Armand Koussougbo, habitant de Poitiers et militant pour la démocratie au Togo, s’interroge sur les causes de l’attaque à la mitraillette qui a visé l’équipe togolaise de football le 08 janvier dans l’enclave de Cabinda en Angola et qui a causé deux morts.
Pour lui, cela traduit le dysfonctionnement des institutions depuis la prise du pouvoir en 2005 par le fils du Général Eyadéma.
e 08 janvier dernier, alors que la délégation togolaise se rendait en Angola pour participer à la phase finale de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN), elle a été victime d’une attaque lâche et barbare dans la province séparatiste angolaise de Cabinda.
Cette énième mésaventure de l’équipe du Togo interpelle et donne l’occasion de faire un rappel rapide de l’histoire récente de ce pays. Il vous souvient en effet que le 5 février 2005, suite au décès du Président Gnassingbé Eyadema qui a régné d’une main de fer pendant 38 ans sur le Togo, les forces démocratiques de ce pays ont unanimement condamné le coup de force perpétré par l’armée qui « a décidé de confier le pouvoir » à Faure Gnassingbé, fils du défunt président au mépris des dispositions constitutionnelles.
Malgré l’appel au secours des partisans du changement et la démission du ministre de l’intérieur d’alors, qui estimait que les conditions n’étaient pas remplies pour organiser des élections transparentes et acceptables par tous au Togo, les chefs d’Etat de la sous-région ouest-africaine soutenus par le gouvernement français ont installé Faure Gnassingbé à la présidence de la République, après une parodie d’élection ayant fait plus de 500 morts et des milliers de réfugiés (selon un rapport de l’ONU), et dont les images ont parcouru le monde entier.
Depuis ce hold-up électoral qui a permis l’arrivée du fils du général défunt à la présidence de la République du Togo, on assiste à une démission dans la gouvernance du pays, à un dysfonctionnement des institutions en général et des instances du football en particulier.
POURQUOI UN TRANSPORT EN BUS ?
Au-delà de l’émoi suscité par cette attaque intolérable, il conviendrait de se poser un certain nombre de questions dont les réponses permettent de prendre conscience du drame que vit au quotidien le peuple togolais :
Pourquoi la délégation togolaise est la seule à n’avoir pas prévenu les organisateurs de la CAN de leur arrivée par voie terrestre et à n’avoir pas respecté les règlements de la CAF (Confédération Africaine de Football) qui précisent clairement que « les équipes ne doivent se déplacer qu’en avion » ?
Le choix du transport en bus dans une zone en guerre, au détriment de la sécurité de la délégation togolaise, a-t-il été dicté par un souci d’économie (!), ou est-il symptomatique des conflits de leadership interne qui déchirent la Fédération Togolaise de Football depuis quelques années, alors que les autres délégations comme celle de la Côte d’ivoire ont fait le même trajet en avion ?
Cette récente tragédie n’est pas sans rappeler plusieurs autres incidents peu glorieux qu’a connus la Fédération Togolaise de Football dans un passé récent, notamment :
Les difficultés de paiement de primes aux joueurs togolais pendant la coupe du monde 2006 en Allemagne, alors que les organisateurs et les sponsors ont versé des fonds à la fédération togolaise de football.
Le crash de l’hélicoptère de la délégation togolaise de football en Sierra Léone le 4 juin 2007 dans lequel une vingtaine de personnes dont le ministre des sports ont trouvé la mort
« MONARCHIE HÉRÉDITAIRE »
Ces différentes mésaventures de l’équipe togolaise de football illustrent bien la façon dont fonctionnent les institutions de ce pays et traduisent la volonté de ses autorités de fait qui sont plus intéressées par le pillage et la gestion mafieuse des ressources du pays que par son rayonnement ou le bien être du peuple.
La preuve en est qu’à l’heure actuelle, alors que les élections présidentielles doivent avoir lieu en février 2010, les forces démocratiques de ce pays continuent de lutter contre le pouvoir en place pour obtenir de meilleures conditions d’organisation des élections, notamment un scrutin à deux tours.
Malgré la détresse de ce peuple et ses nombreux cris d’alarme, la communauté internationale continue à traiter avec complaisance le régime togolais alors que des massacres se profilent encore à l’horizon, comme en 2005.
Pour que les mêmes causes ne produisent plus les mêmes effets, nous souhaitons que le drame qui vient de frapper le peuple togolais à travers sa sélection nationale à la CAN incitent les pays amis du Togo, les médias et les organisations internationales de défense des droits de l’homme à s’intéresser davantage au sort du peuple togolais, afin d’aider celui-ci à mettre fin à la monarchie héréditaire des Gnassingbé qui règne depuis plus d’une quarantaine d’années sur ce pays.