Catalogne : la lutte dans la clandestinité ?

Catalogne : la lutte dans la clandestinité ?

Alors que Carles Puigdemont avait affirmé qu’il ne s’était pas rendu en Belgique pour demander l’asile, son avocat assure que son client ne retournera pas en Espagne étant donné que “le risque est grand qu’il soit arrêté”.

Destitué par Madrid, Carles Puigdemont, le président indépendantiste catalan, ne se présentera pas aujourd’hui devant la justice espagnole, a affirmé son avocat hier. Et pourtant, il avait assuré la veille qu’il ne s’était pas rendu en Belgique pour demander l’asile politique. Faut-il croire que Carles Puigdemont a opté pour la clandestinité pour mener sa lutte contre le gouvernement espagnol pour l’indépendance de la Catalogne ? C’est une hypothèse désormais plausible au vu des déclarations de son défenseur, qui a estimé que “le risque est grand qu’il soit arrêté”. Ce dernier a également affirmé mardi soir dans le programme d’actualité Nieuwsuur de la chaîne publique néerlandaise NOS qu’“il ne pensait pas que son client avait l’intention dans les semaines à venir de rentrer en Espagne”.

“Dans la mesure de ce qu’il m’a dit, cela n’aura pas lieu”, a affirmé l’avocat belge des droits de l’homme, Paul Bekaert. “Parce que nous souhaitons attendre les réactions à venir du gouvernement espagnol pour voir ce qu’il se passera ensuite”, a-t-il ajouté. Selon lui, il n’est pas “nécessaire” que l’Espagne introduise une demande d’extradition aux autorités belges : “J’ai déjà traité un grand nombre d’affaires avec des Basques espagnols et un interrogatoire a simplement eu lieu ici (en Belgique mené) par la police locale.” Me Bekaert juge qu’il est “prématuré” de dire si Carles Puigdemont aura un procès équitable en Espagne, “mais c’est certainement un argument que nous allons utiliser dans le cas d’une éventuelle demande d’extradition”. Rappelons que la justice espagnole a convoqué mardi Carles Puigdemont et treize de ses “ministres”, qui sont appelés à comparaître aujourd’hui et demain en vue de leur inculpation.

Saisie lundi par le parquet, une juge d’instruction de l’Audience nationale, juridiction siégeant à Madrid et chargée des affaires complexes, a requis des poursuites notamment pour rébellion et sédition. Ces chefs d’inculpation sont passibles respectivement d’un maximum de 30 et 15 ans de prison.

Carles Puigdemont et son cabinet risquent s’ils se présentent d’être placés en détention provisoire, comme deux présidents de mouvements associatifs indépendantistes écroués à la mi-octobre pour “sédition”.

Démis de ses fonctions par Madrid le 27 octobre, quelques heures après la proclamation unilatérale de la “république” catalane, Carles Puigdemont s’est rendu en Belgique lundi alors qu’étaient concrètement enclenchées les mesures de mise sous tutelle par Madrid des institutions catalanes.

Installé à Bruxelles avec une partie de son gouvernement destitué, Carles Puigdemont a expliqué lors d’une conférence de presse mardi qu’il comptait rester en Belgique avec quelques-uns de ses “ministres” pour “expliquer au monde les défaillances démocratiques de l’État espagnol”. Il a par ailleurs affirmé qu’il ne demanderait pas l’asile politique en Belgique, mais a prévenu qu’il ne reviendrait pas en Espagne sans l’assurance de bénéficier d’un procès impartial, accusant le parquet de nourrir un “désir de vengeance” à son endroit.

Merzak T./Agences