Carburants, électricité et gaz, Le vrai coût des subventions de l’Etat

Carburants, électricité et gaz, Le vrai coût des subventions de l’Etat
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L’heure est au resserrement de la dépense budgétaire au titre de l’action sociale de l’Etat. Au-delà du débat posé sur la question de la rationalisation des dépenses, c’est toute une problématique de l’usage et du coût des subventions qui se jette plus que jamais au centre des controverses.

Le ministre des Finances, Mohamed Djelab, auditionné récemment par la haute chambre du Parlement, a tenté tant bien que mal d’éluder les difficultés du gouvernement à maintenir désormais le même rythme de dépenses, notamment celles injectées dans le soutien financier de l’action sociale de l’Etat. Il est clair, comme ont tenté de l’expliquer ses collègues du gouvernement, qu’il n’est pas question de toucher aux petites bourses, voire au porte-monnaie des nécessiteux mais, en décodé, réorienter les subventions et penser de nouveaux mécanismes censés faire profiter les nécessiteux et exclure « les parasites ». Car, dans l’argent des subventions des produits de base, s’abreuvent à la fois pauvres, riches, diplomates en poste à Alger, patrons…etc. C’est dire que l’argent des subventions est évalué à 30% du PIB (produit intérieur brut), soit à un peu plus de 40 milliards de dollars annuellement.

Mais au-delà de la question de subvention des produits de large consommation, l’Etat participe également au prix des produits énergétiques vendus à la fois aux citoyens et à d’autres consommateurs, dont les entreprises, les associés étrangers…etc. Et là aussi, c’est toute une panoplie de consommateurs qui en profitent directement et indirectement, dont les pays voisins aux travers de la contrebande. Les chiffres invoquant les subventions aux produits énergétiques, dont les carburants, sont par moments ahurissants.

En effet, dans le rapport annuel 2013 de Sonatrach, diffusé il y a quelques jours, il est précisé en crayon-feutre que près de 5 milliards de dollars sont injectés durant la même année dans l’action de subventionner les prix des carburants et près de 3,5 milliards de dollars d’importations pour la même année. Bien que, pour l’année 2014, les Douanes algériennes font état d’une baisse de 38% des importations de carburants et lubrifiants, la problématique des subventions aux carburants demeure entière, étant donné que la consommation énergétique augmente en moyenne de 10% par an.

Une simple extrapolation de la question sur d’autres produits énergétiques et sur d’autres sources d’information fait ressortir des chiffres pour le moins effarants ; les statistiques officielles du ministère des Finances ont divulgué, fin 2013, le montant de ces subventions indirectes pour l’année 2012 : 775 milliards de dinars pour le carburant, 600 milliards de dinars pour le gaz et autant pour l’électricité, soit 1375 milliards de dinars. Puisque la consommation énergétique augmente de 10% par an, le montant de ces subventions pour l’année 2014 devrait avoisiner les 2400 milliards de dinars , selon certaines estimations d’économistes, soit le tiers du budget de l’Etat de l’année 2014. Une troisième source d’information : selon l’Agence Internationale de l’Energie (AIE), les subventions en produits raffinés en Algérie sont passées de 10,7 milliards de dollars en 2011 à 14,4 milliards de dollars en 2013, marquant ainsi une croissance de 35%.

Selon la même source, les subventions de gaz naturel et d’électricité se sont élevées à 3,5 et 2,9 milliards de dollars respectivement en 2013. Le total Energie subventionné serait donc supérieur à 20 milliards de dollars, soit environ 50% de la valeur de toutes les subventions. Impensable ! D’où l’urgence de repenser les mécanismes de subventions afin de protéger les équilibres financiers.

Ali Ben Mohamed (L’Éco n°107 / du 1er au 15 mars 2015)