Le quotidien francophone « El Watan » rapporte qu’une campagne pour « inciter les femmes à mettre le voile » a fait irruption dans l’enceinte de l’École Normale Supérieure de Bouzaréah.
« Des affiches partout, à perte de vue, tapissent les murs de l’école, à partir de l’entrée jusqu’au coin le plus reculé, appelant les filles à porter le hidjab. Cette campagne d’affichage met en avant des appels insistants à se vêtir du voile, et ce, à coup de sourates, de hadiths et de mots à forte connotation religieuses.
La campagne s’appuie sur des images de femmes connus portant le voile, comme celle d’une policière britannique ou une autre montrant Emine Erdogan, l’épouse du président turc, avec son voile à la turque.
Petit florilège des phrases utilisées pour retenir l’attention des passant(e)s :
«Ma sœur : le hidjab ne voile pas que tes cheveux, il voile aussi ton honneur», ou encore une autre affiche exhortant les jeunes étudiantes à se voiler «pour satisfaire Dieu et non pour satisfaire ses créatures». «Aie pitié de tes frères, ne les expose pas à la fitna».
Par ailleurs, les femmes voilées sont elles aussi concernées par ces affiches conçues pour « corriger leur façon de porter le hidjeb », comme le rappelle l’article « Dans le lot, des affiches sont placardées annonçant une «campagne de correction du voile» (hamlet tass’hih el hidjab) que l’on lance au grand jour. «El hidjab n’est pas seulement se couvrir la tête, mais c’est des habits larges qui ne décrivent pas et ne montrent pas», s’évertue-t-on à expliquer. »
D’un plus grand format pour mieux accrocher et «recruter», une affiche manuscrite, sur laquelle un dessin grossi d’une fille voilée et au large habit noir, propose aux étudiantes de l’ENS des «fleurs». L’approche est faussement galante. La première «fleur» n’est autre qu’un avertissement qui se cache derrière un «rappel» : «Rappelle-toi que ton Dieu a pitié pour ceux qui la demandent, pardonne à ceux qui se repentissent et accepte ceux qui reviennent» au droit chemin.
La quatrième «fleur» demande à l’étudiante, dans un arabe toujours classique, d’être «optimiste, Dieu est avec toi, les anges demandent pardon pour toi, et le paradis t’attend». L’affiche-prêcheuse «offre» un bouquet de neuf «fleurs».
Le quotidien précise que ce n’est pas la première fois qu’une offensive pareil est lancé au sein de l’ENS « Cette offensive n’est pas la première du genre, puisque à en croire des enseignants et des étudiants, un affichage similaire a déjà inondé l’ENS dans un passé récent. «C’est toujours à cette même période», nous confie, franchement, une enseignante qui se montre outrée et impuissante, comme sûrement beaucoup de ses collègues et d’étudiants. ».