Après deux journées passées à Timiaouine, distante du chef-lieu de la wilaya d’Adrar de 1.000 km, la caravane de la protection civile qui se trouve depuis cinq jours dans l’extrême-Sud du pays pour les besoins de la prévention et de la sensibilisation des populations sur les multiples risques et accidents domestiques est remontée 150 km, vers le Nord, et pris la direction de Bordj Badji Mokhtar.
En dépit de la chaleur infernale (48°) et de la fatigue causée par les périlleux déplacements sur des pistes accidentées et sablonneuses effectués à ce jour, les médecins, les officiers et les sous-officiers ainsi que les agents de la protection civile ont accompli, tout comme à Timiaouine, les mêmes tâches et missions et n’ont ménagé à cet effet aucun effort pour soulager les populations et mettre du baume dans leurs cœurs.
«Ce n’est certainement pas le moment de se relâcher », pense le jeune Youcef qui fait ses premiers pas dans le monde de la médecine.
En cette matinée du 16 juillet, le mercure affiche déjà 46° à Bordj Badji Mokhtar alors qu’il est à peine 10 h. Dans plusieurs endroits de la ville, on aperçoit les véhicules rouges de la protection civile qui font du porte à porte et les agents offrent des denrées alimentaires et autres bonbons et jouets pour enfants. De leur côté, les six médecins de la caravane se sont scindés en groupes pour « ratisser large » et effectuer le maximum de consultations médicales d’urgence dans l’unique centre de santé de proximité de BBM où exercent 6 médecins pour une population de 22.000 âmes.
« Certes, c’est insuffisant en matière de couverture sanitaire mais je crois que les choses vont s’améliorer à l’avenir avec la prochaine réception d’une polyclinique, et, plus tard, d’un hôpital de 40 lits dont le projet est à l’étude », souligne le chef de daïra de BBM qui reconnaît cependant qu’il est difficile d’attirer les médecins du nord du pays vers cette région de l’extrême-Sud. « C’est dans cette optique que nous sommes sur le point de recruter une vingtaine d’infirmiers qui sont originaires de la région et ce, après avoir subi une formation dans le domaine paramédical.
Ils seront répartis entre Bordj Badji Mokhtar et Timiaouine », ajoutera Amoumen Mokhtar. Pendant ce temps, les personnes continuent à affluer vers le centre de santé pour profiter de l’aubaine.
Et tandis que Youcef se charge de la distribution des médicaments apportés d’Alger, les Docteurs Bouzid Louiza et Rahal Karima dans une salle et le Dr Talbi de l’autre côté accueillent à tour de rôle les patients.
A la fin de l’opération, le « bilan » fait état de 180 consultations médicales. Fait significatif à plus d’un titre, un nombre important de citoyens venus dans l’après-midi ont tout simplement refusé les médecins du centre de santé et exigé le rappel des médecins de la PC pour être auscultés.
A telle enseigne que le centre en question a été débordé en fin de journée, comme ce fut le cas d’ailleurs à Timiaouine où il a fallu le recours aux gendarmes pour ramener l’ordre. A Timiaouine, les citoyens de BBM souffrent essentiellement d’anémie, conséquence de la malnutrition, de la gale et des maladies des yeux.
Les visites médicales à « domicile » n’ont pas été par ailleurs occultées dans cette mission humanitaire puisque deux médecins se sont chargés de cette tâche et ont sillonné le quartier du 1er Novembre de Bordj Badji Mokhtar, accompagnés d’un représentant de la Direction de l’action sociale (DAS) qui a les menés vers les cas les plus urgent.
«C’est vraiment terrible ce que souffrent ces gens-là », regrette le Dr Maamouri alors que le Dr Ait-Mohamed dit avoir fait face à deux cas de piqûres de scorpions. « Ce sont des enfants qui ont été surpris, l’un à la cuisse et l’autre au pied, ce qui a nécessité l’administration de doses de sérum anti-scorpions (SAS) », nous apprend-il.
Région à risques et à l’instar de la majorité du sud du pays, Bordj Badji Mokhtar n’est en effet pas épargnée par les piqûres de scorpions et compte chaque année son lot de victimes même si la région de M’sila, Biskra, et, à un degré moindre, Naâma occupent le haut du podium. « On compte par année une moyenne de 150 morts sur les 48.000 à 50.000 accidents qui surviennent pour leur majorité en été », nous confie le responsable de la cellule de communication de la protection civile, le commandant Achour.
S. A. M.