L’opération d’éradication des marchés informels entamée il y a quelques jours, s’est poursuivie ce matin à Bachdjarah. D’importants moyens ont été mobilisés par la police et des incidents ont été signalés.
C’était hier, aux environs de 4 heures du matin, que les brigades d’intervention ont investi les lieux. Un impressionnant dispositif sécuritaire a été déployé dans tous les endroits squattés par les vendeurs. Les services de la sûreté de wilaya d’Alger ont mobilisé des officiers supérieurs pour l’exécution de cette opération. Des commissaires principaux, des lieutenants de police géraient les opérations d’éradication de ces marchés. Ainsi, des brigades de la police judiciaire relevant de la sûreté de wilaya d’Alger ont supervisé l’opération, en coordination avec les équipes d’intervention de la Protection civile. Les agents communaux de la voirie ont commencé le travail d’assainissement vers 6 heures du matin. Les camions d’Asrout étaient chargés du transport des détritus. Les éboueurs, eux, ont trouvé des difficultés pour enlever les ordures. Une odeur nauséabonde se dégageait des lieux en cette matinée, ce qui a poussé les camions à arroser les rues et les trottoirs. L’opération a duré jusqu’à 10 heures. Elle s’est déroulée dans le calme à la grande satisfaction des habitants de ce quartier. L’opération a touché toutes les ruelles secondaires et les trottoirs squattés par les vendeurs. Cette opération coup-de-poing s’inscrit dans le cadre du plan mis en place par le ministère de l’Intérieur pour éliminer les marchés informels dans toutes les villes du pays. Lors de notre passage en début d’après-midi d’hier au célèbre marché T’nach, des habitants de la rue Bouguerfa ont exprimé leur soulagement. «On était condamnés à fermer nos fenêtres tous les jours de l’année. La nuit, on souffrait des mauvaises odeurs. C’était insupportable. Notre quartier est devenu une décharge à ciel ouvert», affirme un riverain, natif de ce quartier populaire. Un jeune homme intervient pour affirmer que les habitants des rez-de-chaussée des immeubles ont dû barricader leur appartement. «On n’était pas libres dans notre propre maison. On entendait des obscénités. Ce marché est le théâtre de bagarres et de rixes. On avait peur pour nos enfants», raconte-t-il. A Laâqiba, c’est la fête, étant donné que les habitants ont déjà saisi les services de sécurité et les autorités locales pour mettre fin à la présence des marchands ambulants. «On a vécu un mois de Ramadan infernal. Des bagarres et des agressions armées étaient notre lot quotidien. L’insécurité régnait et les délinquants ont imposé leur loi. Le marché informel est devenu un foyer de la délinquance où on vend de la drogue, des psychotropes et où presque tout le monde porte une arme blanche», affirme un des pétitionnaires de la lettre adressée aux services de sécurité leur demandant d’intervenir.
Alger : 200 marchés informels et 5 000 vendeurs ambulants
«L’opération se poursuivra graduellement et touchera toutes les communes de la capitale », indique un officier de la sûreté de la wilaya. Et pour empêcher toute fuite, les policiers ne sont informés qu’à la dernière minute du lieu de leur intervention. Selon les chiffres de la direction du commerce de la wilaya d’Alger, plus de 5.000 vendeurs ambulants activent dans la capitale alors que le nombre de marchés informels dépasse 180. «L’Etat ne va pas abandonner ces jeunes. Nous allons les prendre en charge après étude des cas afin de les insérer dans le circuit commercial légal», affirme un cadre de la wilaya.
Entre regrets et soulagement
Des habitants de Belouizdad évoquent les conséquences du marché informel sur la santé publique. «On y expose des produits alimentaires périmés et des cosmétiques en l’absence de contrôle», signale un riverain. Un avis qui n’est pas partagé par des ménagères habituées à faire leur marché dans ces lieux. «Les prix sont abordables ici. C’était le marché des pauvres», regrette une dame. De même pour cette mère de famille qui venait de Bouzaréah pour acheter des fournitures scolaires à ses enfants. «Mais où vais-je trouver des produits abordables ?», s’interroge-t-elle.
R. K.