Fort, très fort, trop fort ! Le Nigeria a été irrésistible, hier, en demi-finale de la CAN-2013, face au Mali. Au vu de la facilité avec laquelle les Nigérians se projetaient par vagues successives vers le camp malien, il était clair qu’il aurait été très difficile de les contenir. Bien qu’ayant plutôt bien dominé le match en prenant le jeu à leur compte, les Maliens ont laissé trop de brèches en défense et c’était du pain béni pour des «fusées» comme Emenike, Moses ou Ideye qui ont multiplié les raids en première mi-temps. Rien d’étonnant à ce que le match soit plié en moins de vingt minutes. Echiejile a ouvert le bal d’une tête plongeante (25’), avant que Ideye n’enfonce le clou, cinq minutes plus tard (30’). Signe que même la chance a tourné le dos hier aux Maliens, en plus de leur méforme : un coup franc tiré par Emenike, qui allait sortir hors du cadre, a été détourné malencontreusement par Mohamed Sissoko dans ses propres filets (44’). Menés par trois buts d’écart à la mi-temps, les Maliens ont senti la fin de leur aventure, mais ont quand même voulu tout donner pour l’honneur durant la deuxième mi-temps, mais ces diables de Nigérians étaient intenables. Moses est sorti ? Son remplaçant, Musa Ahmed, est tout aussi intenable. D’ailleurs, c’est simple : il a inscrit le quatrième but (60’) et même un cinquième qui lui a été refusé pour hors-jeu. Le Mali, héroïque durant le tournoi dans un contexte interne difficile, a quand même sauvé l’honneur par Fanta Mady, à la 75’. Il a même essayé de rééditer un exploit réalisé en match d’ouverte de la CAN-2010 face à l’Angola (quatre buts remontés en moins de quinze minutes), mais les Nigérians étaient vraiment trop forts. Ces derniers se qualifient donc pour la finale qu’ils n’avaient plus atteinte depuis 2000.
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Keita : «Les Nigérians étaient meilleurs, tout simplement»
Que s’est-il passé pour que vous concédiez une défaite aussi lourde ?
Aujourd’hui, tout simplement, la meilleure équipe a gagné. C’est dommage pour nous, car nous pensions pouvoir rivaliser avec eux et gagner ce match. Durant les dix premières minutes, nous avions pas mal joué, mais les deux premiers buts du Nigeria inscrits en cinq minutes nous ont tués. Nous avons été déstabilisés. Avec une équipe jeune comme la nôtre, c’était compliqué de revenir au score.
Le manque de fraîcheur physique a-t-il influé sur votre rendement ?
Non, pas du tout. Les Nigérians ont joué leur quart de finale, un jour après nous, puis ils ont voyagé pour venir ici (à Durban, ndlr). Donc, nous n’avons pas eu un problème de fraîcheur physique.
Qu’est-ce qui n’a pas marché dans ce match ?
Ils ont été meilleurs que nous, tout simplement. Ils ont dominé l’ensemble du match, même si nous avons été pas mal durant les premières minutes, en ayant eu quelques occasions de but. Ils ont joué rapidement, avec une très grande maîtrise du jeu. Je pense que nous n’avons pas pu gérer ça. Non, il ne faut pas se trouver des excuses : aujourd’hui, ils ont été meilleurs que nous. C’est difficile pour nous, car nous avions envie de bien faire et gagner ce match pour notre pays. C’est difficile de faire une analyse juste après une défaite comme ça. Ce qui est sûr, c’est qu’ils ont été meilleurs que nous.
Ne pensez-vous pas qu’il y a eu trop de lacunes défensives durant ce match ?
Il y a eu des lacunes, surtout sur les deux premiers buts, car je pense que nous aurions pu les éviter, mais sur l’ensemble du match, quitte à me répéter, ils ont été meilleurs que nous.
Il y a la troisième place à jouer, samedi. Allez-vous vous donner à fond ?
Oui, c’est important de remporter cette troisième place. Perdre en demi-finale, c’est compliqué. Nous avons trois jours pour oublier ça. Nous jouerons la troisième place à fond, mais aujourd’hui, nous n’y pensons pas encore. C’est un sentiment de déception qui nous anime en ce moment. Peut-être que nous commencerons à y penser demain.
Vous êtes-vous rappelés, après le but que vous avez inscrit, le scénario de la CAN-2010 où vous aviez réussi à remonter quatre buts en match d’ouverture face à l’Angola ?
Le contexte est différent. Le Nigeria est une grande nation de football. Ses joueurs savent gérer une avance au score dans ces moments-là. Ce n’est pas comme l’Angola. Et puis, on ne peut pas remonter un score de 4-0 à tous les coups.
A présent, vous projetez-vous sur les éliminatoires de la Coupe du monde 2014 ?
Ces éliminatoires sont encore loin. Nous avons un match pour la troisième place de la CAN à disputer avant ça.
Lorsqu’on perd, comme le Mali, les demi-finales sur de gros scores, n’est-ce pas inconsciemment la preuve que les demi-finales sont un aboutissement pour les joueurs ?
Il faut bien analyser cette question-là. Elle est pertinente, car ce n’est pas la première fois que ça arrive. Je pense qu’on devrait en parler en interne. Aujourd’hui, nous n’avons pas été bons et c’est très difficile d’accepter.
Pensez-vous qu’il devrait y avoir des changements au sein du groupe de joueurs, notamment en défense ?
Je ne vois pas les choses sous cet angle. Quand nous gagnons, nous gagnons tous ensemble. Quand nous perdons, c’est ensemble aussi que nous perdons. Je ne veux pas personnaliser le problème, car ça m’amènerait à citer certains joueurs et je n’en ai pas envie. S’il y a des critiques à faire, c’est à l’adresse de toute l’équipe, de moi jusqu’au gardien de but. Il ne faut pas cibler uniquement certains joueurs.
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Carteron : «Nous avons raté notre match»
Un mot sur le match en lui-même ?
Le Nigeria a vraiment bien joué aujourd’hui. Nous devons faire le constat que nous avons raté notre match. C’est vraiment dommage pour les joueurs qui se sont donnés à fond. Je suis triste pour eux, mais arriver en demi-finale est déjà pas mal pour le peuple malien. Nous devons, à présent, finir le travail en essayant de remporter la troisième place samedi.
Concrètement, qu’est-ce qui n’a pas marché dans ce match ?
Tout simplement, l’adversaire était meilleur que nous.
Lors des précédentes rencontres de cette CAN, vous avez pu redresser la barre, après des débuts difficiles. Aujourd’hui, la pente était-elle trop raide à la mi-temps pour la remonter ?
Effectivement. Remonter trois buts, c’est quand même difficile. Nous avons peut-être eu en deuxième mi-temps plus d’occasions que durant toute la compétition, mais il n’y a pas eu d’efficacité. Pourtant, l’entame du match a été cette fois bonne et nous avons même eu la mainmise sur le milieu du terrain, mais nous avons peut-être eu trop confiance en laissant des espaces. Avec les joueurs offensifs que possède cette équipe nigériane, ça ne pardonne pas. Ils ont marqué sur deux décalages, puis il y a eu ce coup du sort sur le troisième but (ballon détourné dans ses filets par Mohamed Sissoko, ndlr). C’est comme ça.
Vous parlez beaucoup de vos joueurs. Pourquoi donc ?
Ma pensée, ce soir, va vers mes joueurs qui, je le sais profondément, voulaient vraiment tout donner pour l’image de leur pays, sachant que nous sommes partis de très loin il y a un mois de ça, avec la majorité des joueurs qui ne jouent pas dans leurs clubs. Les joueurs ont accepté de travailler très dur, afin d’être compétitifs et qu’ils puissent montrer le meilleur visage possible dans cette compétition. Nous avons atteint la demi-finale, mais c’est dommage de ne pas être allés jusqu’au bout. Il faut savoir reconnaître quand un adversaire est supérieur.
A présent, vous tournez-vous vers les éliminatoires de la Coupe du monde ?
Non, pas encore. Nous allons déjà finir la compétition puisque nous restons engagés jusqu’à samedi avec le match pour la troisième place. Nous aurons le temps, par la suite, de faire l’analyse de ce qui n’a pas marché et de ce qui devrait être fait.
Allez-vous reconduire les joueurs qui ne sont pas compétitifs au sein de leurs clubs ?
Je viens de répondre : on va terminer d’abord la compétition. Nous sommes encore dedans. Nous avons le match pour la troisième place. Une fois ce match joué, nous analyserons tout ça et préparerons le futur.
Vous restez sélectionneur du Mali ?
Je ne sais pas encore. J’en discuterai avec les dirigeants de la Fédération malienne de football.
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Moses : «Fiers du match que nous avons réalisé»
«Le match a été plus difficile que le score ne l’indique. Nous avons fait preuve, ce soir, d’une très grande rigueur tactique. Nous nous sommes appliqués afin de profiter des occasions qui se sont présentées à nous. Nous sommes fiers du match que nous avons réalisé, mais il faut à présent nous concentrer sur la finale qui nous attend dimanche. Arrivés à ce stade de la compétition, nous ferons tout pour remporter le trophée.»
Le Nigeria en finale, 13 ans après
Il a fallu attendre 13 ans, pour voir le Nigeria se retrouver en finale d’une Coupe d’Afrique des nations. En effet, la dernière finale à laquelle il a participé remonte à 2000. Il l’avait perdue aux tirs au but face au Cameroun.