Voilà plus de 10 jours que “Constantine, capitale de la culture arabe 2015” a été lancée, rassemblant quelque 10 000 personnes dans les vieilles rues de l’antique Cirta. Les chars de “la parade de l’amitié” surmontés des symboles des 22 pays arabes, fendaient alors une foule en liesse.
À l’image de la soirée d’inauguration qui a eu lieu le 16 avril, en présence du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et quelques représentants de diplomaties étrangères, d’autres manifestations, organisées durant la première semaine de la manifestation, ont relevé le défi de réunir les Constantinois, même si d’un point de vue artistique, on avait relevé, ici et là, quelques déceptions relatives notamment au manque de créativité. Néanmoins, ce genre d’événements gratuits et populaires a eu le mérite de révéler l’engouement, longtemps étouffé, des Constantinois, même si cet intérêt soudain relève plus de la curiosité que d’une passion tardive pour l’art et la culture.
Dans les faits, la manifestation “Constantine capitale culturelle arabe 2015”, renforcée par la nécessité de faire sortir la culture de son hibernation, a contribué à la réappropriation de l’espace public, par les habitants, dans une ville où il n’y avait aucune tradition de grandes expositions culturelles, contrairement à Alger. L’enthousiasme des Constantinois a, en effet, progressivement pris le pas et ressuscité une vie nocturne longtemps absente. Mais pas seulement, la capitale culturelle est le premier projet à caractère métropolitain. Plusieurs activités sont organisées dans les wilayas de l’Est, à l’image des semaines culturelles arabes et locales.
Aux côtés de ces activités hétéroclites, on aura également réussi à impulser quelques nouvelles infrastructures dans la ville du Vieux rocher. Elles ne seraient peut-être jamais sorties de terre, sans cette manifestation culturelle. La plus importante reste la salle du Zénith, construite sur les hauteurs de Zouaghi et baptisée salle Ahmed-Bey. Viennent ensuite les projets de rénovation du centre culturel Malek-Haddad et le palais de la culture Mohamed-Laïd-El-Khalifa, même si ce dernier est toujours en cours de travaux. Ce contretemps n’a, cependant, pas empêché l’exposition rétrospective consacrée à l’artiste Kamel Nezzar de connaître un franc succès. De même pour l’exposition “Les manuscrits”.
Les envoyés spéciaux de France 24 et TV5 plient bagage dès la première nuit !
Si en termes d’affluence, les organisateurs de la manifestation “Constantine capitale de la culture arabe 2015” peuvent s’en féliciter — même si nous ne sommes qu’à la première semaine — il n’en demeure pas moins que des ratés, il y en a eu également. Certains événements annoncés en grande pompe n’ont toujours pas vu le jour. La raison est que les bâtiments devant les abriter sont toujours en travaux.
De même pour les infrastructures hôtelières dont certaines sont toujours en réhabilitation et ne seront livrées qu’à la fin de l’année en cours. Seul l’hôtel Marriott a ouvert ses portes… durant trois jours et a aussitôt fermé.
Aussi, contrairement aux invités d’honneur logés à bonne enseigne, les quelque 200 journalistes locaux et autres envoyés spéciaux, eux, se sont retrouvés dans la rue dès la première nuit. C’est le cas des équipes de télévision des chaînes françaises TV5 et France 24.
Ces dernières ont dû plier bagage et rentrer chez elles — le jour même de leur arrivée — car à l’hôtel Ibis où elles devaient être hébergées, il n’y avait plus de chambres. Selon le directeur du département de la communication du commissariat, Kamel Belkacem, les hôtels opérationnels avaient tous été réquisitionnés par la wilaya, ce qui a créé une véritable anarchie, à cause de désaccords insolubles entre le commissariat de l’événement et l’Onci. D’ailleurs, les représentants de ces deux institutions, censées cohabiter, n’ont eu de cesse, depuis le lancement de la manifestation, de défendre désespérément, chacun de son côté, leur bilan par médias interposés. Mais l’événement le plus particulièrement navrant de cette première semaine reste la statue d’Ibn-Badis exposée en plein cœur du centre-ville. Offerte par un promoteur, elle aura suscité l’indignation non seulement des habitants du Vieux rocher, mais aussi de la famille du allama, et qui voyaient en cette représentation “minimaliste et honteuse”, que du mépris envers cette figure emblématique du mouvement réformiste musulman.
Enfin, les visiteurs venus des quatre coins du pays, ainsi que des pays arabes, doivent composer avec des bouts de trottoirs manquants, des routes abîmées, des amas de déchets et prendre garde à ce que le ciel ne leur tombe pas sur la tête, car la ville… est toujours en chantier.
L. N.