import qui leur a été affectée. Ils participent activement à la destruction de l’école algérienne (qu’ils contrôlent entièrement) car c’est un objectif qu’ils partagent avec le régime. Ils sont partie prenante de la stratégie américano-wahhabite et attendent patiemment d’hériter du pays quand il sera réduit en cendres. Pour eux, le califat naîtra du chaos constructif.
Epilogue
- Une mission du FMI s’est déplacée durant le mois d’octobre 2014 à Alger pour prêcher que « s’il n’y a pas de changement de politique, l’Algérie risque d’ici vingt ou vingt-cinq ans de se retrouver avec une position financière extérieure négative ». Quelle blague ! Le FMI, à qui Bouteflika a généreusement prêté 5 milliards de $ qu’on ne reverra jamais, nous a prédit au moins vingt années de bien-être. Une année plus tard, il nous sort un autre son de cloche.
- Si le Maroc a construit des ports en eau profonde pour exporter plus de voitures et une centrale solaire pour réduire sa dépendance aux hydrocarbures, l’Algérie se prépare, en période de disette, à emprunter plus de quatre milliards de dollars auprès des Chinois pour construire un port géant dans un site touristique afin d’importer des voitures, ce qui va rapprocher la date où elle sera contrainte d’importer du pétrole et du gaz naturel. L’Algérie va donc utiliser des prêts pour financer d’hypothétiques activités d’importation. Par ailleurs, Sonatrach annonce un programme de 4 milliards de dollars pour sauver Hassi R’mel (gisement saboté sur instruction de Chakib Khelil). Ainsi, Sonatrach va contribuer à augmenter très rapidement les niveaux de la dette publique. Il est clair que seule la commission de 3% (facilitée par la mainmise sur le management des entreprises publiques du secteur de l’énergie) peut expliquer cette dérive. Ces deux exemples illustrent la continuité de la feuille de route du régime: s’enrichir et saboter pour rapprocher l’échéance du chaos avec, hélas, le silence complice de nos intellectuels.
Il faut espérer que des personnalités algériennes de la société civile, notamment les personnalités historiques intègres, recouvrent leur dignité et dénoncent le complot en cours d’exécution pour éviter que d’autres figures internationales interviennent à nouveau pour sauver cette nation qui a vu le jour grâce au sang de nos martyrs.
Un indien, Hugo Chavez, est venu, en 2006, nous secourir en combattant, comme ses ancêtres, les méchants Yankees. Si on ne fait rien, Hollywood va bientôt rectifier le scénario du western et tuer tous les indiens algériens qui n’ont pas de patrie de rechange.
« Si tu parles, tu meurs. Si tu te tais, tu meurs. Alors, dis et meurs », Tahar Djaout.
Sid Kaci