La presse étrangère, celle française notamment, ne s’est pas répandue en commentaires s’agissant de la candidature annoncée de Bouteflika. Hormis le Parisien qui a osé le trait, le reste des journaux de l’Hexagone se sont limités à rapporter l’information, émaillée, chez certains, d’une revue de la presse nationale.
C’est le cas notamment du journal Le Monde qui s’est bien gardé de livrer la perception qu’il se fait de cette candidature. Le journal s’est contenté de commettre un condensé d’une revue de la presse algérienne.
Sous le titre «la presse algérienne critique Bouteflika, candidat par procuration», il a sérié le principal des remarques émises au sujet de ce mandant jugé de trop par une partie de la presse algérienne. Néanmoins, Le Monde souligne que Bouteflika est âgé et malade et dont le dernier discours remonte au mois de mai 2012 à Sétif. Ce jour-là, rappelle le journal, Bouteflika a laissé entendre qu’il s’apprêtait à passer le relais à la jeunesse.
Le Parisien, pour sa part, a fait mention de la maladie de Bouteflika et de son effacement de la scène politique depuis plusieurs mois. «Très affaibli, invisible en public en raison de sa maladie», «il est un candidat par procuration » puisque c’est son Premier ministre qui a annoncé samedi sa candidature, estiment plusieurs journaux locaux», écrit le Parisien, soulignant que «au pouvoir depuis 1999, un record de longévité en Algérie, Bouteflika n’a plus pris la parole en public depuis son retour de 80 jours d’hospitalisation en France au printemps 2013 à la suite d’un AVC, puis un retour de quatre jours mi-janvier, toujours à l’hôpital militaire du Val-de-Grâce.
Il n’a depuis reçu que quelques responsables étrangers et n’a tenu que deux Conseils des ministres(…)». Le Parisien relève aussi que c’est sur la toile que les oppositions au 4e mandat ont été largement exprimées. «Faute d’opposition solide, c’est sur la toile que les Algériens se retrouvent pour s’écharper entre les partisans et les opposants au quatrième mandat du Président sortant.» Relevant le sentiment ayant dominé dans les commentaires sur la toile, le journal note que les internautes estiment que les jeux sont faits.
S. A. I.
Quatrième mandat de Abdelaziz Bouteflika: Les partisans de Benflis se serrent les coudes
L’annonce de la candidature de Abdelaziz Bouteflika, de la part de son Premier ministre, a renforcé la position du candidat Ali Benflis. Le QG de campagne de Ali Benflis ne désemplit pas. Jijel, Aïn-Defla, Constantine… des groupes de sympathisants venus de plusieurs régions du pays attendaient, hier, dans la cour intérieure.
Café à la main, on discute politique. Abdelkader Zidouk, directeur adjoint chargé de la mobilisation, reçoit de jeunes élus du Front de libération nationale. «L’opération de collecte de signatures se poursuit encore, il faut continuer sur votre lancée», explique-t-il. Selon lui, la situation est très «positive ».
Pourtant, l’annonce par le Premier ministre de la candidature de Abdelaziz Bouteflika aurait dû provoquer un phénomène de démobilisation. «La déclaration de Abdelmalek Sellal n’a provoqué aucune déperdition d’énergie. Au contraire. Depuis 48 heures, nous constatons un réel mouvement d’adhésion, tant au niveau du siège de campagne national qu’au niveau des comités de soutien dans les wilayas», assure Abdelkader Zidouk. L’ancien député de Aïn-Defla cite en exemple un couple de jeunes médecins.
«Ils se sont présentés dimanche à la direction de campagne. Ils nous ont avoué n’avoir jamais fait de politique auparavant, mais qu’ils avaient fini par réagir après la décision du Président Bouteflika de briguer un quatrième mandat. Ce couple est finalement reparti avec un paquet de formulaires de signatures.»
Zidouk estime que l’opinion publique a fait face à deux campagnes médiatiques simultanées. «Vendredi soir, les téléspectateurs ont suivi la première partie de l’interview de Ali Benflis sur Echorouk TV. Le lendemain, c’était au tour de Abdelmalek Sellal d’annoncer la candidature du président de la République. Puis, dimanche, seconde partie de l’interview de Benflis. Au bout du compte, l’opinion publique a été confrontée à deux discours totalement opposés : celui de Ali Benflis prônant le respect de la loi et des institutions et l’annonce de Sellal qui est contraire à ses attributions de président de la Commission nationale de préparation de l’élection.» Zidouk est convaincu que la déclaration d’Oran a boosté la campagne de Benflis.
Une conséquence inattendue que confirme Mohamed Mekhalif, le responsable des réseaux sociaux. «Le web s’est emballé au courant de la journée de samedi. L’annonce par Abdelmalek Sellal a provoqué une véritable secousse. Il faut avouer que les commentaires sur les réseaux sociaux n’étaient pas réellement positifs», note Mekhalif. Par ailleurs, le jeune homme est fier d’annoncer que la page officielle du candidat sur Facebook dépassera bientôt les 100 000 membres. «En terme de visibilité sur internet, tous médias confondus, Ali Benflis devance largement toutes les personnalités politiques.
Sa présence devrait connaître une nette augmentation dès le lancement du nouveau site. Il sera mis en ligne le jour de la confirmation officielle de sa candidature», dit-il. En fin d’après-midi, quelques sympathisants sont encore dans la cour intérieure. Dans cette agora improvisée, on parle du traditionnel message du président de la République à l’occasion de l’anniversaire de la création de l’UGTA et de la nationalisation des hydrocarbures. Tous relèvent que Abdelaziz Bouteflika n’y fait pas référence à sa candidature pour un quatrième mandat.
T. H.