Des comités de soutien qui pullulent en Algérie et à l’étranger, des « proches » qui s’expriment en leurs noms et des comptes Facebook qui leur font campagne depuis plusieurs mois. Mais, eux, ne s’affichent toujours pas.
Ils ne se mouillent pas encore dans ce bain préélectoral, visiblement pas encore trop chaud. Il s’agit de ces hommes politiques qualifiés, souvent, de sérieux prétendants à la magistrature suprême. Deux noms reviennent toujours au devant de la scène : Ali Benflis, candidat malheureux à la présidentielle d’avril 2004 et Mouloud Hamrouche, ancien premier ministère qualifié du « père des réformes entreprise en 1989 ».
Absents de la scène depuis plus d’une dizaine d’année, ces deux hommes observent, étrangement, le silence à quelques mois de ce rendez-vous important. Leurs programmes respectifs restent une énigme pour l’opinion publique et leurs intentions aussi. Ali Benflis, «prêt à s’engager dans la course quelle que soit la situation », selon son entourage, avait promis de s’exprimer « bientôt sur la question ». C’était au début du mois de septembre dernier. Plus d’un mois plus tard, il ne rompt toujours pas son silence. Mouloud Hamrouche, quant à lui, s’est carrément éclipsé. Il refuse même d’accorder des interviews à la presse nationale qui ne cesse de le solliciter.
Comment feront-ils pour gagner ces élections pour lesquelles ils sont implorés de prendre part. Des comités de soutien sont même lancés au Canada, en Malaisie et même en Algérie pour les appeler à annoncer leurs candidatures à cette échéance politique importante. Mais ils préfèrent attendre. Quoi ? On ne le sait pas. Peut-être un coup de fil venant d’en haut, comme disent les observateurs de la scène national. Enfants de système, ces deux hommes connaissent visiblement les pratiques usuelles en ce qui concerne la désignation des chefs d’Etat. Chacun d’entre eux attend d’être adoubé. Cette attitude est partagée par un nombre important du personnel politique algérien.
Des anciens chefs de gouvernement et des ex-premiers ministres semblent être acquis à cette nouvelle manière de faire de la politique. Ahmed Ouyahia, ancien premier ministre et ex-secrétaire général du RND, et Abdelaziz Belkhadem, ancien secrétaire général du FLN épousent pratiquement la même démarche. Ils veulent, tout les deux, « rencontrer leurs destins en 2014 », mais avec le moindre effort. Gagné par l’idée de la cooptation qui les a propulsés à la tête de leurs partis respectifs, puis à la chefferie du gouvernement, Ouyahia et Belkhadem semblent attendre aussi un coup de pouce pour arriver à El Mouradia. La démocratie et l’alternance au pouvoir sont-elles réalisables avec une telle « élite politique » ?
Invraisemblable. Mais ce genre de position est profondément incrusté dans les mœurs politiques algériennes. Les congrès des partis politiques, les Assemblées générales des différentes associations encouragent la promotion par la cooptation. Le cas de Amar Saadani, nouveau secrétaire général du FLN, prouve encore ce constat. Ce dernier n’avait même pas présenté sa candidature au poste en question lors de la réunion du comité central (CC) du FLN qui a eu lieu, le 30 août dernier à l’hôtel El Aurassi. C’était un membre du CC qui l’avait proposé. Ensuite, tous les autres membres, dans une mise en seine flagrante, l’avaient applaudi. Cette pratique n’est pas propre aux partis du pouvoir. Elle est une devise même chez des formations d’opposition. Le mal est profond…
Boualem Rabah