Alors que le tourisme a connu une baisse de 50% depuis la révolution du Jasmin
Le tourisme représente 7% du PIB et 400 000 emplois, dont 10% ont été perdus après la révolution du Jasmin. Un Tunisien sur 10 vit de ce secteur, alors que le taux de chômage a pratiquement doublé pour atteindre 800 000 chômeurs sur une population active de 3,5 millions.
Les Tunisiens nourrissent l’ambition de sauver le tourisme et de revenir à la situation d’avant la révolution du Jasmin quand ce secteur fonctionnait à 80 et 85% de ses capacités. Alors que la clientèle algérienne a été orientée vers la Turquie, l’Espagne, le Maroc ou encore la Grèce, les Tunisiens mobilisent toutes leurs ressources afin de pouvoir récupérer ce réservoir fort de 1,2 million de touristes algériens/an. Habib Bouslama, le président de la Fédération du tourisme du Cap Bon, est rassurant. “Les Algériens sont toujours les bienvenus. Qu’ils viennent les yeux fermés car ils sont chez eux. Certains médias tunisiens doivent cesser de faire peur aux gens car la révolution n’est pas faite pour s’attaquer aux hôtes, mais pour une vie décente.
Il faut savoir que ces gens ne sont pas des criminels, mais ils veulent seulement travailler. Aucun étranger n’a été blessé ou tué”, a-t-il dit. Aux yeux du patron de la chaîne Nahrawess de Hammamet-Nord, certains veulent s’approprier ces acquis et créer un climat d’insécurité au nom de la religion. Du coup, révèle-t-il, le tourisme a perdu 50% des recettes. “Nous avons besoin de récupérer et vite. Le client algérien veut dire beaucoup de choses pour nous et vous le savez tous. Quel que soit le régime, même islamiste, personne ne pourrait se passer du tourisme qui est la vraie locomotive de notre économie”, commentera encore M. Bouslama. Notre interlocuteur estime que “tout le monde doit combattre ces gens-là (les salafistes, ndlr). Du reste, quand on est au sommet d’un État, les choses changent, la visibilité aussi. Toute l’ambition est là. D’ailleurs, le tourisme a repris malgré ces clichés que certains veulent imprégner dans les esprits. La reprise est quantitative, mais elle devra être meilleure dès cette saison. Car, à ce stade, nous sommes encore loin de nos ambitions”.
En ce sens, les experts estiment que l’année 2011 ne devra pas être une référence, sachant qu’en 2008 la Tunisie a enregistré 7 millions de touristes, dont 3 millions de Maghrébins.
Raison pour laquelle M. Bouslama émet le vœu de voir les Algériens venir en force cet été, avec tous les atouts que ce secteur leur offre chaque année. “Même le simple citoyen tunisien n’attend naturellement que cela. Il faut savoir que seulement 300 000 Algériens séjournent dans les hôtels, le reste est habitué à louer chez des citoyens ou des agences immobilières. Mais nos médias doivent être un peu plus responsables et d’arrêter de porter préjudice au tourisme. Peut-être qu’ils ne le font pas exprès, mais la réalité est là !”
Estimant que toutes les mesures de sécurité sont prises et que l’ordre public devra régner par la force de la loi, M. Bouslama révèle que “tous les dispositifs sont mis en place. Ils sont invisibles certes, mais très efficaces. Le tourisme a besoin de beaucoup de sécurité. Nous sommes obligés de faire régner la sécurité totale. Il n’y a pas de sécurité à moitié. La démocratie n’est pas une gabegie, encore moins un prétexte pour l’anarchie. Les Tunisiens sont de bons vivants et ont besoin d’un gouvernement de technocrates”.
Farid Belgacem