CAN-2013 : les adversaires de l’Algérie Togo : «Nous n’y allons pas en victimes expiatoires»

CAN-2013 : les adversaires de l’Algérie Togo : «Nous n’y allons pas en victimes expiatoires»

Togo, 6 961 049 habitants, deux fois la taille du Maryland, situé sur la côte sud de l’Afrique occidentale bordant le Ghana à l’ouest, le Burkina Faso au nord, et le Bénin à l’est. Le littoral du golfe de Guinée, seulement 32 km de long (51 km), le seul port est à Lomé. Absent de l’édition 2012, la sélection nationale du Togo prendra part, cette année, à la Coupe d’Afrique des nations 2013 qui se tiendra en Afrique du Sud. Elle affrontera l’Algérie le 26 janvier prochain (18h GMT). Il y sera après avoir battu le Gabon en éliminatoires retour (2-1, aller : 1-1).

L’histoire nous renseigne sur le parcours de cette équipe nationale dont son premier match officiel a été joué à domicile contre le Ghana, le 13 octobre 1956 qui se solda par un score de parité (1-1).

Le match fut joué alors que le pays n’était pas encore indépendant vis-à-vis de la France (27 avril 1960, date de l’indépendance). De 1972 à 1996, le Togo ne participe qu’à deux CAN (1972 et 1984). Sa plus sale défaite fut enregistrée à Casablanca le 28 octobre 1979, contre le Maroc par un score sans appel de 7 buts à 0, puis éliminé au deuxième tour par le Niger.

A la CAN-1984, il ne prit qu’un point contre l’Egypte, et marqua un seul but contre le Cameroun (1-4, but de Moutairou Rafiou), alors qu’en 1990, il déclara forfait.

En éliminatoires de Coupe du monde (1986 et 1994), il fut éliminé au deuxième tour terminant dernier derrière le Zimbabwe, l’Angola et l’Egypte. En éliminatoires de la CAN-1998, il termine dernier, alors qu’en CAN- 2004, il se positionne deuxième du groupe composé de la Mauritanie, du Cap-Vert et du Kenya, mais il n’est pas classé dans les deux meilleurs seconds, donc ne passe pas.

En CAN-2006, contre le Cameroun, la RD Congo et l’Angola, il perd ses trois matchs, ne marquant que deux buts par l’intermédiaire de Mohamed Abdel Kader Coubadja Touré et de Mamam Cherif Touré contre l’Angola (2-3). La Coupe d’Afrique 2010 fut tragique.

Le vendredi 8 janvier 2010, alors que l’équipe se rend en Angola, son bus est mitraillé à la frontière angolaise par des rebelles de l’enclave de Cabinda. Bilan : deux personnes de la délégation togolaise à bord du bus furent tuées par balle.

Le 30 janvier, le président de la Confédération africaine (CAF), Issa Hayatou déclare qu’en raison d’«interférences gouvernementales » ayant abouti au retrait de l’équipe togolaise de la CAN- 2010, le Togo est suspendu pour les deux prochaines Coupes d’Afrique des nations avec une amende de 50 000$ pour avoir été victime d’un attentat dans le pays organisateur de la CAN-2010. Avril 2010, Emmanuel Adebayor, choqué par l’attentat, annonce sa retraite internationale.

Mais en 2010, le Comité exécutif de la CAF décide de lever les sanctions qui interdisaient au Togo de disputer les deux prochaines CAN (Coupe d’Afrique des nations). Aujourd’hui, l’équipe va rentrer en scène dans deux semaines.

Elle est en Afrique du Sud depuis le 5 janvier dernier, avec dans leurs valises, 18 sponsors et un slogan qui fait bouger toute la nation togolaise à savoir : «Avec les Eperviers, gagnants les sommets». Un beau slogan mobilisateur.

Mieux encore, pour marquer le soutien des Togolais, plusieurs comités ont été constitués au lendemain de leur qualification, dont le plus important est le comité ad hoc chargé de supervision, du contrôle, du suivi et de la mobilisation des fonds. Pour le milieu de terrain Lorient Alaixys Romao, lui qui était de ceux qui menaçaient de boycotter la CAN- 2013 «le Togo ne connaîtra aucune pression, nous irons avec une force inouïe, celle de faire honneur au peuple et au football africain.

Nous n’avons rien à perdre dans cette poule. Nous ne redoutons aucune équipe. Nous n’y allons pas en victimes expiatoires, car nous n’avons pas fait tous ces efforts pour rien. Nous donnerons le meilleur de nous-mêmes pour aller le plus loin possible. Le plus important sera le premier match face à la Côte d’Ivoire. Malgré les attentes de nos supporters, si on ne se qualifie pas, on admettra que c’est normal.

La pression n’est pas sur nous.» Et d’ailleurs, il inaugure la nouvelle année par un superbe but lors du championnat anglais donnant ainsi à son club Tottenham Hotspur une victoire en inscrivant le deuxième but (3-1). Par ailleurs, Alaixys Romao du club Lorient en France a été élu meilleur joueur togolais évoluant à l’étranger saison 2011-2012 lors de la 8e édition des cérémonies de récompense.

Ils se sont rendus samedi 5 janvier à Niamey pour affronter le Niger dans le cadre des préparatifs de la Coupe d’Afrique des nations (défaite 3-1). Il faut aussi retenir que le milieu offensif du CA Batna, Mani Sapol, a été sélectionné par Didier Six dans la liste finale des joueurs. Joint par un média togolais, le joueur batnéen est convaincu que le Togo aura son mot à dire dans ce tournoi, et ce, malgré les problèmes que vit la sélection actuellement.

Enfin, il y a le cas d’Adebayor qui sera en Afrique du Sud. Il a tenu à mettre les choses au claire. Ainsi, il dira dans un entretien accordé au Sun Sunday, un hebdomadaire britannique, que son refus de disputer la CAN-2013 avec le Togo n’a rien à avoir avec l’affaire des primes non réglées du match amical contre le Maroc en novembre dernier.

Extraits : «Quand j’entends les gens parler d’un refus à cause des primes, j’en rigole. Je n’ai pas besoin de ces primes, c’est juste 1 000 livres par match. Je ne refuserai jamais de jouer pour mon pays pour de l’argent. La plupart du temps quand je rentre en sélection, mes billets d’avion ne sont pas réglés mais je ne dis rien parce que ce n’est pas un problème pour moi. Tout est une question de manque d’organisation. J’étais dans le bus en Angola quand des personnes sont mortes devant moi.

Je les tenais dans mes bras. Même le gouvernement n’arrivait pas à payer les traitements des survivants, ce n’est pas juste. J’ai dit que sans une bonne organisation, je n’irai pas à la CAN et alors que nous nous sommes qualifiés, rien n’a changé. Imaginez qu’on nous ne réserve même pas parfois les hôtels quand on doit jouer.

Ou bien on réserve seulement 10 chambres pour toute la délégation. On paie souvent les extras mais il faut que tout cela change». Aujourd’hui, les choses sont réglées. Il sera en Afrique du Sud pour se mettre à table.

H. Hichem