Des spécialistes en épidémiologie, oncologie et gynécologie obstétrique ont insisté lundi à Oran sur l’impérative sensibilisation des femmes à l’importance du dépistage précoce du cancer du sein.
La sensibilisation en matière de prévention du cancer du sein en Algérie fait défaut, ont-ils fait observer lors d’une journée d’étude sur le thème « Parcours de soins en oncologie, cas du cancer du sein », organisée par l’équipe « Cancer et société » de l’Unité de recherche en sciences sociales et santé (GRAS) et le service d’épidémiologie de l’EHU « 1er novembre 1954 » d’Oran.
A ce titre, le Pr Nouri Midoun, chef de service d’épidémiologie à l’EHU d’Oran a indiqué que des progrès ont été enregistrés en matière de traitement du cancer du sein, mais pas en matière de prévention et de sensibilisation, soulignant que « plus de 80 % des femmes atteintes du cancer du sein arrivent à l’hôpital dans un stade plus en moins avancé, où même les traitements les plus révolutionnaires ne pourront rien faire ».
Le cancer du sein en Algérie, première cause de mortalité chez les femmes de plus de 40 ans, constitue « un vrai problème de santé publique pour lequel les différents plans et stratégies anti cancer mis en place n’ont pas montré leur efficacité, en raison du manque de sensibilisation », a souligné le Pr. Midoum, tout en faisant remarquer que le taux d’incidence est en augmentation constante.
Pour lui, la prévention et le dépistage précoce du cancer constituent les meilleurs moyens de lutte contre cette pathologie et peuvent être appuyés par des programmes adaptés en direction de la population.
Il a plaidé, au passage, pour l’organisation de plus en plus de campagnes de dépistage, ce qui permettra de détecter toute anomalie au stade pré-clinique.
De son côté, Dr Meguenni Lyes du service de gynécologie de l’EHU d’Oran a insisté sur l’importance du dépistage dans la lutte contre le cancer du sein, le qualifiant de « l’un des trois leviers de cette lutte pour diminuer significativement la mortalité liée à ce genre de cancer ».
« Cette lutte est axée sur trois volets : prévenir de la maladie, améliorer les soins curatifs et optimiser les stratégies », a-t-il dit.
La prévention et la prise en charge de cette maladie doivent être adaptées au pays et non copiées sur celles déjà existantes en Occident où les campagnes de mammographie visent plus particulièrement les femmes de plus de 50 ans. En Algérie, la maladie touche des femmes plus jeunes entre 35 et 49 ans, a-t-il précisé, avant d’ajouter que « le dépistage précoce est un test simple qui ne coûte pas cher et qui permet de détecter les tumeurs au stade pré-clinique et de toutes petites tailles et inéluctablement sauver des vies ».
Le dépistage précoce demeure le plus adéquat pour prévenir le cancer du sein, soit par une échographie pour les femmes ayant moins de 35 ans ou par mammographie chez les femmes de plus de 35 ans.
« Toutefois, il faut conjuguer les efforts de tous (médecins, autorités sanitaires et société civile) pour parvenir à sensibiliser au mieux la population par des campagnes médiatiques, des spots publicitaires dans les chaînes de télévision et les radios à des heures de grand suivi et, s’il le faut, faire du porte à porte pour inciter les femmes à se faire dépister », a exhorté Dr Meguenni.
Quelque 11.000 cas nouveaux de cancer du sein ont été recensés en Algérie en 2014, avec un taux de morbidité de 4.500 cas, a-t-on noté lors de cette journée d’étude.