Les automobilistes, empruntant la rocade sud, aux confins de Saïd Hamdine à 11 heures, se souviendront encore longtemps de ce dimanche. Au niveau de la bretelle menant au Paradou, en contrebas de la Cité Malki, la procession s’arrête.
Les habitués de ce couloir n’y voient dans un premier temps que le ralentissement coutumier à l’amorce du virage, ou, dans le pire des cas un petit incident sans gravité. Mais au premier quart d’heure d’attente, les nerfs commencent à être mis à rude épreuve.
On commence déjà à régler son compte au paquet de cigarettes et au CD douteux retrouvé dans le coffre, mais dont les beuglements de chansonnier de pacotille passent pour des envolées de Pavarotti.
Et malheur à ceux qui n’ont pas de lecteur ou de sèches. Les klaxons commencent à «aboyer» sans que Amar Ghoul, impliqué à son corps défendant et partie prenante dans les exécrables cauchemars diurnes des automobilistes, ne les entende.
Et puis tilt ! Foncer sur les ondes nationales dans l’espoir d’entendre, l’info qui libère, un bulletin d’avisés qui avisent de ce qui se passe réellement et des options à prendre. En vain ! Ni sur Radio el Bahdja, ni sur la Une, ni sur la Deux , ni sur la Trois.
En plein désarroi, on furète à gauche et à droite dans l’espoir de voir police ou motard, pour une fois délaissant l’oeil mauvais et le calepin des PV au profit de l’orientation civique tant attendue. Les deux seules voitures à gyrophares qu’on capta étaient engluées, toutes sirènes dehors dans cette véritable «gadoue circulatoire ».
Ce qui n’a pas dû manquer de nourrir, au demeurant, un cynisme revanchard bienvenu chez pas mal d’usagers, on s’en doute ! En revanche , la sirène de détresse d’une ambulance tentant de se frayer une voie comme le ferait un pachyderme dans le chas d’une aiguille, en dépit de la bonne volonté et la concession des cloués au volant, suscita inquiétude et perplexité et ces voeux pieux : s’il s’agissait d’un grand malade, pourvu qu’il tienne le coup.
Un dernier regard , côté gauche, soulève un véritable fantasme à voir cette circulation fluide venant dans le sens opposé. Puis retour au cauchemar. Première. Point mort. Frein à main. Démarrage pour une fraction de seconde.
De nouveau, arrêt. Un jeu inédit pour le hit parade de l’humour noir comme on en vit rarement.100 mètres parcourus, que dis-je ? poussés en 25 minutes. Pourvu que la bagnole ne chauffe pas, que le moteur tienne, que l’essence ne file pas si vite.
Cahin caha serait encore beaucoup dire. À 13 heures enfin, soit exactement 120 minutes depuis le début de la galère, on arrive enfin sur les «lieux du crime» au niveau à hauteur de Cevital où semble- t-il un container s’est couché.
«Dans l’oeil de l’endroit » suivant la formule consacrée, plein de policiers et de sapeurs pompiers alors qu’une fourgonnette s’affairait à récupérer des cartons de …bananes. Ultime crasse : alors que la chaussée était dégagée, le service d’ordre en place contraignit les conducteurs harassés à une déviation par le carrefour des vergers où un autre bouchon les attendait.
Le calice jusque la lie ! Au-delà de la narration de ce triste épisode, il y a lieu de s’interroger encore une fois ce genre d’incident n’étant pas unique en son genre, sur l’aptitude des différents services d’Etat concernés , à gérer ce genre de situation.
De ce point de vue, et alors que les travaux publics sont toujours empêtrés dans des tronçons d’autoroute qui ne finissent jamais, la communication intéressant aussi bien les services routiers de la police ainsi que les médias radiophoniques a eu l’occasion par là de faire montre de son insuffisance criarde.
C’est comme si toutes les parties impliquées dans la gestion de la route éprouvent le besoin de tels intermèdes pour se gausser des déboires du contribuable qui nourrit leur fiche de paie. En tout état de cause, il n’y a qu’eux pour en rire. Et ce sera toujours un rire jaune !
N.B.