Ce que pensent les éditeurs du Sila 2018

Ce que pensent les éditeurs du Sila 2018

Par 

Sofiane Hadjadj, Editions Barzakh

«Les lecteurs ont envie de lire des livres algériens»

Au regard de la situation du pays, les finances qui ne vont pas bien, on parle d’inflation, de cherté de la vie, on avait un peu peur que ça se répercute sur la vente de livres. Eh bien, on est très surpris de ce qui se passe parce qu’il y a un engouement certain pour le livre. J’ai l’impression qu’il y a encore plus de public que d’habitude et non seulement il y a du public, mais les gens achètent des livres et ils achètent aussi nos livres. On s’attendait à ce que les gens aillent acheter des livres dits «utiles» c’est-à-dire les livres universitaires, scolaires, parascolaires, des dictionnaires, des livres pour enfant Eh bien non, ils achètent aussi des romans et des essais sur l’histoire de l’Algérie et ils achètent beaucoup. Ce qu’on constate aussi c’est qu’il y a une grande demande des lecteurs algériens pour des livres algériens écrits par des Algériens sur l’Algérie. Sur l’histoire de l’Algérie, sa sociologie, des romans qui se passent en Algérie, je dirais tous points de vue confondus, il n’y a pas une orientation particulière et ça c’est vraiment notable. J’insiste sur ce point les lecteurs ont envie de lire des livres algériens, au sens très large du terme. Je rajouterai une chose c’est que malheureusement ni les organisateurs du salon, ni les institutions publiques en charge de la question du livre, au ministère de la Culture, la direction du livre etc. ne font des études d’analyse de ce public, des statistiques, des sondages pour savoir ce que les gens lisent, pourquoi ils lisent, quand lisent-ils? Quel budget accordent-ils à la lecture etc. et hélas on peut regretter de ne pas posséder les outils pour le faire car cela nous aiderait beaucoup.

Samia Zennadi (coéditrice à Apic)

«Nous avons un gros problème de distribution»

Comme d’habitude le salon a drainé beaucoup de monde. Beaucoup de gens sont venus des différentes wilayas du pays. Ça confirme une chose, c’est que nous avons un gros problème de distribution vu que les gens qui viennent, découvrent pratiquement nos

livres. On est là depuis 15 ans, mais apparemment, nos livres ne sont pas disponibles dans les librairies même à Alger, vu que ces dernières, soit elles sont petites, soit elles ne possèdent pas beaucoup d’espace pour exposer tout le catalogue des éditeurs. Aussi, il n’y a pas de travail de communication autour. S’il y a un livre qui manque, le libraire n’a pas le réflexe d’appeler le distributeur pour fournir sa librairie en livres qui sont demandés. Ceci est un premier constat. Côté influence, c’est vrai que tout le monde applaudit, nous les premiers, parce que ça nous a permis quand même d’écouler beaucoup d’exemplaires de nos titres, mais on devrait plutôt, en vrai, régler ce problème de distribution. Ce salon pose déjà le problème de la distribution des livres et devrait trouver une solution pour que les livres soient disponibles sur tout le territoire de l’Algérie.

Les lecteurs qui viennent ici au salon sont nombreux effectivement, par contre, les bibliothèques municipales sont absolument absentes, pareil pour les centres de recherches. Pourtant, nous avons une collection d’essai qui pourrait intéresser les chercheurs.

Les institutions qui sont censées fournir même pour un lecteur qui n’a pas les moyens d’acquérir un livre, ne viennent pas. J’entends la bibliothèque du quartier, la bibliothèque du lycée etc. Je parle des espaces de médiation qui sont entre l’éditeur et le lecteur qui permettent au texte de circuler. Car ce qui est important, ce n’est pas qu’on fasse un chiffre d’affaires dans ce salon, mais qu’on puisse avoir un contact pendant l’année avec les gens et ces institutions, notamment pour que les livres puissent circuler et c’est ce qui manque. On commence à être fatigué et usé car durant l’année on est invisible.