Le gouvernement vient de fixer l’échéance du lancement de la CNIBE (carte nationale d’identité biométrique et électronique) en janvier 2016 et ce, «pour remplacer la carte d’identité actuelle en format carton».
C’est ce qu’on relève dans un document édité par le ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales qui précise à ce sujet que « ce projet s’inscrit dans le contexte du plan de modernisation de l’administration publique initié à compter de 2005 ». Premier pas dans cette optique, la numérisation de l’état civil, ainsi que le projet du passeport biométrique et électronique (PBE) dont la délivrance est entrée en vigueur en janvier 2012. «Le principe de l’unicité de l’identité a été consacré à travers la conception d’un numéro d’identification national (NIN), élément structurant de l’identité et support incontournable de l’interconnexion des bases de données», est-il noté dans le document du ministère de Mohamed Bedoui.
Au-delà des exigences du monde moderne et les effets de ses technologies de pointe, il est important de préciser que « cette interconnexion des bases de données » est devenue, selon des spécialistes du renseignement, « un impératif pour l’Etat algérien dont les données d’identité de ses populations ont été profondément bouleversées durant les longues années où le terrorisme commandait les agents des communes pour leur imposer d’inscrire des enfants ou des personnes là où ils le voulaient et sous l’identité qu’ils leur imposaient ».
L’on se rappelle la période où Nouredine Yazid Zerhouni alors ministre de l’Intérieur et des Collectivités et même avant, au temps où il était conseillé du président de la République, devait, selon des sources proches de ses services, mettre au point un fichier national qui devait remettre en ordre des listes d’identité totalement brouillées. Zerhouni devait, en principe, créer un grand ministère de la sécurité où l’ensemble des services concernés devaient y être affiliés. Le plan avait échoué sur toute la ligne en raison de fortes résistances de ces milieux qui étaient persuadés qu’avec la création d’une telle institution, les données nécessaires à la gestion des fichiers d’identité allaient changer de main et de responsables.
Dans le document du ministère de l’Intérieur, l’allusion à ce renouvellement des fichiers d’identité et surtout leur numérisation dans ce contexte permettra à l’Etat algérien de les sécuriser et ce « en permettant d’optimiser la lutte contre la contrefaçon, la fraude, la criminalité, la cybercriminalité, le terrorise ( ). »
C’est d’ailleurs une des actions les plus cruciales pour faciliter, nous dit-on, « le fonctionnement des services de sécurité et la préservation de la sécurité du pays ». L’on relève dans le document que « l’importance stratégique du projet CNIBE réside dans son caractère fondateur dont le but est de transférer les fonctions de la carte d’identité du monde papier au monde électronique » et aussi « modernisant qui permet à l’Algérie de se doter d’outils modernes de sécurisation de l’identité de ses citoyens ». Autre caractère mentionné « structurant qui permet à l’Algérie d’asseoir un socle solide et fiable, basé sur les NTIC et une gestion sûre de l’identité, pour la mise en œuvre de la e-administration ». Les services de l’Intérieur estiment alors que « le projet d’une carte fortement sécurisée et à fort contenu IT (technologies de l’information) est d’une pertinence et d’une utilité inégalées ».
Le ministère de l’Intérieur fait savoir ainsi que « hormis la CNIBE et le PBE, tous les projets de documents sécurisés sont la déclinaison d’un projet global (basé sur l’identité numérique), stratégique et fondateur de la gestion sûre et fiable de l’identité et de l’identification des citoyens algériens». A ce titre, il est fait état dans ce même document d’une nouvelle référence à savoir «le registre national de la population, plateforme de référence pour tous les services liés à l’identité».
En prévision, «il s’agira de lancer, ultérieurement et conjointement avec les secteurs concernés, un processus de mise en place d’une e-administration basée sur la CNIBE à travers le lancement d’un programme de mise en ligne des services pour chaque secteur, la création d’un portail web multisectoriel hébergeant les services en ligne et l’élaboration d’un cadre juridique ancrant les échanges et les transactions électroniques». La carte d’étudiant multifonctions (services campus, transport, accès ), la City Card ou carte de ville, le porte-monnaie électronique, la carte d’abonnement (divers types), la sécurité sociale, la carte de statut particulier, le curriculum vitae électronique, et autres, dossier médical ou réservations en ligne, sont cités pour faire partie des exemples de ces fonctionnalités possibles.