CARTE CHIFA:Le casse-tête des pharmaciens

CARTE CHIFA:Le casse-tête des pharmaciens

Depuis la généralisation de la carte Chifa, les pharmaciens crient à l’anarchie, caractérisant ce nouveau procédé.

La modernisation dans notre pays des organismes de la sécurité sociale, et l’amélioration de la qualité des prestations en Algérie a été souvent une question pertinente à laquelle il fallait à tout prix trouver une réponse.

Comme premier pas dans cette évolution assez longue et complexe, il a été procédé à la mise en place de la carte appelée Chifa. Une carte de sécurité sociale qui permet d’identifier l’assuré ainsi que ses ayants droit pour qu’ils puissent faire valoir leurs droits aux prestations de sécurité sociale.

Il suffit seulement de la présenter chez le médecin, le dentiste, les pharmacies, les hôpitaux, auprès des agents de la Cnas et des différents établissements de soins pour bénéficier de soins et de médicaments sans paiement. La carte sert en premier lieu à rembourser sans avoir à formuler la demande ni à remplir et présenter une feuille de soins. Le nombre de bénéficiaires de la carte Chifa au 2 septembre 2010 est estimé à 4 514 772 sur 4 826 977 prévu, pour un nombre d’assurés avoisinant les 8 millions d’assurés, a indiqué récemment Tayeb Louh, ministre du Travail et de la Sécurité sociale.

Or, depuis cette date, les choses ne vont plus bon train notamment chez les officines qui crient dés lors à l’anarchie caractérisant ce nouveau procédé. C’est du moins ce qui a été constaté, hier, auprès des quelques pharmaciens algérois interrogés dans ce sens. Ces derniers sont unanimes à crier haut et fort que la modernisation d’un système quelconque a ses conditions et cela ne doit en aucun cas être fait dans la précipitation.

« Je dispose d’une expérience de pharmacien de beaucoup d’années pour affirmer qu’on n’a pas encore fini avec le bricolage. À mon avis, les caisses d’assurances n’étaient pas encore prêtes pour la mise en circulation définitive de cette carte Chifa. Ses initiateurs doivent impérativement revoir leurs comptes de ce côté-là », a affirmé un pharmacien de Kouba. Pourquoi donc ? Selon l’interlocuteur la réponse est claire.

« Cette même carte ne pouvant contenir toutes les maladies chroniques nous met généralement dans une situation trop délicate, nous et nos clients particulièrement les malades chroniques qui viennent souvent s’approvisionner en médicaments au moment où la carte Chiffa est limitée dans le contenu d’informations», a-t-il encore ajouté. Par ailleurs, ce même pharmacien à noté qu’en cas de rejet pour une cause ou une autre de la facture, le pharmacien est dans l’incapacité de refaire l’ordonnance faute de ne pouvoir accéder aux informations de l’assuré qui sont codifiées.

Une autre anomalie a été soulignée par les pharmaciens. Selon eux, certaines cartes, après vérification, ne contiennent pas l’accord médical pour certains traitements exigés par l’assuré lui-même. Ceci dit, la carte Chifa n’a pas apporté toutes les solutions tant espérées du moins pour le moment.

Cette situation est non sans causer des désagréments aux patients qui dans la plupart des cas disent ne pas connaître trop de difficultés avec l’ancien système d’achat et de remboursement.

Pour sa part, une pharmacienne, à Hussein Dey, a précisé dans le même contexte que par manque de pharmacies conventionnées avec les caisses d’assurance, fait que ce genre d’opérations se fait uniquement au niveau de quelques officines. « Faute de quoi, a-t-elle enchaîné nous perdons chaque jour qui passe un nombre conséquent de clients. Les pharmaciens algérois ont gros sur le coeur.

Sans trop évoquer les entraves de leur métier, ils étaient nombreux à s’étonner du fait que la carte Chifa soit mise en service au moment ou l’on se sert toujours du livret du tiers payant ».

Farid Houali