Depuis le début de l’année en cours, la réouverture des frontières terrestres algéro-marocaines, fermées depuis plus de vingt ans, est devenue le centre d’intérêt de moult intervenants, notamment marocains et français.
Lors de sa dernière visite d’inspection et de travail dans la wilaya de Tlemcen, à l’occasion de la manifestation «Tlemcen capitale de la culture islamique» le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a juste rappelé les chargés de la restauration des bâtisses de la capitale des Zianides qu’ils pouvaient faire appel à l’expérience des spécialistes marocains pour ce faire. Nonobstant les maintes déclarations des officiels algériens, à l’image de celle du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, récemment, quant à ce point, affirmant que cette question «n’est pas une priorité pour l’Etat algérien». Outre le discours politique, les rapports sécuritaires indiquent qu’une éventuelle réouverture des frontières pourrait engendrer des pertes faramineuses pour l’économie nationale. Ainsi, le bilan des cinq premiers mois 2011, des gendarmes garde-frontière du 2e Commandement régional, indique la contrebande est en hausse. La contrebande de carburant est la principale activité des contrebandiers. Plus de 650.000 litres de carburant ont été récupérés par les gendarmes en 2011alors que quelque 610.000 litres ont été saisis, durant la même période de l’année en cours, soit une hausse de 34.125 litres.
L’acheminement illégal vers le Maroc de produits alimentaires, à l’image de la farine, des pates et des boîtes de conserve de tomates, a également augmenté de plus de 900kg, en passant de 2.473kg en 2010 à près de 3.380kg l’année en cours. En outre, la contrebande des déchets de cuivre commence à prendre de l’ampleur. Pas moins de 6.678kg ont été récupérés en 2011 alors que la quantité globale récupérée l’année dernière ne dépasse pas 16kg. Aussi, la contrebande des pièces de rechange ainsi que celle des moyens de locomotion à savoir des véhicules légers et des motocycles a connu une hausse. Par ailleurs, même si le trafic de cheptel n’a pas augmenté durant cette période mais n’a toutefois pas diminué. Notons enfin que la valeur de ces produits récupérés, rien que pour 5 mois, est de 170 milliards de centimes.
Le Made in «Makhzen»
Les gendarmes gardes-frontières couvrant 12 wilayas à l’image de Tlemcen et Naâma informent que 600.722 kg de kif traité ont été récupérés cette année. Même si la quantité a, comparativement à la même période de l’année écoulée, baissé elle n’en demeure pas moins importante. Plus de 600.000 kg, soit plus de 240 milliards de centimes, ont été récupérés. «La contrebande a diminué dans les frontières ouest suite à l’omniprésence des gardes-frontières», indique le colonel Abdelhamid Kerroud, chef de la cellule de communication de la Gendarmerie nationale. Par contre, la contrebande de boissons alcoolisées a augmenté de 9.498 bouteilles. La contrebande des cartouches pour fusils de chasse ainsi que celle des cigarettes a également connu une hausse. Il convient de noter, d’autre part, que la contrebande des produits alimentaires, en premier lieu les oranges et le sucre, a augmenté de 1.597kg. Durant les 5 premiers mois de l’année écoulée, 7.148 kg ont été saisis, contre 8.745kg en 2011. Force est donc de constater que cette hausse est de moyenne de 10kg par jour. La valeur totale des produits saisis est de 530 milliards de centimes.
Toutefois, «le chiffre noir de la contrebande reste inconnu mais ne dépasse en aucun cas le tiers des quantités saisies», indique les gendarmes gardes-frontières.
Ahmed Bouaraba