Issa Hayatou n’a pas cédé : le Comité Exécutif de la Confédération Africaine de Football (CAF) tenu dimanche à Alger l’a conforté dans sa décision de refuser toute idée de report de la Coupe d’Afrique des Nations.
Une source au sein du Comité exécutif, qui ne souhaite pas être citée, a indiqué que la décision de refuser la demande marocaine de reporter la CAN 2015, a été pleinement approuvée.
« Ce qui est en jeu est aussi bien la crédibilité de l’Afrique, de la CAF et ses intérêts bien compris », souligne-t-il.
La CAF, dont le président a engagé une vive polémique avec le patron de l’UEFA, Michel Platini, refuse de paraître un « parent pauvre » des Confédérations continentales de football.
Les membres de la Commission exécutive ont suivi le président Hayatou qui estime que la CAF a déjà fait une grande concession au plan internationale en acceptant de changer la périodicité de la compétition pour l’inscrire dans les années impaires.
« Concéder qu’en 2014, au troisième millénaire, qu’une maladie puisse justifier le report de la compétition phare de la CAF serait, selon Hayatou, une insulte à l’Afrique entière et, surtout, une aubaine pour les quelques voix qui persistent à dénigrer ses capacités organisationnelles » indique notre source.
L’Afrique a déjà « organisé haut la main une Coupe du monde et s’apprête à abriter pour la deuxième fois de suite la Coupe du monde des clubs » ne saurait, aux yeux du patron de la CAF, revenir aux « années du fonctionnement folklorique ».
La commission exécutive, indique notre source, a totalement soutenu la décision de Issa Hayatou de défendre coute que coute l’image de la « CAF et du continent ».
« Accepter le report à CAN l’été prochain, c’est aller dans le sens de ceux qui veulent, en Europe notamment, que la CAN se déroule à la fin des compétitions européens afin que les clubs ne soient pas pénalisés par l’absence en janvier de leurs joueurs africains ».
La CAF a toujours rejeté au « nom de sa souveraineté » à ce que l’Europe lui dicte le calendrier de ses compétitions. Une « souveraineté » que Issa Hayatou s’est fait fort de rappeler à Michel Platini dans un récent échange de communiqués.
« Il n’était pas question d’ouvrir une brèche pour les clubs européens » a indique le membre du comité exécutif en rappelant au passage que Copa América aura lieu du 11 juin au 4 juillet 2015 au Chili. Organiser la Coupe d’Afrique en été irait, a-t-il indiqué, à l’encontre du principe qui veut que deux compétitions continentales des nations ne peuvent se dérouler en même temps.
Le report à 2016 n’était pas acceptable non-plus dès lors que les éliminatoires pour la CAN-2017, l’édition suivante, auront déjà commencé à l’automne 2015.
La CAF a relevé aussi avec un certain agacement que le Maroc n’a pas formulé une demande similaire à la FIFA pour le report de la Coupe du monde des clubs. Le communiqué de la CAF l’évoque directement en relevant que « le Maroc, pays où aucun cas d’Ebola n’est recensé, accueille dans les prochaines semaines et quelques jours seulement avant la CAN Orange 2015, la Coupe du Monde des clubs de la FIFA au cours de laquelle figureront des participants d’un pays dans lequel un cas de maladie à virus Ebola a déjà été identifié (Espagne) ».
De gros enjeux financiers
Mais ce ne sont pas seulement des questions de principe qui ont joué dans la décision de rejeter le report. L’enjeu financier est important. Le merchandising entourant les compétitions organisées par la CAF, à la tête desquelles la Coupe d’Afrique des nations, constitue le principal revenu de la confédération africaine.
Des efforts ont été déployés ces dernières années afin de rendre la compétition phare attractive, y compris en recourant aux années impaires, et elle l’est devenue effectivement avec l’explosion des revenus des droits de télévision et le partenariat avec de grandes multinationales au premier rang desquelles l’opérateur français Orange.
Un report de la CAN 2015 engendrerait un grand manque à gagner puisque les contrats ont déjà été signés alors que des pénalités et des ponctions sont prévues en cas de changements de dates.
Les sponsors de la CAN-2015 et les diffuseurs détenteurs des droits ont mis au point leurs dispositifs en fonction de la période du 17 janvier au 8 février 2015 et ils ne sont pas près de tout chambouler sans frais, relève un spécialiste.