La capitale a de nouveau été quadrillée hier Alger, cité interdite

La capitale a de nouveau été quadrillée hier Alger, cité interdite

Tous les points de contrôle à la périphérie d’Alger ont été renforcés, rétrécis et minutieusement gardés. Des centaines de voitures ont été contrôlées pour empêcher les protestataires d’y accéder.

Alger a été complétement bloquée, hier, dans la matinée. L’annonce d’une manifestation des retraités de l’armée a, de nouveau, mis en émoi les autorités de la capitale. Pour parer à toute intrusion des manifestants, tous les accès à Alger ont été méticuleusement contrôlés. C’est dire que la capitale a été protégée comme d’un assaut inévitable d’une force extraterrestre qui menacerait la paisible vie algéroise. Depuis près de 20 ans, Alger est devenue la cité interdite. Tel un bunker, aucun manifestant n’est toléré dans ses rues et ses places publiques et gare à celui qui outrepasserait l’ordre établi. Hier, la répression a encore frappé, en aval. Tous les points de contrôle à la périphérie d’Alger ont été renforcés, rétrécis et minutieusement gardés. Des centaines de voitures contrôlées pour empêcher les protestataires d’y accéder. À Réghaïa, à Dar El-Beida, au lieudit La Côte près de Birkhadem, à Zéralda, Alger était tout simplement quadrillée par un dispositif étonnamment mobilisé dont le but de devancer les manifestants. “J’ai mis plus de trois heures pour parcourir 2 kilomètres”, témoigne un jeune de Dar El-Beïda, avant d’ajouter que tous les barrages installés dans la région filtrent les véhicules à la recherche de potentiels manifestants. Les témoignages des citoyens victimes de cet état de fait étaient nombreux. À l’image de ce jeune fonctionnaire qui n’a pas pu rejoindre son poste de travail à la place du 1er-Mai alors qu’il habite à Aïn Taya. “J’ai fait 4 heures de route sans pour autant parvenir à quitter Dar El-Beïda”, a-t-il raconté avec regret. “Cela devient insupportable. Ils veulent faire d’Alger un bunker, qu’ils délocalisent les ministères et les institutions de l’État en dehors de la capitale”, a-t-il ajouté. Le quadrillage d’hier n’a pas concerné uniquement l’est de la capitale. La Côte à Birkhadem, seule et unique entrée menant depuis l’Ouest vers Alger, était complètement rétrécie. Les bouchons provoqués ont atteint l’entrée de la ville de Birkhadem sur près d’un kilomètre. Cet état de fait n’est pas nouveau à Alger, mais il se renforce à chaque annonce d’une manifestation dans ses rues. “Tous les barrages ont été resserrés”, ont constaté plusieurs citoyens qui ont fait part de leur indignation, notamment sur les réseaux sociaux, à l’image de ce citoyen venu de Médéa pour un rendez-vous professionnel, mais qu’il a annulé car il l’avait raté. Ce jeune de Médéa ne sera pas le seul concerné. Combien de rendez-vous médicaux, professionnels ou même personnels ratés depuis que le seul et unique moyen trouvé pour gérer le flux automobile vers la capitale est la création de goulots d’étranglement à sa périphérie ? Même l’autoroute Est-Ouest n’a pas échappé à cette logique. Si dans certains cas, l’aspect sécuritaire peut être compris par tout citoyen, il n’en demeure pas moins que les retombées de cette gestion sont désastreuses sur la vie quotidienne des Algériens. Combien de litres de carburant perdus dans les embouteillages ? Quel sera l’impact de ces bouchons sur la santé des citoyens et sur l’économie nationale ? Si des spécialistes ont évoqué le sujet, sans pour autant aller au fond de la question, le citoyen, quant à lui, parle, au-delà, des retombées économiques de cette gestion, d’une atteinte à la liberté d’expression, à la liberté de circulation dans son propre pays, et dénonce une répression qui tend à se banaliser tant les autorités en charge de la gestion des affaires du pays manquent cruellement de solutions aux véritables problèmes de l’heure.

Mohamed Mouloudj