L’Algérie est donnée pour beaucoup comme favorite de cette CAN, après sa Coupe du monde réussie, n’y a-t-il pas trop d’attentes autours de l’équipe ?
Tout à fait. A mon sens, il y en a trop autour de l’équipe nationale. Ce n’est jamais juste d’attendre qu’une équipe gagne une compétition aussi difficile que la CAN. Vendredi, à Tunis, les supporters des Fennecs ont entouré le bus de l’équipe nationale et ont scandé le peuple veut la Coupe d’Afrique. Mais en même temps, cette pression fait partie du jeu quand on veut figurer parmi les plus grandes nations de football en Afrique. Ce sera la même chose pour la Cote d’Ivoire ou le Cameroun. Maintenant c’est aux joueurs de mettre de côté la pression des médias, de se préparer sereinement, et de se focaliser uniquement sur le terrain.
Pas évident quand on sait que les supporters des Fennecs sont réputés pour être parmi les plus fervents du continent…
La vérité se manifestera sur le terrain mais, personnellement, je pense qu’ils peuvent le faire. Le capitaine, Madjid Bougherra, qui va disputer sa 3e CAN, a souligné que les six derniers mois qu’a connu l’équipe ne signifieront absolument rien en Guinée Equatoriale. L’équipe va repartir de zéro et respecter tous ses adversaires.
Compte tenu de la difficulté du groupe C, un scénario comme celui de 2013 est-il possible ?
Bien sur que c’est possible, mais il y a des indicateurs qui montrent que cette fois-ci, ce devrait être diffèrent. Premièrement, les arrivées de Riyad Mahrez, Yacine Brahimi, Faouzi Ghoulam, Aissa Mandi, et Nabil Bentaleb ont apporté un plus à cette équipe. Des joueurs comme Islam Slimani et Hillal Soudani ont gagné en maturité, alors, sur le papier, l’Algérie a franchi un palier. Il y a avait aussi de la malchance en Afrique du Sud où l’équipe algérienne a dominé tous ses adversaires, mais n’a pas réussi à inscrire les buts.
Le nouveau système de Gourcuff avec son 4-4-2 a-t-il vraiment apporté un plus à l’équipe ?
Dans le football, il n’y a que les résultats qui comptent. Gourcuff le comprend, mais pour lui la meilleure façon d’obtenir des résultats est de le faire avec la manière, par le jeu. Les meilleurs systèmes tactiques utilisent les meilleurs joueurs dans la meilleure configuration. Les meilleurs joueurs algériens sont des joueurs à vocation offensifs, alors la philosophie offensive de Gourcuff convient à cette jeune équipe.
Dans l’équipe, il y a beaucoup d’attentes placées en Brahimi et Feghouli. Peuvent-ils à eux seuls porter l’équipe ?
Non. Il n’y a aucun joueur qui peut porter l’équipe tout seul. La force des Fennecs se trouve dans l’addition des qualités. Si Feghouli ou Brahimi se blesse, Gourcuff peut toujours les faire remplacer par des joueurs expérimentés en sélection comme Hillal Soudani ou Abdelmoumene Djabou. Mais si l’Algérie veut gagner la CAN, ses meilleurs atouts doivent être performants, et Sofiane Feghouli et Yacine Brahimi sont les meilleurs de cette équipe.
De l’autre côté de ces deux joueurs en forme, il y a le cas M’Bolhi qui n’a plus joué depuis plusieurs mois. Comment est-ce géré ?
M’Bolhi n’est pas compétitif puisque le championnat américain s’est terminé au mois de novembre. Cette situation n’est pas nouvelle pour Raïs, lui qui parfois se trouve sans compétition pendant des mois et des mois. La Fédération l’aide à gérer ce manque de compétition en demandant au coach des gardiens, Michel Boly, de travailler avec lui à Alger. Raïs a aussi travaillé avec Paulo Grilo, un entraîneur de gardiens portugais en qui il a confiance. C’est lui qui a insisté pour que Grilo l’accompagne à Philadelphie cet été. Sa forme est très importante pour l’Algérie parce qu’il est peut-être le seul joueur que j’estime irremplaçable dans le onze de départ.
Jusqu’où peut aller cette équipe ?
Rien n’est acquis en Afrique alors je n’aime pas faire des pronostiques. Ce qui est certain c’est que l’Algérie possède tous les moyens de faire une très bon CAN. Les facteurs extérieurs en dehors du terrain vont influencer le jeu. Le climat et la pelouse vont gêner l’équipe, mais ces joueurs ont fait leurs preuves dans les plus grands tournois et dans les plus grands clubs. Ils ont le talent et la mentalité pour les grands matches et peuvent faire mal en Guinée Equatoriale. Je suis prudemment optimiste pour les chances de gagner la CAN.
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