En Algérie, 60 femmes sur 100.000 sont atteintes du cancer du sein
Les vraies causes demeurent encore inconnues en l’absence d’une étude complète.
Le cancer du sein qui représente la première cause de mortalité chez la gent féminine dans le monde, a une particularité unique dans le Monde arabe. Les femmes arabes sont atteintes de ce cancer dès leur jeune âge. Parmi tous les cas diagnostiqués, 30% sont détectés chez les femmes âgées entre 40 et 49 ans. C’est ce qu’ont affirmé, hier à Alger, les spécialistes arabes lors de la 3e rencontre internationale sur le cancer du sein organisée par la Société algérienne d’oncologie médicale (Saom) en collaboration avec l’Association des médecins arabes de lutte contre le cancer (Amaac). «Il est remarquable que le cancer du sein se déclenche chez la femme arabe dès un jeune âge», indique le professeur Kamel Bouzid, président de la société algérienne d’oncologie médicale. Il a avancé quelques chiffres effrayants, «35% des femmes arabes sont atteintes du cancer du sein, soit 20% de la totalité des cancéreux, hommes et femmes». En Algérie, 60 femmes sur 100.000 sont atteintes du cancer du sein. De ce fait, environ 9000 nouveaux cas sont enregistrés chaque année. Un taux très élevé en comparaison avec l’Europe où 100 femmes sur 100.000 sont atteintes de ce cancer et aux Etats-Unis, 120 femmes sur 100.000 sont attentes. Certes, le nombre des cas enregistrés aux USA ou en Europe est le double de celui des pays arabes, mais «la gravité réside dans le fait que cette maladie est plus agressive chez les jeunes femmes que chez celles âgées», expliquent les spécialistes. «Malheureusement, on n’arrive pas encore à déterminer les causes de cette situation même si 10% des cas sont d’origine génétique», regrette le Pr. Adda Bounedjar Mohamed, professeur en oncologie au centre anti-cancer de Blida et président du comité d’organisation de cette rencontre. Certains spécialistes disent que cela pourrait être dû à la composition de la population arabe dont 60% sont des jeunes. Pour d’autres, c’est l’arrêt de l’allaitement qui est derrière le déclenchement de ce cancer très tôt. Il y a ceux qui disent que la cause est dû au retardement du mariage, ou même à l’environnement. Peu importe les explications avancées, les vraies causes restent à déterminer le plus tôt possible pour mettre fin à cette souffrance humaine qui cause au moins 4 500 décès chaque année. Pour sa part, le Dr. Sami A.Khatib, secrétaire général de l’Arab Medical Association Against Cancer, Amaac, (Association arabe de lutte contre le cancer), a indiqué que «cette manifestation scientifique s’inscrit dans le cadre de la coopération et l’échange des expertises entre les pays arabes dans le domaine de la recherche médicale». Ainsi, il a affirmé qu’«une étude commune entre certains pays arabes sera lancée très prochainement justement pour bien déterminer les vraies causes de cette situation dans la région qui partage les mêmes particularités». Il a regretté le fait que «chez nous, le cancer signifie automatiquement la mort, aucune chance de vie» alors que c’est faux. Les études ont montré que les cas diagnostiqués dès le premier stade ont une chance de 90% de guérison définitive, alors que ceux diagnostiqués au 3e ou 4e stade ont seulement une chance de 20%. Le plus gros problème pour lui est le manque de médecins spécialisés dans ce domaine. Aussi, il ne sert à rien de former des spécialistes sans leur donner les moyens nécessaires. «Est-ce que les protocoles médicaux utilisés dans nos pays sont adéquats, n’est-il pas temps de les adapter?», s’interroge-t-il. Le Dr. Khatib a également évoqué le rôle primordial de la société civile en termes de sensibilisation tout en reconnaissant qu’on ne suit pas une stratégie dans nos campagnes de sensibilisation, ce qui fait que la majorité des cas sont diagnostiqués très tard.