Cancer: À Ain Defla des chiffres qui font peur !

Cancer: À Ain Defla des chiffres qui font peur !

Selon les chiffres officiels, le service d’oncologie opérationnel au niveau de l’hôpital Makour-Hamou de Aïn Defla, depuis le début de l’année 2016 avec 18 patients pris en charge, ce chiffre a atteint à la fin de la même année 119 malades traités à qui 573 séances de chimiothérapie avaient été dispensées.

A la fin de l’année 2015, le nombre enregistré de malades au niveau de la wilaya de Aïn Defla a atteint les 689 cas dont 43% chez les hommes et 57% chez les femmes.

Les organes les plus fréquemment atteints chez les hommes sont le sang (leucémie), l’estomac et en troisième position la prostate.

Chez les femmes, c’est le cancer du sein qui vient en tête de tous les cas de cancer dans une proportion de 34% suivi par les atteintes homéopathiques, l’appareil digestif et le col de l’utérus. Pour ce qui est des tranches d’âges affectées, chez les hommes comme chez les femmes, il s’agit des personnes du 3e âge, les plus de 75 ans chez les hommes et les plus de 65 ans chez les femmes.

On signalera que pour les interventions chirurgicales, en l’occurrence la mastectomie (interventions chirurgicales sur sein), elle se pratique par les chirurgiens Ouadia Nassim au niveau de l’EPH de Aïn-Defla et par le Dr Allali Radhia au niveau de l’hôpital Farès-Yahia de Miliana. Pour le traitement complémentaire, la radiothérapie, les patients s’orientent vers d’autres centres tels que Blida, Alger, Batna pour les hôpitaux publics ou vers des cliniques privées qui disposent d’un accélérateur de particules. Au niveau du service d’oncologie de l’hôpital Makour-Hamou de Aïn-Defla, l’équipe, qui est constituée par les Dr Aït Kaci Salima, Abada Mohammed, Abada Radja et Chaouchi Amine, enregistre entre 30 et 35 nouveaux cas par mois, ce qui a entraîné l’extension du service en le dotant de 4 fauteuils et à traiter des patients même le vendredi et le samedi. Le service est également approvisionné en produits pharmaceutiques et en consommables régulièrement.

Face à cet aspect de la gestion et de l’assistance médicale dispensé par le secteur public, il y a tout un champ dramatique où vivent les personnes atteintes par cette lourde pathologie, les personnes mais aussi les membres de leur famille, le stress incommensurable, la douleur, le manque de moyens matériels, le peu de solidarité et, surtout, la pauvreté et même la grande misère à laquelle sont confrontés ces patients dont beaucoup vivent dans le monde rural, souvent déshérité, dans des localités comme El-Maien, Bourous, Aïn-Adem, et autre M’khatria, pour ne citer que celles-ci. Dans ce champ douloureux où se conjuguent la maladie et une misère pour de très nombreux patients, une seule association d’aide et de soutien active, il s’agit de l’Association nationale El Fajr depuis l’installation de son bureau de wilaya, en avril 2014, bureau que préside Mme Meki, une dame retraitée du secteur de la santé où elle a exercé la fonction d’infirmière, pendant 40 ans.

A son actif, il y a les visites régulières qu’elle effectue aux malades pour leur apporter le soutien moral et matériel provenant de quelques dons, très limités eu égard aux besoins, dons de personnes qui font preuve de générosité et de solidarité.

Le bureau de l’association a enregistré au jour d’aujourd’hui 635 malades, tous vivant dans le monde rural et dans des zones déshéritées. La présidente nous cite quelques cas parmi tant d’autres, celui de cette famille qui, lors d’une visite, a trouvé la mère avec ses enfants qui, en guise de déjeuner, avaient du pain qu’ils trempaient dans une tisane.

C’est aussi le cas de cette famille de la localité de Aïn-Adem dans la daïra de Boumedfaâ où le père souffre d’un cancer du côlon, un fils qui a perdu la raison et qui est interné, une fille qui vient de décéder d’une tumeur au cerveau, la seule personne indemne est une jeune fille de 26 ans qui s’occupe de la famille. Elle nous cite aussi le cas de cette famille vivant dans le douar des Ouled-Bassa, dans la commune de Tachta (El-Abadia), où la mère souffre d’une atteinte au sein et dont le père âgé de 90 ans, grabataire, dort à l’extérieur de la chaumière.

Encore un autre cas, tout aussi dramatique, celui de cette famille de Tiberkanine dont le père est aveugle, un fils atteint d’une tumeur du côlon et quatre enfants souffrant d’anémie sévère, outre toutes ces douleurs, il y a lieu de signaler que la chaumière que la famille occupe se situe à proximité des carrières et est, donc, secouée presque au quotidien par les explosions des mines, générant ainsi des traumatismes. Mme Meki fait part également du cas de cette famille vivant dans le douar des Guetatfa, dans la commune de Djelida, à qui il faut parcourir 10 km de piste pour arriver au CW de wilaya n°10 reliant Djelida à Bordj-Emir-Khaled. La famille, qui compte cinq enfants dont la mère est atteinte d’un cancer du sein métastasé, vit dans une chaumière érigée dans le lit d’un oued. Et la liste des familles touchées et par la maladie et par la misère est longue.

Il faut reconnaître que ces situations n’ont pas laissé certains spécialistes indifférents. Certains s’associent à ce mouvement de solidarité. On nous a fait savoir que le Dr Zibouche qui, au niveau de son laboratoire, procède à des analyses à titre gracieux pour les démunis, ce que fait aussi le Dr Yahiaoui pour la scintigraphie, le Dr Touati pour les cytoponctions.

Le directeur de la DAS questionné à propos des situations que vivent ces familles, nous a indiqué que son secteur attribue une allocation forfaitaire de 3 000 DA mensuellement dans le but de permettre à ces malades de contracter une assurance auprès de la Cnas pour l’obtention de la carte Chifa, que le budget de wilaya prend en charge les produits pharmaceutiques que délivre une officine conventionnée conjointement avec la DAS et la Cnas et que la Direction de la santé prend en charge les soins proprement dits et même certains suivis médicaux (radios, analyses, scanners…)

Une initiative louable a été prise par l’APC de Sidi-Lakhdhar (daïra de Khemis-Miliana), nous signale-t-on, une initiative qui fait que la commune a pris en charge les nécessités de 30 malades résidant dans la commune. On espère que cet exemple de solidarité fera tache d’huile.

Cependant, ce qui manque le plus pour cette catégorie de patients, c’est un vaste mouvement de solidarité populaire surtout quand on sait que certains, se croyant à l’abri des malheurs, se livrent à des gaspillages monstrueux à l’exemple de ces deux jeunes qui sont entrés en compétition pour faire exploser le plus de feux d’artifice et que le gagnant du concours a dépensé pour cela une cinquantaine de millions de centimes en une nuit, du haut de sa terrasse. Par contre, dans certains cas, des malades ont aidé d’autres malades dans le besoin.

Ces familles, nous dit-on, ont besoin de soutien moral, ne serait-ce que des visites et quelques paroles, et pour les aides matérielles, les personnes généreuses peuvent donner directement aux concernés, l’association a établi la liste nominative de ces familles et leurs coordonnées.

Il s’agit là d’un mouvement de solidarité de tous en direction de ces personnes et leurs familles, un mouvement qui reste possible, sous forme de dons directs (vêtements, literie, couches, denrées alimentaires…) L’association, de par son caractère national, ne peut prétendre localement à une quelconque subvention de wilaya, selon la réglementation.

Karim O.