A Bejaïa, l’été ne rime pas forcément avec plage, baignade et détente sous le parasol. De nombreux autres sites, notamment ceux situés dans l’arrière-pays, s’avèrent une alternative de choix pour les vacanciers afin de fuir la canicule et profiter comme il se doit du farniente.
L’un de ces endroits les plus prisés par les estivants est sans nul doute les chutes de Kefrida. Un espace où Dame nature a savamment mêlé verdure, montagne et cascade. Le tout dorloté par un microclimat aux conditions idéales. « Il y a deux ans, cet endroit hautement fréquenté était agressé par toutes sortes d’immondices. Des sachets en plastique et les restes de nourritures s’incrustaient partout. Cet été, ce phénomène semble s’estomper », remarque un Algérois venu en famille redécouvrir la cascade. Pour rejoindre les cascades de Kefrida, on doit détacher le regard de la mer et prendre le chemin sinueux qui monte vers les gorges de Kherrata depuis la ville de Souk El Tenine, située à moins de 30 km de Bejaïa. Dès qu’on quitte Souk El Tenine, l’œil est vite happé par la beauté des montagnes qui tiennent compagnie aux usagers de cette route très fréquentée, même par les engins de gros tonnage.
La prudence est donc de rigueur, surtout pour ceux qui empruntent cette voie pour la première fois, tant les virages et les sommets de côte n’offrent pas suffisamment de visibilité. Sur une grande partie de ce parcours, l’eau de l’oued qui dévale vers le littoral, slalome subtilement le long du lit de la rivière parallèle à la route. Profitant du dense flux des voitures qui y transitent, de nombreux artisans et commerçants spécialisés dans la vente d’articles de souvenir, de plage et d’habits traditionnels tiennent boutique sur les bords de ce tronçon. Les affaires marchent bien, tant les clients et les curieux sont nombreux à s’y arrêter.
Après Souk El Tenine, on traverse d’autres localités, entre autres Iremane et Aït Anane. En continuant l’ascension, les paysages gagnent superbement en beauté. Au loin, on distingue des villages tantôt perchés tantôt nichés dans la montagne. Dans ces contrées, il n’est pas rare de croiser des singes trônant sur les majestueux arbres qui délimitent les lisières des forêts. Sur la route aussi, on peut acheter, à des prix raisonnables, des figues et des raisins, cultivés sur les champs abrupts des alentours. Après une trentaine de minutes de trajet, une plaque indique enfin l’arrivée aux cascades de Kefrida. On quitte donc la route nationale avant de bifurquer à droite pour emprunter une petite piste bitumée. Au bout de celle-ci, des gardiens de parkings (pas du tout menaçants) indiquent aux familles l’aire de stationnement qui leur est réservée. Celle-ci se situe un peu plus haut que celle réservée aux jeunes venus en groupe ou seuls. « Ici, vous ne craignez rien, il n’y a aucun risque chez nous », lance le responsable du parking. Selon lui, il est important que ce site ait une bonne réputation. Car cela va de la bonne notoriété de la région et de la bonne marche des affaires. Le prix du parking y est fixé à 100 DA. Tout autour de celui-ci, des buvettes et des gargotes sont pleines à craquer de clients. Les prix pratiqués ne sont pas exorbitants comparativement à ceux de la côte. Ici, l’eau ne manque pas. Des sanitaires réservés séparément aux femmes et aux hommes y sont ouverts H24. Seule ombre noire au tableau, l’étroitesse des espaces réservés aux ordures. Pour atterrir au site paradisiaque des cascades, on doit traverser une route piétonnière cimentée cernée de part et d’autre par des commerces de produits de fantaisie jusqu’aux bijoux en argent incrustés de corail.
Au milieu du Souk, on aperçoit à la droite un escalier métallique qui mène vers les étangs creusés à même la roche par la force de l’eau qui déboule en puissance sur la paroi raide de la cascade. Des jeunes et des familles gravissent et descendent les marches dans une procession infinie. En poursuivant la découverte du Souk et juste à sa limite, on découvre fasciné toute la beauté des lieux. De la hauteur où on se trouve, on domine les étangs où barbotent des dizaines de jeunes et de moins jeunes. Parmi ces derniers, il y a même ceux qui escaladent la raide pente des chutes pour ensuite se lancer dans le vide en plongeant dans les eaux froides de la piscine naturelle qui s’est formée au pied de la cascade. Chaque saut est salué par des acclamations nourries. Un défi que seuls les habitants de la région relèvent. Pour immortaliser cette communion avec la nature, un photographe professionnel offre ses services aux visiteurs. Impossible de ne pas y succomber. « J’ai pris une photo avec le petit singe, le faucon et le paon en même temps. Et cinq minutes après, le photographe m’a remis mon portrait et en prime dans un cadre. Le tout pour 400 DA. Soit 200 pour la photo et 200 pour le cadre », confie un touriste européen. Le temps passe vite aux cascades de Kefrida. Et on est obligé de redescendre à la côte. « Tous les hôtes nous promettent de revenir. Pour nous, c’est une reconnaissance hors de prix », se félicite un commerçant, habitant Amridj. Une localité non loin de ce site de toute beauté.
Amirouche Lebbal