Campagne pour Bouteflika, Sellal passe la… “quatrième vitesse”

Campagne pour Bouteflika, Sellal passe la… “quatrième vitesse”

“Aujourd’hui, nous ne sommes plus au stade du crabotage. Nous avons déjà passé la première, la deuxième et la troisième. Désormais, nous allons passer la quatrième vitesse et tant pis pour celui qui rate de nous suivre”, a martelé le Premier ministre.

Si la campagne électorale est prévue à partir du 23 mars, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et néanmoins président de la commission de préparation de l’élection présidentielle du 17 avril, ne s’embarrasse guère pour lancer, et de manière la plus officielle, sa campagne pour Bouteflika avant terme. Sinon, comment expliquer (sa) “main tendue”, y compris aux récalcitrants terroristes islamistes, mise en avant durant ces deux dernières visites officielles intervenant quelques jours après l’annonce, par lui-même, de la candidature de son président sortant ? À Illizi, où il s’est rendu jeudi dernier, le Premier ministre a dosé davantage son discours électoraliste pour courtiser un large éventail de couches sociales.

Des jeunes chômeurs du Sud aux terroristes, en passant par les “séparatistes” et les “minorités”, Sellal a tenté de convaincre que l’État que dirige Bouteflika, s’apprêtant à passer la “quatrième vitesse”, ne voudrait laisser personne attendre sur le quai. “Aujourd’hui, nous ne sommes plus au stade de passer au crabotage. Nous avons déjà passé la première, la deuxième et la troisième. Désormais, nous allons passer la quatrième vitesse et tant pis pour celui qui rate de nous suivre”, a martelé Sellal, fidèle à ce qui lui tient lieu d’humour, arrachant les applaudissements nourris des représentants de la “société civile”, tous acquis pour l’option du… quatrième mandat. Quatrième vitesse pour un quatrième mandat. L’allusion est claire et, désormais, elle interdit au Premier ministre de dire qu’il n’est pas en campagne. Sellal n’a pas manqué de s’adresser aussi aux terroristes qui refusent toujours de déposer les armes dans le Sud algérien. “Nous avons déjà pardonné à des tueurs, nous les avons accueillis et leur avons même donné une prime de reddition. Que voulez-vous qu’on fasse de plus ? Aujourd’hui, encore une fois, ceux qui veulent nous suivre n’ont plus qu’à se rendre. Mais, attention ! Il faut qu’ils sachent que nous refusons de revivre la tragédie qu’a connue le pays durant les années 90. Qu’ils sachent que nous avons une Armée forte et que nous n’avons peur de rien ni de personne !” a averti Sellal, pour qui la sécurité du pays est la clé du développement et de la prospérité. “Nous sommes conscients des dangers qui nous guettent ; nous savons que nous évoluons dans un océan d’insécurité et que l’Algérie est un ilot au milieu de cet océan. Mais nous restons vigilants et déterminés à lutter pour préserver et renforcer la sécurité de notre pays”, a ajouté le Premier ministre dans ses propos allusifs à la crise sécuritaire qui affecte la vaste région du Sahel. Dans sa réponse à certains intervenants, toujours lors de sa rencontre avec la société civile, qui réclamaient la libération de certains prisonniers accusés de terrorisme, M. Sellal a, dans la foulée, promis de saisir le président de la République sur ce dossier précis.

Sur un autre plan, le Premier ministre, qui est pressenti pour être, encore une fois, le directeur de campagne de Bouteflika, a, par ailleurs, joué sur le principe de l’unité nationale pour préserver la stabilité du pays. “En Algérie, il n’existe pas de problème Nord-Sud, encore moins Est-Ouest. Attention ! Ceux qui vous disent que l’Algérie est divisée veulent semer la zizanie parmi le peuple algérien. Dans notre pays, il n’y a pas de minorité ; nous avons un seul peuple et une seule pensée (…).” Sellal a longuement tardé sur ce sujet, avant de passer aux problèmes des jeunes et des chômeurs du Sud qu’il a tenté de rassurer sur “l’attention particulière” que porterait le président Bouteflika en personne pour cette région. “Vous savez bien que le Fonds spécial pour le Sud n’a pas été l’œuvre de… Sidna Nouh, mais elle est bien sûr celle de Bouteflika”, a ironisé Sellal, tout en invitant les jeunes de la région à “profiter” des mécanismes de l’emploi engagés par l’État, en particulier l’Ansej… “Aidez-nous à vous aider”, répétera, presque à chaque passage, Sellal. L’allusion est claire !

F. A