Halilhodzic : « Juste un mot : la honte »

Halilhodzic : « Juste un mot : la honte »
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L’Algérie éliminée dès le premier tour de la CAN après sa deuxième défaite en deux matches, samedi contre le Togo (2-0), son sélectionneur Vahid Halilhodzic a avoué sa « honte » tout en soulignant que certains de ses joueurs n’étaient pas « au niveau ».

Q: Quel est votre première réaction ?



R: « Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? Juste un mot: la honte. On

s’est vu très beaux, on a créé une équipe venue là pour gagner. J’avais dit

que cette équipe avait un avenir, et on s’est cassé le gueule. Les Togolais

ont passé deux fois la ligne médiane et marqué deux buts… C’est difficile de

faire l’analyse, certainement qu’il faut faire un profond mea culpa. Je ne

peux accuser personne, c’est moi qui ai choisi les joueurs. Quand on a autant

de possibilités de marquer, à ce niveau on doit faire mieux. On a vu un joueur

(Adebayor) qui a fait la différence sur sa seule action, ça c’est un grand

joueur, on est encore loin de ça. J’assume tous mes choix, les gars qui sont

là se sont comportés fièrement, je n’accuse personne mais il faut réfléchir

sur pas mal de choses dans le foot algérien, avec ou sans Vahid. J’ai beaucoup

d’attachement avec cette équipe et ces joueurs ».

Q: L’Algérie pouvait jouer des heures sans marquer…

R: « A un moment donné, c’est cette impression que j’ai eue, avec autant de

tirs, de malchance, d’occasions… Les joueurs sont très fâchés contre

l’arbitrage, pour eux il y a deux penalties évidents. Avec autant de

domination, ça veut dire qu’on n’a pas encore le niveau. C’est la première

fois de ma vie que je perds deux matches consécutifs. Est-ce que les joueurs

ont le niveau pour jouer à ce niveau de pression ? Les journaux parlaient de

demi-finale, et j’ai vu certains gars dans cette démarche. J’ai vu un manque

de confiance dans le dernier pas. On vit un moment très délicat, très

douloureux, on est tous abattus. Je ressens une profonde honte ».

Q: Est-ce tout simplement de la malchance ?

R: « Il y a quelque temps, j’étais moi aussi attaquant. La malchance peut

arriver, mais sur deux matches c’est un peu trop. Ces joueurs étaient très

efficaces pendant les qualifications, c’est normal de leur faire confiance.

J’ai vu le manque d’expérience, de lucidité. Marquer est le plus difficile,

mais il manque ce niveau, et ils ne l’ont pas encore. On a joué un football

très flamboyant pendant les qualifications, et aujourd’hui c’est le désastre

total, je suis navré pour eux ».

Q: Avez-vous un avenir à la tête de cette équipe ?

R: « Ce n’est pas le moment. C’est le plus petit problème, et il n’y a aucun

problème, on verra. D’abord il faut analyser comment on peut jouer comme ça

sans marquer. Ne vous inquiétez pas pour mon avenir, on verra prochainement ».

Q: Vu la déception des supporteurs, avez-vous envie de continuer à la tête

de la sélection?

R: « Je n’ai rien caché depuis presque vingt mois, je sais comment ça se

passe dans le foot. Hier, j’étais très apprécié par le public et même les

journalistes. Les gens sont très mécontents, ils ont fait 10.000 km pour voir

ça, bien sûr qu’ils sont très déçus. Si les gens sont fâchés, c’est tout à

fait normal. Cette équipe était remontée très haut dans votre opinion, vous

avez pensé qu’elle allait gagner, on voit qu’elle a encore pas mal de

faiblesses. Elle n’a pas assez grandi. Est-ce que comme entraîneur je suis

trop gourmand, est-ce que cette équipe est capable de jouer vers l’avant ? Si

je mets neuf défenseurs et un attaquant, le résultat ne sera pas le même mais

0-0. Je prépare un football un peu différent, un peu plus risqué. J’ai vu deux

buts en contre-attaque, on a passé 80 minutes dans leurs seize mètres mais on

n’a pas marqué ».