Alors que la Caisse nationale des assurances sociales et des travailleurs salariés (CNAS) a gelé environ 90 000 cartes Chifa, en raison de la fraude, l’Association de protection et d’orientation du consommateur et son environnement (APOCE) a demandé audience auprès du ministère du Travail en vue de défendre les intérêts des assurés, notamment, ceux atteints de maladies chroniques. Considérant légitime de demander d’amples explications au sujet de la mesure, qui porte souvent atteinte au droit des assurés d’avoir accès aux soins, le président de l’APOCE, Mustapha Zebdi a regretté que la rencontre avec des cadres du ministère du travail n’ait pas éclairci certains points à ce sujet. « Est-ce que le blocage de la carte chifa est une procédure réglementaire ? Y-a-t-il une instruction ou une décision centrale, ou des décisions individuelles prises par les directeurs d’agences eux-mêmes ? Ce sont autant de questions restées sans réponses », a regretté Mustapha Zebdi, joint, hier, par nos soins au téléphone.
Tout en rappelant que son association « a reçu plusieurs requêtes par les assurés, qui ne comprennent pas les raisons ayant poussé la Cnas à bloquer leur carte chifa », le président de l’APOCE a appelé cette dernière à réfléchir à d’autres mécanismes pour lutter contre l’abus de consommation des médicaments sans prendre en otage les malades. Une chose est sûre, il dira que « certains assurés n’ont même pas été notifiés que leur carte sera bloquée, ce qui nous pousse à se poser des questions». Qualifiant la situation de « déplorable», notre interlocuteur a fait savoir que l’APOCE a demandé audience auprès du ministère du Travail dans la perspective d’« éclaircir les choses », mais malheureusement, « cette réunion a servi uniquement à faire remonter les données au ministre du secteur, Mourad Zemali ». « Nous n’avons pas eu les réponses à nos interrogations », a regretté le défenseur des droits des consommateurs, en précisant que les responsables du ministère du Travail n’étaient pas habilités à donner les réponses qu’on recherchait ».
Cependant, pour l’heure, il a indiqué que l’APOCE s’est occupée de lever les requêtes et les doléances des assurés au ministère, en attendant un retour de la part de ce dernier quant à ce « lourd dossier ». « C’est à l’administration de corriger la situation », a-t-il expliqué. Par ailleurs, il a précisé qu’en attendant une réaction de la tutelle, l’APOCE prévoit de lancer d’autres actions pour faire valoir les droits des assurés. « Le dossier est lourd, on aura certainement d’autres actions dans les jours à venir, surtout avec la pénurie des médicaments et la hausse des prix de consultation et les taux de remboursement qui restent inchangés », a-t-il expliqué à cet effet. À noter que l’APOCE a lancé une page sur internet pour collecter les requêtes des assurés et des ayants droit en ce qui concerne ce dossier. Pour rappel, le directeur général de cet organisme, Hassen Tidjani Haddam, avait déclaré en août dernier que plus de 90 000 cartes Chifa ont été bloquées pour fraude. Certains détenteurs de la carte, ont dû rembourser les médicaments pour débloquer celle-ci. Depuis, de nombreux patients se retrouvent dans la difficulté de se procurer leurs médicaments.
Lamia Boufassa