Candidats hués,meetings annulés,programme « bâclés»,Les incohérences de la campagne électorale

Candidats hués,meetings annulés,programme « bâclés»,Les incohérences de la campagne électorale

Est-il opportun d’esquisser, avant terme, un bilan de la campagne électorale qui entame son ultime virage avant le jour J ? Evidemment, avec en sus moult interrogations que le citoyen lambda qui ose s’y intéresser se pose pour se convaincre de la foultitude de promesses ressassées pendant 2 semaines et des garanties données par les pouvoirs publics qui jurent par tous les saints que l’élection du 10 mai ne sera pas comme les autres tant elle revêt un cachet «historique». La campagne se déroule-t-elle dans les conditions promises ?

De l’avis de tous, la première semaine de campagne a été, le moins que l’on puisse dire, morose. Nous avons eu à le vérifier à travers nos multiples reportages sur le terrain, et les échos qui nous sont parvenus de diverses régions du pays le prouvent.



Des panneaux d’affichage «vierges», arrachés, ou parfois même volés, des meetings annulés pour absence d’affluence, ou encore des chefs de partis et non des moindres ont été hués voire «chassés» de leurs supposés territoires acquis. Il n’y a pas photo. Entre le discours et la réalité, il y a faussé. Quand un Ouyahia est obligé d’écourter son discours à Bouira,

un Djaballah contraint de s’engouffrer dans une voiture de police pour échapper à la «vindicte populaire», un Belkhadem qui réunit à peine 30 personnes à Tamanrasset, les leaders de l’Alliance verte, chassés par les citoyens à K’sar El Boukhari (Médéa), les 8 candidats FFS qui ont peiné à rassembler 300 personnes au stade Oukil Ramdhane de Tizi Ouzou, réputée pourtant être un fief, ou comble de l’ironie, des plages horaires à la radio, réservées aux interventions des candidats, sont remplacées par de la musique classique faute d’intervenants, les interrogations s’accentuent.

La deuxième semaine s’ébranle comme la première. D’autres promesses. L’Etat, les partis et les candidats indépendants s’accordent à ressasser le même discours : «Il faut voter coûte que coûte.» Une opportunité de changement à ne pas rater, une occasion idoine pour s’affirmer en tant que citoyen «responsable». La responsabilité incombe à tous «pour que le pays ne replonge plus dans les années noires ou rouges», c’est selon le discours.

Des propositions fusent qui édulcorent le futur d’une Algérie vraiment indépendante. Une assemblée populaire libre, le système parlementaire étant le mieux indiqué pour plusieurs partis comme ceux de l’Alliance islamiste qui rêvent d’un Premier ministre issu de leur «majorité», une économie basée sur l’équitable distribution de richesses dont bénéficiera tout Algérien pour un standing de vie qui n’a rien à envier à celui des pays riches qui lorgnent aujourd’hui du côté du pétrole algérien pour payer leur dette… Et d’autres promesses d’ordre social, culturel ou existentiel s’amènent.

Il reste encore 10 jours de campagne et des centaines d’autres interrogations. L’élection sera-t-elle vraiment libre ? Si certains partis même parmi ceux qui se sont engagés, doutent, les pouvoirs publics rassurent.

La Commission nationale de surveillance des élections (CNSEL) a dû relever certaines «incongruités» qu’elle a transmises à qui de droit, comme l’usage des symboles de l’Etat à des fins électorales que le ministère a qualifiées de «détails techniques», l’affichage anarchique…

En contrepartie, les pouvoirs publics ont ouvert pour une première le champ à des observateurs étrangers (Union européenne, Union africaine, Ligue arabe…) pour suivre le déroulement du processus électoral. Un gage de bonne volonté. Les missions étrangères qui ont séjourné en Algérie se gardent toutefois de divulguer leurs «conclusions», attendant le lendemain du scrutin pour se prononcer définitivement.

Le processus de «surveillance» est aussi «ouvert» aux partis à travers leurs représentants. La campagne électorale se déroule sur ce fond qui balance entre assurances et doutes et le citoyen peine à trancher. Des centaines de meetings et autres rencontres de proximité ont été tenus, des spots publicitaires diffusés sur plusieurs supports et même à travers les chaînes de télévisions étrangères (Nessma TV…). Que nous réserve la dernière semaine de campagne ? Beaucoup de surprises sûrement.

S. M