Le rêve des islamistes d’arriver au pouvoir n’est pas nouveau en Algérie mais il s’est affiché en force avec leur montée dans les pays arabes, suite à ce qui est appelé «Printemps arabe», bien que ni les législatives, ni les communales n’ont donné une bonne position à ce courant.
Ainsi, tous les efforts sont concentrés sur la présidentielle de 2014, mais avec quel candidat, surtout en l’absence d’un homme de consensus. Dès son arrivé à la tête du Mouvement de la société pour la paix, Abderrazak Mokri a lancé de vastes consultations avec les islamistes et autres autour de la prochaine élection présidentielle, au point de s’asseoir autour d’une seule table avec les laïcs (RCD). Depuis, Mokri se voit déjà candidat commun du courant islamiste et représentant des frères musulmans en Algérie.
Dans ce contexte, il semble avoir réussi à effacer déjà l’ex président du MSP, Bouguerra Soltani qui s’est retiré de la course pour la présidence du MSP mais espère être le candidat des islamistes ou au moins du parti pour la prochaine présidentielle. Cet effacement n’est pas annoncé publiquement mais se confirme de jour en jour, car Soltani s’est éclipsé pour laisser Mokri grandir. Après Soltani, c’est le président du Front du changement (FC), Abdelmadjid Menasra, qui vient de s’effacer en faveur de Abderrezak Mokri si jamais il réussit à être le candidat consensuel des différents partis islamistes.
Dans ce cadre, Abdelmadjid Menasra a annoncé, dans la soirée du samedi à Mascara, qu’il ne se présenterait pas à la prochaine élection présidentielle et qu’il préfère soutenir «un candidat consensuel» proposé par les différents partis afin d’éviter tout conflit. Lors d’une rencontre avec la presse en marge d’une rencontre avec les militants de son parti, le futur président est élu pour un seul et unique mandat, qui sera également marqué par l’organisation par «un gouvernement d’union nationale» regroupant tous les partis d’élections locales et législatives anticipées.

Menasra a exprimé sa satisfaction et celle de sa formation politique après le retour au pays du président Abdelaziz Bouteflika, tout en lui souhaitant un prompt rétablissement pour qu’il puisse contribuer à l’organisation de l’élection présidentielle «libre et honnête». «Notre souhait est que le président Bouteflika achève son mandat, et il en est capable, afin qu’il puisse contribuer à la préparation d’un scrutin présidentiel libre et honnête devant se dérouler dans des conditions stables et normales pour instaurer une démocratie pérenne en Algérie», a-t-il indiqué en substance.
L’annonce de Abdelmadjid Menasra intervient dans un contexte régional difficile pour les islamistes avec ce qui se passe chez les Frères musulmans en Egypte après une année de règne. Cette situation ne semble pas encourageante pour les islamistes algériens.
Menasra avait divorcé du MSP après le congrès de 2008 à l’époque de Soltani et créa son propre parti, le Front pour le changement, qui n’a pas pu se positionner sur la scène politique et a connu pour sa part une dissidence menée par Mustapha Belmahdi qui créa pour sa part sa formation politique.
Dans ce contexte, Menasra a fait la paix avec son parti «mère», le MSP à travers des premières négociations lancées avec Soltani mais boostées et concrétisées avec l’arrivée de Mokri à la tète du MSP. Ainsi, Mokri a réussi déjà à écarter deux concurrents en l’occurrence Soltani et Menasra sachant que du côté d’Ennahdha, ce parti qui va élire sa nouvelle direction en septem-bre prochain dans le cadre de son congrès, ne semble pas motivé à présenter son propre candidat, et du côté d’El Islah , Djahid Yousni, candidat malheureux à la présidentielle de 2009 n’a encore rien dit.
Il reste cheikh Abdallah Djaballah qui avait affirmé récemment que son parti est intéressé par la présidentielle, donc il pourrait être candidat du parti et pourquoi pas candidat des islamistes. Djaballah aurait même été rapproché par Madani Mezrag, ex-émir de l’AIS dans le cadre d’une initiative qu’il n’a pas encore rendu publique. Avec ces données, la concurrence pour être le candidat commun des islamistes sera ouverte entre Djaballah et Mokri en attendant le positionnement des ex-Fis.
Par Nacera Chennafi