Les pouvoirs publics ont décidé de «mettre de l’ordre dans les espaces publics», envahis par le commerce informel. L’opération, qui a touché jusque-là les grandes agglomérations et autres grandes villes, a vu la mobilisation de plusieurs agents de l’ordre public.
L’opération entamée depuis quelques jours se poursuivra «jusqu’à l’atteinte des objectifs assignés à savoir, l’assainissement de la capitale des marchés informels pour préserver la quiétude des citoyens». Selon un communiqué de la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) et portant la signature du premier responsable de la direction de la communication, «l’opération se déroule dans les meilleures conditions sans l’enregistrement d’aucun incident». Selon la même source, l’opération a été entamée tôt dans la matinée et a touché la circonscription administrative d’Hussein-Dey, particulièrement le quartier populaire de Belouizdad. Selon d’autres sources, l’opération en question touchera aussi plusieurs autres quartiers de la capitale. A ce titre, on cite notamment les marchés informels situés à Bachdjarah, aux Eucalyptus et sur les hauteurs d’Alger. D’ailleurs, on indique que cette première opération s’est déjà soldée par le démantèlement de plus de 500 commerces informels. Selon des sources oculaires, sur les routes menant vers Ouled Fayet, Tipasa, Zéralda, Chéraga, Dely-Brahim, Beni-Messous, Draria et autres Kheraïcia et Baba Hassan, les policiers et les gendarmes ont procédé à l’évacuation de plusieurs pseudo-commerçants qui occupaient la chaussée et les alentours des cités. L’opération intitulée «Le grand plan de nettoyage d’Alger», devrait être exécutée juste après la célébration de la fête de l’Aïd El-Fitr. Mais elle a été reportée d’une semaine afin de permettre aux concernés de prendre leurs dispositions. Dans certains quartiers les opérations visant à éradiquer le marché informel ont tout simplement échoué, alors que dans d’autres quartiers elles ont connu un succès total. Ce plan mis en exécution date de plusieurs années. Il a fait suite aux multiples rapports et autres constats faits par les différents intervenants quant aux conséquences de cette activité illégale. Ainsi, il est important de noter que l’économie informelle, qui est devenue une «véritable plaie» pour l’économie algérienne, engendre un manque à gagner à l’Etat au plan de la fiscalité d’environ 3 milliards de dollars. Alors que la sphère entière du marché informel fait tourner une masse monétaire de plus de 13 milliards de dollars. Les chiffres révélés par plusieurs experts font ressortir que le commerce informel contrôle 65% des segments de première nécessité, à savoir les fruits et légumes, les poissons, les viandes blanche et rouge. Selon la même source, les 70% d’Algériens qui perçoivent un salaire de 30 000 dinars consacrent 80% de leur revenu au niveau de la sphère informelle du textile. Citant l’Office national des statistiques (ONS), il a été relevé que plus 50% de la population active est dans l’économie informelle. L’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) estime pour sa part que l’économie informelle coûte 400 milliards de dinars (environ 4 milliards de dollars) au Trésor public algérien, soit plus que le double de l’estimation officielle annoncée par le ministre du Commerce Mustapha Benbada, à savoir un coût de 155 milliards de dinars. Pour l’UGCAA, l’économie informelle plus connue sous le nom de «marché noir» serait développée et entretenue par des «lobbies très puissants».
A. B.