La wilaya d’Alger a mis à profit, hier, la célébration de la Journée nationale du chahid pour l’organisation d’une caravane de sensibilisation à la participation des citoyens au scrutin présidentiel du 18 avril prochain.
Pour réussir le coup, les services de la wilaya ont mobilisé notamment les scouts et deux associations, très peu connues, et ramené, de force, les employés d’au moins trois communes, à savoir Bab El-Oued, Bologhine et La Casbah.
Le “carnaval”, car c’en est vraiment un, a commencé par un défilé des scouts, encadrés par leurs responsables, les responsables des deux associations, l’une dite “Pour le rayonnement culturel” et l’autre nommée “Zahrat bladi”, et un groupe de femmes drapées dans un hayek traditionnel mobilisé à l’occasion.
Hautement sécurisé par la police, le cortège, plutôt festif, s’est ébranlé sous le regard curieux des passants et des riverains, vers 13h, depuis le stade Omar-Hamadi de Bologhine pour rejoindre la salle de cinéma Atlas où la délégation, menée par le wali délégué de Bab El-Oued, était à l’accueil.
Empruntant le front de mer, le défilé a été animé par des chants patriotiques et les youyous des femmes.
Si les appels de soutien au 5e mandat ont été, habilement, évités par une animatrice diffusant, à l’aide d’un haut-parleur, des messages sibyllins, à bord d’une Jeep militaire de collection, flanquée du sigle de l’armée US, le message n’a pas pour autant échappé aux riverains. En effet, des “Non au 5e mandat !” fusaient des fenêtres tout le long de l’itinéraire de ce “festival” aux non-dits. “Si vous croyez que nous sommes dupes, vous vous trompez lourdement. Votre message saute aux yeux ; vous êtes en campagne pour un 5e mandat pour Bouteflika. Laissez-le terminer ses jours en paix”, lance, avec amertume, aux organisateurs une vieille dame qui passait par-là. Ces derniers ont fait la sourde oreille.
Le cortège a pu atteindre le cinéma Atlas, sans incident.
La salle était ornée de plusieurs banderoles portant un même message : appel à un vote massif des citoyens à l’occasion du scrutin présidentiel du 18 avril prochain. Le message a été, en outre, longuement corroboré par le wali délégué devant une maigre assistance. En effet, la salle était quasiment vide. La plupart des fonctionnaires, forcés à venir sous la menace de leur retenir une journée de salaire, ont quitté la salle avant même l’entame du show. “Je suis contre le 5e mandat et les élections en général dans ce pays. Si je suis là, c’est parce que ma hiérarchie a menacé de me retenir une journée de salaire”, avoue, en effet, désabusé, un fonctionnaire à l’APC de La Casbah.
Les jeunes scouts n’en sont pas moins conscients. “Je suis venu uniquement pour éviter d’aller à l’école”, confie, ironiquement, l’un d’eux.
C’est dire combien ce show a été pour le moins poussif.
Farid Abdeladim